«Exploiter le
mouvement des vagues et le transformer de manière simple en électricité». Hanté
par son intuition, Nasser Arbane a inventé un procédé
technique qui peut révolutionner la filière des énergies marines. Baptisé Thala-Energy, le prototype attend un éventuel sponsor pour
son optimisation.
Son inventeur
souhaite que les énergies marines fassent partie du programme national des
énergies renouvelables pour que sa création «survive en Algérie».
Parti de rien, ne
s'appuyant que sur sa seule volonté et son sens «inné» de l'observation, Nasser
Arabane, un quinquagénaire au regard espiègle, a réussi à décrypter le
mouvement de la houle et lui adapter un ensemble de pièces mécaniques capable
de transformer les mouvements ascendants et descendants des vagues en un
mouvement continu en sens unique. Son invention est donc la transformation de
deux mouvements opposés en ce mouvement monodirectionnel, qui permet aisément
d'exploiter l'énergie des vagues. Le principe paraît simple mais à présent
personne n'a mis au point un tel procédé. Cette invention a été brevetée le 11
mai 2011, auprès de l'Institut national algérien de la propriété intellectuelle
(INAPI). Nasser Arbane qui préfère qu'on parle de son
invention plutôt de l'inventeur lui-même. «Cette machine est constituée d'un
corps d'engrenage qui permet de convertir deux mouvements aux sens opposés vers
un mouvement continu monodirectionnel. Cet engrenage ou convertisseur est doté
à son amont d'une bouée flottante laquelle lui communiquant par le biais d'un
bras auquel se sont rattachés deux câbles qui actionnent l'engrenage». A l'aval,
une poulie géante permet de perdurer de quelques minutes de plus le mouvement
transmis par l'engrenage par le biais d'une courroie. Cette poulie, à son tour,
entraîne un générateur électrique. Elle peut entraîner directement n'importe
quelle autre machine, une pompe à eau, une machine de dessalage d'eau de mer…
etc.
TEST REUSSI EN
ATTENDANT L'OPTIMISATION
Le prototype mis en
place par l'inventeur a été testé avec «succès» sur la plage d'Oued Ess en août dernier sur la côte ouest de Béjaïa. C'est un houlomoteur nearshore (qui s'installe sur le rivage), qui offre un
accès facile aux installations, facile à entretenir et permet des économies sur
le câblage. Maintenant le prototype est là, il attend son optimisation ; une
autre étape «importante» de l'aventure de l'invention. Nasser Arbane l'a présenté durant le premier Salon national de
l'innovation organisé les 6 et 7 décembre 2011 au niveau de la Safex
à Alger. Il a arraché l'admiration des visiteurs curieux certes, mais ce n'est
pas suffisant pour garantir un «avenir» à sa «création». Le père de «Thala- Energy» sillonne Alger en
quête d'un sponsoring pour perfectionner son prototype. Il a frappé à toutes
les portes. Grâce à son réseau de connaissances disséminées dans les
institutions publiques, Nasser a eu «au moins» des promesses pour mettre à sa
disposition un laboratoire où il pourra perfectionner son invention. «Mon ultime
combat est de perfectionner mon invention et mon rêve c'est de le fabriquer en
Algérie», souhaite-t-il. L'exploitation «commerciale» de l'énergie des vagues
n'a pas encore le vent en poupe et les seules installations qui existent sur le
marché n'intègrent pas ce procédé «monodirectionnel». Elles connaissent toutes
les déboires de la rupture du mouvement de rotation du fait de l'irrégularité
du mouvement ascendant et descendant des vagues et la brutalité du déchaînement
des éléments. «Le «Wave Energy»
en Ecosse, le système de bassin en Irlande ou le «Pelamis»
au Portugal exigent un minimum de hauteur et une certaine régularité des vagues
pour qu'ils fonctionnent, cet houlomoteur, en
revanche, est sensible au moindre mouvement des eaux. Le générateur peut fonctionner
avec des vagues d'une dizaine de centimètres seulement», explique Nasser Arbane.
UN PROTOTYPE USINE
A PARTIR DE LA «RECUP» INDUSTRIELLE
Ce «rêve» ne
serait pas permis si Nasser n'était pas un «véritable amoureux de la nature». Ce
natif d'Alger ayant passé toute son enfance en Kabylie (Adekar
wilaya de Béjaia) n'a pas le profil «conventionnel»
d'un inventeur. Ses qualifications le prédestinaient à la comptabilité, la
gestion des entreprises. Il est plutôt militant, journaliste, infographe, enseignant…
mais surtout passionné de rouages mécaniques lorsqu'il ne médite pas sur le
«creux» des vagues. C'est, d'ailleurs, son attachement à la mer qui l'a amené
un soir d'été sur la côte est de Bejaia, il y a trois années, à ouvrir les yeux
sur ce qu'on peut tirer de «bien» de la force des vagues. Et de là, a commencé
un véritable travail de scientifique : observation-expérimentation.
Il s'est appuyé sur des connaissances en mécaniques acquises de l'observation
des rouages formant l'atelier «familial» de menuiserie. Et c'est un atelier de
serrurerie «d'un ami» qui a fait office d'un laboratoire d'expérimentation. «J'ai
réussi à monter avec les moyens de bord - pièces mécanique récupérées dans les
cimetières de voitures - le prototype de générateur houlomoteur
«innovant». «Je l'ai baptisé Thala-Energy, en
référence à Thala qui signifie fontaine en Tamazigt et mer en grec». Le développement industriel des
brevets déposés en Algérie est le maillon le plus faible de la chaîne de
l'innovation dans le pays. Le plan national des énergies renouvelables n'a pas
prévu d'intégrer les énergies marines dans les sources futures de production
d'électricité, relève Nasser Arbane.
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Posté Le : 17/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ferhat Yazid
Source : www.lequotidien-oran.com