Naftal ignore l'instruction du Premier ministre

"Lorsque la production nationale ou l'outil de production national sont en mesure de satisfaire le service contractant, ce dernier doit lancer un appel à la concurrence national", a instruit M. Sellal.La société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers, Naftal, vient de publier dans un quotidien national un avis d'appel à manifestation d'intérêt (Ami) national et international n°01/2017 pour l'exploitation de locaux à usage de boutiques généralistes, restauration rapide et relais au niveau des stations-service autoroutières. Cette annonce concerne, en fait, la vingtaine de stations installées tout le long de l'autoroute Est-Ouest. Cette décision a pour but de permettre à quelque 50 000 usagers de l'autoroute de bénéficier du confort auquel ils n'ont jamais eu droit précédemment, c'est-à-dire à l'ouverture de ce réseau autoroutier.Ces services sont assurés actuellement au niveau des stations autoroutières par des opérateurs nationaux algériens qui proposent en H24 et 7j/7 aux usagers des prestations liées à la restauration, cafétéria, supérette, salle de prière et sanitaires. Ce sont des prestations de services en nette amélioration depuis leur ouverture en 2012. Il se trouve que le contenu de l'avis d'appel lancé par Naftal est en parfaite contradiction avec les orientations du gouvernement. Pis encore, l'avis publié s'oppose carrément aux dispositions des articles 83 et 85 du décret présidentiel n°15-247 du 16 septembre 2015 portant réglementation des marchés publics et des délégations de service public.Ces mesures ont été pourtant rappelées par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans une lettre qu'il a adressée aux membres du gouvernement en communication avec les walis, datée du 10 novembre 2015. Le décret stipule que "lorsque la production nationale ou l'outil de production national sont en mesure de satisfaire le service contractant, ce dernier doit lancer un appel à la concurrence nationale". Or, force est de constater que l'avis inséré dans le journal par la branche commercialisation de Naftal est un appel à manifestation d'intérêt à la fois national et international ! Si l'on se réfère à la demande formulée par Naftal dans son annonce, à savoir "exploitation de locaux à usage de boutiques généralistes, restauration rapide et relais au niveau des stations-service autoroutières", l'Ami ne doit aucunement être ouvert pour l'international.Car, un tel marché peut aisément être confié ici en Algérie à une entreprise algérienne sans recourir à d'autres d'outre-mer. A-t-on besoin impérativement de sociétés étrangères pour leur confier la gérance de ces activités ' Les Algériens ne sont-ils pas capables de préparer et de servir à leurs concitoyens voyageurs des sandwichs ou des boissons dans ces relais 'Voudrait-on favoriser des opérateurs étrangers en particulier 'N'importe quel opérateur algérien spécialisé dispose, en effet, de toutes les capacités nécessaires pour assurer des activités liées à l'ouverture de boutiques et à la gérance d'une restauration rapide et autres... au sein de ces stations-service. Cela étant, une question mérite d'être posée : pourquoi Naftal a lancé un appel national et international pour des besoins auxquels peuvent répondre facilement des Algériens dans leur pays ' Par cet avis, voudrait-on favoriser, en fait, des opérateurs étrangers, en particulier en leur donnant la possibilité de soumissionner 'Certaines rumeurs parlent précisément, à ce propos, de deux sociétés étrangères auxquelles on aimerait "offrir" sur un plateau d'argent ce marché. Cependant, une telle opération signifie transfert de dividendes vers l'étranger et pertes en devises pour le pays. La préférence nationale pour ce genre de service a pour objectif, faut-il le souligner, de renforcer davantage les équilibres internes et externes du pays en mettant en place des instruments à même de réduire les importations. Dans son instruction, M. Sellal précise que la décision des pouvoirs publics de promouvoir l'outil de production nationale et, partant, d'accorder une préférence aux produits et services d'origine algérienne, est venue rappeler à tous les "responsables des institutions ? organismes, établissements et entreprises sous tutelle ? de la nécessité de respecter la réglementation nationale en la matière". Et les responsables de Naftal, qui est une entreprise publique économique, sont, de ce fait, concernés par cette mesure.Ils doivent ainsi respecter ces règles dictées par le président de la République et rappelées à plusieurs reprises par le Premierministre. Les dirigeants de Naftal ont-ils sciemment fait fi des directives de M. Sellal ou s'agit-il d'une omission ou d'une ignorance de la réglementation ' Le Premier ministre souligne également que "pour... les prestations de services dans le cadre d'une procédure d'appel d'offres national et international ou de gré à gré après consultation, la priorité sera accordée à la production de biens et de services d'origine algérienne, et cela, dans le respect des critères de qualité au moins égale à celle des biens et services des soumissionnaires étrangers et de la marge préférentielle de 25% accordée aux produits d'origine algérienne".Mais ce qui est sollicité par Naftal pour ses stations est largement disponible en Algérie. La note de M. Sellal est "applicable aux marchés publics passés par l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics à caractère administratif, industriel et commercial et les entreprises publiques économiques". Naftal devra bel et bien figurer sur cetteliste. Et elle est par conséquent concernée par cette instruction...B. K.