Plus proche (que l’Amérique) il ne faut que deux jours de voyage en bateau à vapeur pour y aller, le climat y est agréable et sain, l’accueil est assuré par les autorités en place … (ci-contre la couverture d’un ouvrage de propagande en Allemagne)
En 1840, l’émigration est contrôlée par des agents Français qui délivre les passeports.
Vers 1850 se sont les préfets des départements frontaliers qui reçoivent les demandes d’émigration et les transmettent au ministère de la guerre. Le dossier se compose d’une fiche d’état civil mentionnant les membres de la famille et le lieu de résidence, la déclaration visée par le bourgmestre de la commune d’origine selon laquelle l’émigrant dispose de la somme d’argent nécessaire et d’un certificat de bonne moralité.
Ce système est trop lent et favorise le trafic d’agents officieux d’émigration…
L’arrêté du 28-09-1853 fixe les conditions de recrutement des émigrants vers l'Algérie : en plus du dossier de demande, un ouvrier célibataire doit présenter une somme d’argent de 100 francs et un ouvrier accompagné de sa famille 400 francs, celui qui bénéficie d’une concession doit prouver l’avoir de 2.000 francs, puis 3.000 francs à partir de mai 1855 (cela lui permet de bénéficier gratuitement d’un permis de passage pour la traversée et une concession d’une dizaine d’hectares avec une exonération d’impôts pendant 5 ans.
Dans un 2ème temps un décret de janvier 1855 interrompt les négociations avec les nombreuses compagnies privées qui s’occupent de l’émigration vers les Etats-Unis en particulier, puis exige un cautionnement permettant le contrôle de ces compagnies.
Exemple proposé par Jean-Maurice DI COSTANZO professeur d’Histoire-Géographie à Pertuis (Vaucluse) dans son ouvrage « Allemands et Suisses en Algérie » et concernant les problèmes des autorités communales de Pfaffenweiler (Grand- Duché de Bade) :
- Sur 24 familles à destination de l’Algérie, une seule a obtenu une concession, les autres devront trouver du travail à leur arrivée. Huit familles ne disposent pas de la somme d’argent exigée. La commune déboisera une partie de ses forêts pour la somme de 5.600 gulden (36.750 francs) et pour éviter que les émigrants ne les dissipent en route, elle les remettra aux intéressés par un correspondant à Marseille.
- La migration de type familiale souhaitée par la France pose un autre problème pour les communes : le conseil de la commune accorde le mariage à une partie des candidats non mariés, celui-ci aura lieu un jour avant leur départ, en cas d’annulation de départ il y aura annulation du mariage.
Les trois étapes pour émigrer sont : tout d’abord l’accord communal et les formalités de départ, deuxièmement après avoir rejoint les départements frontaliers français, le périple continental pour rejoindre les ports et troisièmement l’embarquement et l’accueil en Algérie.
Des « Visas pour l’Algérie » : avant 1855, le trajet jusqu’à Marseille est à la charge des émigrants, ils utilisent alternativement les voies fluviales et la route. Il n’est pas rare qu’un convoi de chariots regroupe quelques familles :
- Les MAYER sont originaires d’Oberbergen à mi-distance entre les Vosges et la Forêt Noire. Les Wursthorn, Hüpschelé, Ehrlacher, Miehsner, Rudmann, Dägele, Landerer, les accompagnent, c’est au total une dizaine de familles voisines ou parentes qui font partie du convoi vers l’Algérie au matin du 19 juillet 1853. Ils ont dû assister à une grande messe avant de partir et après des adieux émouvants, les grands frères restent au pays pour s’occuper des terres et veiller sur les plus âgés. Dans les chariots tirés par des bœufs, des coffres contenant du linge, de la vaisselle, plus rarement des meubles, quelques outils lorsqu’il s’agit d’artisans et sans aucun doute une bible. Pour atteindre Colmar il faut emprunter un « bac à traille » (embarcation à faible tirant d’eau, mue par des câbles et de poulies) car de grands travaux de canalisation ont commencé de part et d’autre du Rhin et les ponts habituels ne sont pas tous utilisables. Il faut ensuite attendre à Colmar un certain temps, l’administration doit vérifier la conformité des dossiers et des sommes déclarées, fournir les visas et les autorisations de passage gratuit. Quinze à vingt jours de plus sont nécessaires pour atteindre Marseille où la vente des bœufs permet de renflouer les finances mises à mal au cours du voyage. Ces Badois arriveront quelques semaines plus tard dans la région de Bône : à Guelaät-bou-Sba, Sédrata et Penthièvre. De nombreux descendants s’y trouveront encore en 1962, lors de l’exode vers la France.
De nombreux exemples témoignent des dures conditions de vie pendant les premières années d’installation en Algérie. Jusqu’en 1855-56 la réalité quotidienne est faite de labeur, de fatigue, de maladie, de décès, de repli à la ville voisine ou de retour au pays natal. Beaucoup sont surpris. La concession n’est qu’un champ en friche. Il faut souvent commencer par construire des baraquements et assurer la protection des habitants par sa disposition de « camp retranché » pour se préserver des lions, des panthères, des hyènes, des coupeurs de têtes et des voleurs.
La France entre en guerre contre le Prusse
Pendant ce temps la Prusse dirigée par Guillaume 1er et Bismarck depuis 1862 se heurte à l’Autriche qui préside la Confédération germanique composée de 38 états de langue allemande. Le 23 août 1866 la Prusse défait l’Autriche. La France entre en guerre contre la Prusse le 19 juillet 1870 et perd l’Alsace et la Lorraine en quelques jours. L’Empereur capitule à Sedan. Guillaume 1er est proclamé Kaiser du Reich à Versailles. Le souffle de la « Commune » de Paris atteint Alger et Gambetta charge le Garde des Sceaux Adolphe Crémieux du dossier algérien. Le décret du 24 septembre 1870 rétablit le régime civil avec une représentation parlementaire perdue en 1852, le corps électoral est limité aux citoyens français, mais 37000 Juifs d’Algérie vont être nationalisés collectivement.
Chez les Musulmans, la colère gronde en raison de la crise économique qui les touche durement. Bordj-Bou-Arréridj s’embrase le 16 mars 1871, donnant le coup d’envoi de l’insurrection de Mokrani. (Palestro sera touché du 19 au 25 avril 1871).L’amiral de Gueydon est nommé Gouverneur général et débarque avec 50.000 hommes. Le 5 mai 1871 Mokrani fut fait prisonnier et condamné à être fusillé. Son frère avait pris le commandement de ses troupes, il fut capturé en juillet 1872 dans les confins du Sahara. Sa mère plaida sa cause à Paris et Mr Thiers changea son arrêt de mort en une détention à perpétuité en Nouvelle-Calédonie. La répression s’abat alors sur la Kabylie, et l’on séquestre 550.000 hectares dont 100.000 sont destinés par la loi du 9 juin 1871 aux « optants » c'est-à-dire aux 10 à 12.000 Alsaciens-Lorrains qui refusent la nationalité allemande et en saisiront l’opportunité.
A cette époque la population européenne est évaluée à 11.6% de la population totale de l’Algérie, en 1870 on compte 110.000 Européens étrangers et 110.000 Français. C’est peu. Les millions d’Européens qui avaient jusqu’alors déferlé sur les Etats-Unis laissaient rêveuses les autorités françaises, les résultats étaient décevants.
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Posté Le : 25/10/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Source : http://perso.netopi.fr/