Narimane Ghalamallah revient avec une nouvelle exposition, pour le grand bonheur de nos yeux. Inaugurée le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée internationale de la femme, cette dernière porte un nom bien énigmatique, à savoir «Simulacre». Il s'agit en partie d'une rétrospective de ses quelques anciens travaux, ajoutés à de nouvelles oeuvres inédites. Cette grande expo est dispatchée sur trois espaces. Mais avant d'y accéder, il vous faut enjamber un long fil rouge... Une installation symbolisant le fameux «qardoun» de l'amitié, ce lien fort que veut tisser l'artiste avec son public. Aussi, pèle-mêle, on retrouve des peintures parfois à l'endroit et d'autres posées à l'envers. Certaines font face à des miroirs. Certains petits tableaux sont même incrustés dans des miroirs. Des fragments épars de miroirs brisés sont également discernables sur les cimaises d'une des trois antres du palais. Une vidéo d'art reproduisant aussi ce geste répétitif qui montre l'acte d'enroulement du fameux fil autour des cheveux est aussi donné à voir au public. Parmi ces oeuvres aussi, que l'on connaît déjà, est la partie «Valises».À l'endroit et à l'envers
Celle-ci représente le phénomène de l'exil ou du harraga. D'autres tableaux représentent différentes chaussures comme pour témoigner de la multiplicité des êtres humains et leurs places dans la société. Mais il y a aussi des portraits, des scènes de la vie de tous les jours et puis ces peintures où l'on peut tantôt discerner une femme dans un habit traditionnel lovée dans un divan ou une autre plus «civilisée» pieds nus, assise sur une chaise.
La chaise, cet élément revient également souvent dans les oeuvres de Narimane Ghlamallah. Cependant, une de ses oeuvres la plus marquante, est incontestablement celle accrochée au plafond. Des couleurs chatoyantes, éclatées, sur des traits dilués composent la palette de cette artiste au talent bien plus qu'avéré. Narimane Ghlamallah a choisi sciemment de disposer ses tableaux de façon tordue, pour provoquer une réaction chez le visiteur. Ses oeuvres allient le semi abstrait au genre surréaliste par des touches, bien que l'homme, la femme surtout est rendue d'une façon tellement fine et adroite que l'on reste nourri d'émerveillement devant ces tableaux, aussi bien généreux en couleurs que luxuriants lorsqu'il s'agit de gens. Narimane aime peindre les gens car elle aime leurs vibrations.
La vie! Par des toms chauds et chromatiques, elle dessine le pouls de ce monde qui bouge, qui s'anime, même si parfois il y a des moments sombres...
Emotion et interrogation
À propos de son exposition, l'artiste nous confie: «Je voulais que certaines de mes peintures ne soient plus anecdotiques... aller au-delà de l'approche narrative...en retournant certaines de mes peintures, je voulais me décharger du représentationnel et garder les qualités purement picturales ou abstraites de la toile...jouer aussi avec mon visiteur dont je sursollicite le regard et le pousse déjà à s'arrêter devant une toile accrochée à l'envers ou basculée à droite ou à gauche, l'impliquer en quelque sorte et le faire sortir de la passivité dont il fait preuve quand il visite une expo... même les cartels ont été mis à l'envers pour suivre la dynamique du tableau.. Ça a fait tordre la tête à certains...»Et de renchérir: «Je voulais aussi susciter l'émotion par la couleur et les formes, je voulais tester les limites entre l'abstraction et la figuration...» A propos de l'utilisation du miroir, l'artiste nous explique: «Pour les miroirs, c'est une installation, pour basculer mon spectateur dans une autre dimension, avoir une autre lecture des oeuvres, avoir une réflexion au sens propre et figuré...
L'image dans l'image, l'illusion, l'immatérialité...»
Se regarder en face
À propos de la Toile «accrochée entre le sol et le plafond, elle suit la logique de l'accrochage qui est décalé par rapport à la norme...On se tord le cou aussi...et on râle. Toujours dans ce souci d'interaction avec mon public... mais pas que, elle a une histoire bien particulière, c'est pour ça que je l'ai élevée aux cieux, comme un rêve que l'on n'arrive pas à atteindre.. à un moment où tout était difficile à vivre..J'ai étalé ma toile parterre et comme une prière j'ai demandé avec des mains qui supplient, des regards qui attendent, une flore qui fleurit, des ailes qui touchent ce ciel, cet extérieur que je voulais toucher dans mes moments de confinement...».
Enfin, à propos du titre de son expo, elle nous révèle: «Le titre de mon exposition est «Simulacre», ce monde d'apparence qui nous représente, qui ne tourne pas rond...
Le tout est de libérer l'imaginaire, brouiller les sens..S'amuser, ne pas se prendre au sérieux...». Brouiller les pistes, faire appel à l'intelligence du visiteur tout en suscitant son émotion, l'inciter à se regarder en face, en le bousculant, en malmenant son regard, mais en l'invitant au voyage intérieur assurément, telle est sans doute, la quête de délivrance de cet artiste, qui vous invite à venir apprécier ses oeuvres et interagir avec elles...Rappelons que Narimane Ghlamalah a tout laissé tomber après son diplôme en management pour se consacrer à la peinture dont elle tire l'essence de sa vie, même sa sève. Elle se dit influencée par le monde torturé de Van Gogh, la touche lumineuse et agressive, de Shame Soutine, et la peinture de l'humaniste de l'angoisse oscar Kokoshka. Ses propres peintures en tout ça respirent la vie et le vivre ensemble. Et c'est visible jusqu'au 24 mars. Un petit tour s'impose pour les retardataires.
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Posté Le : 18/03/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com