Naissance du réseau des partis démocrates d'Afrique du Nord

Les partis participant à la conférence de Monastir réaffirment leur attachement à l'union nord-africaine, mais dans le respect de la souveraineté de chaque Etat.Voilà qui devrait dans doute donner un coup de fouet à la construction "maghrébine", plombée depuis de nombreuses années par les divergences qui minent les rapports entre dirigeants en place. Réunis durant deux jours (14 et 15 avril) à Monastir, en Tunisie, à l'occasion d'une conférence sur les défis de développement de la région nord-africaine, des partis démocrates de Tunisie, du Maroc, de Mauritanie, de Libye et d'Algérie, parmi lesquels le RCD et le front Al-Moustakbal d'Abdelaziz Belaïd, ont convenu de la mise en place d'une haute instance provisoire dénommée réseau des partis démocrates d'Afrique du Nord.
Constitué des leaders de ces partis, ce réseau, ouvert à d'autres partis de la région, s'engage à "redoubler d'efforts, à coopérer et à coordonner pour insuffler une nouvelle dynamique à la région nord-africaine, dans l'esprit de la déclaration de Tanger", indique un communiqué, signé par les partis participants, et dont nous détenons une copie. "Les ambitions de nos peuples au développement, à la sécurité, au progrès et à la modernité ne peuvent s'accomplir sans sécurité et stabilité et la souveraineté de l'Etat de droit, la démocratie, la justice sociale et l'égalité entre les sexes", note le texte. Histoire sans doute de lever toute équivoque et partant du constat des processus historiques qui ont fondé chaque pays de la région, les partis signataires réaffirment leur attachement à l'union nord-africaine, mais dans le respect de la souveraineté de chaque Etat.
"L'histoire politique et sociale de chaque Etat définit les spécificités de leur processus et leur choix souverain qu'il convient de respecter, en évitant l'ingérence dans les affaires internes, tout en réaffirmant l'unité de l'Afrique du Nord".
Mais ils insistent sur les enjeux qui confinent au rassemblement des peuples de la région. "Les liens géographiques, historiques et civilisationnels entre les peuples de la région nous imposent la coopération économique, politique et culturelle au plan régional et de coordonner nos positions solidaires sur les questions justes, en étant au côté du peuple libyen pour la défense de son unité et en contribuant à la réconciliation pour faire taire les armes à même de garantir la sécurité et la stabilité en Afrique du Nord".
Pour la séparation de l'Etat et de la religion
Ces partis qui conviennent également d'agir à tous les niveaux (parlementaire, mouvement de jeunes, femmes, associatifs...) pour vulgariser l'initiative et se pencher sur des thématiques d'intérêt commun à travers une meilleure coordination, n'ont pas manqué d'évoquer les menaces et les défis auxquels la région est confrontée.
"Le terrorisme et l'extrémisme, la confusion entre l'Etat et la religion et la propagation anarchique des armes constituent une menace réelle à la région et à la cohésion des nos sociétés", soulignent-ils. "L'ambition au progrès de notre espace nous impose l'ouverture et l'adhésion intelligentes aux nouvelles mutations induites par la révolution technologique, mais sans porter atteinte à la souveraineté de nos pays, ni prêter le flanc aux interventions étrangères", note le texte. Les partis insistent sur le respect de la diversité culturelle perçue comme un ciment des peuples de la région. "La vitalité de nos sociétés s'appuie sur la diversité culturelle et linguistique qui ont constitué, à travers l'histoire, une richesse pour la coexistence".
"La coopération entre les forces vives, progressistes, partisanes et dans la société civile constitue le ciment pour la coopération stratégique entre nos pays", conclut le texte. Une prochaine rencontre est fixée la fin de l'année en cours à Tanger, au Maroc.
Karim Kebir