Algérie

Nassim El Andalous El Wahrania: l'art et la manière



Après la première soirée du mardi 26/6réservée exceptionnellement aux groupes professionnels, à savoir Hadj Ghaffour,Dib Layachi, en même temps membre du jury, et Rym Hakiki, la soirée de mercredia vu la participation de trois ensembles: El Amal de Sougueur, El Fen Wal Adabde Blida et la prestigieuse association d'Oran, Nassim El Andalous. L'ensemblede Sougueur s'est appliqué et a chanté un hawzi très apprécié «Djani fil manamya sidi» (la bien-aimée en rêve ya sidi). L'association de Blida a bienreprésenté l'école de feu Dahmane Benachour grâce à ses jeunes talents, desjeunes filles qui malgré le trac ont interprété plusieurs hawzi: Yamandrabaaïni nchouf al mahboub, Fat chaââ el gamra du poète Bensahla, Youm altninechafat aïni du poète Mendassi. Le synthétiseur n'est pas conseillé pour lehawzi où les poèmes sont romantiques (nature, bien-aimée, élégies pour pleureralmahbouba disparue...), mais ce jeune orchestre a beaucoup d'avenir dansl'enrichissement du patrimoine.  Ilétait déjà minuit lorsque l'ensemble de Nassim El Andalous dans une tenuetraditionnelle de feu Hadj Cheikh Larbi Bensari (El Makfoula plus le turban)descendit du jardin public vers la plate-forme du Grand Bassin. Côté cour. Côtéjardin, l'ensemble drivé par Belkacem Ghoul au violon interpréta deux hawzi:Zark el djenhane et Tal addar allaya entrecoupé par des istikhbar limpides deBenabadji. On peut noter dans cet orchestre la synchronisation parfaite entrele chant en choeur et la maîtrise des instruments traditionnels: kamandja (elkamal djâ), el oûd (luth) et la kouitra (mandoline traditionnelle). Les you-youqui ont sanctionné cette prestation des Oranais est une «preuve» intangible quel'ensemble cher au docteur Amine Dali Youcef, son président, est une fiertépour l'Algérie qui a su conserver ce patrimoine où l'andalou, le hawzi, learoubi et le gherbi s'entremêlent pour donner un cachet particulier à cet artancestral. L'ambiance au Grand Bassin devenu grand jardin féerique avec jetsd'eau et lumière draine des centaines de familles qui ne sortent que rarementde leurs foyers. Tout y est: sécurité (stationnement sécurisé du côté de lafaculté de médecine en face du Grand Bassin), crémerie à l'intérieur du GrandBassin et tout autour dans l'ancienne allée des marronniers (qui ont disparu!), des ensembles venus des quatres coins du pays avec un programme riche etvarié. La troisième journée a prévu une table ronde sur le hawzi après ladéfection de Cheikh Kamel Malti qui devait faire une conférence intitulée«Problématique de la musique du hazwi». Cheikh Malti est en même temps membredu jury de ce festival. En soirée, l'association El Moutribia de Biskra qui avu le jour en 1978 a interprété Alkalb bet sali wal khatar farah (le coeur apassé la nuit pleine de joie et l'âme en repos) avec un khlass Raml El Maya,une oasis enchantant le cadre merveilleux de Sahridj Mbeda (d'après la légende,la princesse Zoubida a été noyée dans ce bassin par Baba Aroudj qui mit fin àla dynastie des Zianides). Luisuccéda Djamiat Al Gharnatia d'El Koléa (wilaya de Tipaza) avec un petit retardpour raison médicale. Une des élèves s'est sentie mal mais finalement c'étaitle trac ! Fidèle ensemble qui a participé régulièrement à tous les festivals demusique andalouse depuis 1974.  Mise sur orbite en mars 1972 par feu Mahieddine Bellouti, AlGharnatia est devenue une véritable école qui a joué devant la reine ElizabethII d'Angleterre lors de sa visite en Algérie en 1983. Un ensemble artistiquequi a interprété avec doigté et dextérité Bachraf chat arbane comme prélude,avant d'entamer les chants hawzi: Bkay baslama (adieu), Yakalbi nad'îk Lachraâ(ô mon coeur je te traduis en justice !), Fnit wach assabarni, pour termineravec un khlass Nar el bin. Pour clôturer cette 3ème journée du festival, les mélomanes ontapprécié la classe et la dextérité de l'orchestre Ahbab Cheikh Larbi Bensarimené par le virtuose du violon Benkalfat Faouzi. Cet ensemble, véritable écolede musique andalouse, a été créé en 1987 et a présenté son répertoire trèsriche à travers le pays et le monde entier. Son président, professeur MokhtarBenkalfat qui a lancé le service de chirurgie au CHU Tlemcen, a toujours ditmodestement: «Je ne peux me passer de l'andalou et du hawzi, c'est une musiqueanti-stress !».  Lesmorceaux exécutés par cet ensemble qui respecte à la lettre le legs de CheikhLarbi Bensari ont embaumé l'ambiance andalouse du Hawd El Kebir grâce à unprogramme riche et varié. Après une touchia (prélude musical Chamba-Sika),l'ensemble cher au docteur Yadi, l'un des fondateurs anonymes, a interprété lehawzi: Yaraïssat al malah / Dawini baaïnik nabra / Ya aïnin al ghazal / CharâAllah khaf min dounoubi / Anâmni bil wissal (Ô la plus belle des belles /Guéris-moi avec tes yeux afin de me soigner / Ô yeux de gazelle / J'implore leBon Dieu, aie peur de mes pêchés / Fais-moi l'honneur de me rencontrer). Cette longue qacida fut entrecoupée par des hawfis lancés par unefille membre de l'orchestre qui a démontré que la présence féminine dans lesorchestres traditionnels est «un don du ciel». Avec cette panoplie de chantshawzi ou aroubi, la tâche ne sera pas aisée pour le jury pour faire un classement.


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