Algérie

Nassim Belouar. Etudiant en master 2 à l'université de Lille : «Les réseaux sociaux ont démocratisé la parole»


Si la génération Y est la génération d'internet, la génération Z (née à partir de 1995) est celle des smartphones et des réseaux sociaux. Un manifestant a très bien décrit cette dernière par une génération qui connaît très bien le système, mais que le système ne connaît pas. Les jeunes ont leur propre langage, leurs réseaux sociaux (Snapchat, Instagram et TikToc) et aussi leur conception de la démocratie.Cette génération, accro à l'image, peut provoquer un changement uniquement avec une vidéo ou bien un Hashtag qu'aucune grande institution ne peut faire», nous explique Nassim Belouar, étudiant en master 2, conseil et expertise économique, à l'université de Lille, qui souligne, en outre, qu'un Algérien, qui s'appelle Drici Tani Younes, vient de lancer un Hashtag «Trashtag» qui est devenu viral et qui a «créé un phénomène qui se traduit par des centaines de milliers d'abonnés à ce Hashtag, qui contribue au nettoyage de la planète.
Une chose que les grandes ONG, qui sont subventionnées avec des sommes très importantes, n'ont pas pu réussi à faire». Selon ce jeune étudiant, «les réseaux sociaux ont créé une proximité entre les citoyens, tout en devenant, d'ailleurs, la force du mouvement de protestation en Algérie : l'unité nationale et la cohérence du message.
Ceci n'est possible que grâce aux réseaux sociaux, qui permettent l'instantanéité du message et sa personnalisation», nous précise-il. «Les réseaux sociaux ont permis de démocratiser la parole et les nouvelles technologies vont nous permettre de créer un vrai pays démocrate.
Non seulement pour avoir une information parfaite sur la volonté des peuples, mais aussi pour faire participer les peuples dans la prise de décision au quotidien», estime le même étudiant, qui ajoute que «pour créer un média aujourd'hui, il ne suffit d'acheter un nom de domaine et un hébergement, ce qui ne va vous coûter que trente euros.
Ceci est très favorable à la démocratie, car il permettra l'indépendance des médias, étant donné qu'ils n'ont pas besoin de gros capitaux contrairement aux médias traditionnels. Cette indépendance crée un climat favorable pour que les médias exercent leur noble fonction : le 4e pouvoir, après les trois pouvoirs classiques (législatif, exécutif et judiciaire)».
«En plus des médias traditionnels, les partis politiques traditionnels doivent changer leur modèle de fonctionnement, car ils ont besoin d'autres compétences, notamment : design graphique, web design, rédaction web, marketing social, publicité en ligne payante, automatisation marketing, analyse statistique, gestion de produit/projet ? Le prochain défi du digital est d'apporter plus de transparence dans l'exercice de l'élection. La traçabilité est l'ami intime de la démocratie.
Or, dans le système actuel en Algérie, nous sommes loin d'atteindre ces traçabilité et transparence, qui vont motiver les Algériens à croire et participer aux élections.
Ces derniers sont au courant des pratiques frauduleuses que le système actuel peut enclencher pour élire le candidat de son choix», estime M. Belouar, qui parle de quelques pratiques qui permettent d'organiser une élection présidentielle frauduleuse.
«Faire voter les absents et les morts : vous devez savoir que le registre électoral est sous format papier, ce qui permet à ceux qui organisent ces élections de signer à la place des absents et des morts sans aucune traçabilité.
A titre d'exemple, l'ex-Président Bouteflika a pu récolter près de six millions de signatures pour son dossier de candidature. Pourtant, s'il y avait six millions de soutiens pour ce candidat, ça se ferait savoir», explique-t-il, tout en soulignant que le fichier électoral en papier permet aussi de faire voter certains fonctionnaires plusieurs fois, bourrer les urnes et fausser les résultats.
«Mais des solutions technologiques existent pour remédier à ce système de fonctionnement. Nous devons dans un premier temps, numériser le registre électoral pour permettre de donner plus de temps aux non-inscrits d'avoir leur carte de vote.
Clôturer les inscriptions deux mois avant le scrutin est aujourd'hui une des contraintes à laquelle sont confrontées les personnes qui n'ont pas l'information sur les démarches à suivre.
Je peux vous assurer que la moitié des personnes qui ont marché dans les rues ne possèdent pas de carte de vote. Il s'agit d'une problématique face à la démocratie, car leur voix ne sera pas entendue», souligne-t-il. «Dans un second temps, organiser des élections sur internet pour optimiser le nombre de participants peut être une solution, comme cela s'est fait dans certains pays africains. Permettre aux votants de s'assurer que leur vote est réellement pris en compte.
Cela est possible, de nombreuses technologies le permettent. Ce vote en ligne va permettre de réduire le temps pour la diffusion des résultats et le coût d'organisation», préconise-t-il. «Néanmoins, la technologie peut également être un frein pour la démocratie si on dépend de l'étranger.
Par exemple, Facebook nous connaît mieux que n'importe qui, il connaît votre âge, votre intention de vote grâce à vos post, vos tendances politiques? il peut choisir quel contenu vous montrer ou pas.
Ou bien vendre les données de nos concitoyens à des entreprises étrangères pour une ingérence numérique. Les fakes news sont une autre forme de menace sur les réseaux sociaux. Malheureusement, de nombreux médias sociaux amateurs ou bien professionnels tombent dans un business qui nécessite d'avoir des cliques.
Un phénomène qui les motive à écrire et diffuser des informations qui font réagir, mais dans certains cas, elles sont de fausses informations», prévient-il.
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