Pendant que les autorités «civiles et militaires» des wilayas frontalières de l'est et de l'ouest du pays s'évertuaient à mettre en place des «dispositifs de lutte contre les halaba» faits de bric et de broc au «pompage» des carburants pour les acheminer vers les pays voisins, le ver prenait ses aises dans le fruit.Alors que «les 24» employés de Naftal accusés de trafic de carburants et de détournement de deniers publics attendaient le verdict avec les délibérations imminentes du tribunal de Sidi M'hamed, un autre scandale vient d'être révélé dans la' filière !
Une enquête préliminaire vient d'être ouverte par les douanes nationales : elle concerne 56 stations-services dont les responsables sont soupçonnés de stocker d'importantes quantités de carburants directement destinés à la contrebande.
Et ce n'est qu'un début, puisque les enquêteurs vont, et c'est la moindre des choses, élargir les investigations à toutes les stations des wilayas frontalières de l'est et de l'ouest du pays, ce qui donne déjà une idée de l'ampleur du désastre.
Avec autant d'unités Naftal dans le collimateur des services de sécurité dans une seule wilaya, nul besoin d'être un fin limier pour se rendre compte que la proportion de stations publiques dont les responsables sont clean ne doit pas être très loin de' zéro !
On savait que le «fléau» était trop important pour être circonscrit dans les images que responsables et médias nous livraient par intermittence.
Un peu trop réductrices, quand elles ne sont pas franchement folkloriques, les images et les écrits qui nous parviennent, en effet.
Pendant de longues années, nous en avons eu pour notre naïveté, réelle ou seulement espérée quelque part : des alignements dérisoires de jerricans, fruit d'une opération méritoire de la gendarmerie, de la police ou de la douane, nous renseignaient, en sollicitant notre indignation de patriotes, sur le manque de scrupule de quelques pauvres bougres qui n'hésitent pas à faire commerce d'essence et de gasoil subventionnés en les acheminant vers la Tunisie et le Maroc.
Pour la petite histoire, on pourrait comprendre par la force des choses qu'on tente de relativiser l'ampleur du trafic en nous livrant les insignifiantes quantités de carburant saisies çà et là.
Mais allez savoir pourquoi les communiqués des services de sécurité, lus à la télé ou rendus publics par écrit, ne mentionnent jamais expressément le Maroc et la Tunisie, systématiquement remplacés par le grossier euphémisme de «pays voisins».
On ne nous dit pas tout, on le sait depuis longtemps, y compris ce que tout le monde sait. Comme le volume du trafic, le niveau de responsabilité des trafiquants et les raisons qui empêchent de mettre en place une véritable stratégie de lutte contre le «phénomène».
Des raisons souvent liées à de gros intérêts qu'on n'a pas toujours la volonté de déranger. Des intérêts dont le premier garant peut bien être cette «politique» des subventions dont on connaît l'iniquité sociale et l'aberration économique, qui continue malgré tout à être sacralisée.
Et puis ce «secteur publi » qu'on sait coffre-fort de la rapine mais maintenu en l'état dans sa gestion parce qu'il doit bien servir quelque part ! ça va être bien difficile de nous convaincre que la panacée en la matière est dans le rationnement à la pompe, tel qu'envisagé tout récemment.
En plus du scepticisme «naturel» que cette solution avait soulevé au sein de l'opinion ordinaire, il n'est peut-être pas exagéré de suggérer que les stations-services «rationnaient» bien avant, puisqu'elles stockaient pour alimenter le trafic !
Et des stocks aussi consistants et audacieux doivent ravitailler non seulement les charges de mulets que nous livre la télé mais des appétits bien plus grands. On ne pouvait pas nous cacher plus longtemps' ce qu'on savait déjà.
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Posté Le : 18/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com