Algérie

Naftal dans le viseur des propriétaires des stations-services Accusée de privilégier les stations implantées dans les communes frontalières



Naftal, chacun le sait, est l'axe principal autour duquel tout gravite. Son antenne commerciale de Souk Ahras n'a-t-elle pas contribué, sans le vouloir, à réunir tous les ingrédients explosifs ayant conduit à cette situation d'embrasement dans laquelle se retrouve piégée la ville ' Car c'est à partir de son centre de Dréa, fort de quelque 500 m3 au titre de capacité de stockage, que l'étincelle semble être partie.
En cause, les quantités quotidiennement livrées sont vivement contestées par les gérants des 23 stations-services privées, les jugeant très en deçà des besoins de la wilaya, donc à l'origine de cette tension sans précédent que connaît depuis des mois Souk Ahras.
En effet, indique Ali Hmeïdia, président de l'Union nationale des investisseurs et propriétaires de relais et stations-services (Uniprest) Souk Ahras, seulement 160 000 à 200 000 litres sur des besoins réels s'élevant à plus de 400 000 l/jour. Les 26 stations, y compris celles propriété de Naftal (3), tournent avec 20 à 30% de leurs capacités de stockage installées allant de 30 000 à 120 000 l/unité. «On se demande toujours pourquoi Naftal est-elle aussi peu généreuse, l'Algérie va-t-elle vers l'épuisement de ses ressources pétrolières ' Jugeons-en : avec seulement 25 à 30%, de nos commandes journalières, nos demandes n'ont jamais été satisfaites, alors que la dernière des stations dispose d'au minimum 30 000 litres en termes de capacités de stockage tous produits confondus. D'autres, et elles sont nombreuses, peuvent recevoir jusqu'à 120 000 litres.
Ne trouvez-vous pas que Naftal a bel et bien participé à l'accentuation de cette tension '», s'interroge, outré, le représentant de l'Uniprest à Souk Ahras qui a, toutefois, reconnu la part non négligeable des contrebandiers. Et, à croire l'impact immédiat, tel que souligné par M. Hmeïdia, également président local de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), sur les chiffres d'affaires des 23 stations-services qui font vivre plus de 400 familles d'une wilaya où le taux de chômage dépasse tous les records nationaux est en partie légitime. Amputées d'environ 30 à 40%, leurs ressources n'arrivent plus à couvrir leurs charges salariales et fiscales, pour ne citer que ces exemples. «Si rien n'est fait, nous irons à pas sûrs vers la ruine, car il arrive souvent que Naftal ne nous livre aucune goutte. Les pouvoirs publics doivent réagir en toute urgence pour mettre un terme à cette situation qui semble s'inscrire dans le temps. L'Etat doit aussi penser à mettre en place des mécanismes plus drastiques pour venir à bout du phénomène de la contrebande qui a atteint des proportions sérieuses à même d'interpeller les gouvernements voisins». Un autre point et non moins grave a été soulevé par nombre de membres de l'Uniprest basés au chef-lieu de Souk Ahras. Il s'agit des disparités dans la répartition des livraisons, Naftal privilégierait, selon eux, les stations implantées dans les communes frontalières, notamment El Hdada et El Khdara. «Cette préférence pour les 7 stations situées en zone frontalière s'explique certainement par l'importance de leur parc roulant comparativement à celui dont dispose le chef-lieu de wilaya», ironisent-ils. Du côté de Naftal, le son de cloche est tout autre.
Les origines de la crise du carburant à Souk Ahras convergent toutes vers les stations-services de par les pratiques spéculatives auxquelles ont recours les propriétaires, entraînant de fait un sérieux déséquilibre entre l'offre et la demande. Contrairement à ce qui est avancé par l'Uniprest, les 26 stations-services sont ravitaillées à des proportions nettement supérieures aux prévisions mensuelles arrêtées par la société mère, lance, chiffres à l'appui, M. Lébihi, directeur de l'antenne commerciale de Naftal Souk Ahras : 600 à 700 sur les 500 m3 /j édictés par sa hiérarchie. «Normalement, les prévisions mensuelles consacrées à Souk Ahras par notre direction générale sont établies à 500 000 litres/jour de produits pétroliers, alors que nos réalisations se sont élevées à hauteur de 600 à 700 m3 /jour. La répartition de ces 500 m3 s'est toujours faite de manière équitable, suivant les capacités de stockage dont est dotée chacune des stations», se défend-il, portant ainsi presqu'au triple celles de 2009 et 2010 qui étaient d'à peine 200 et 250 m3/J.
Pis, aux yeux de ce responsable, la crise a permis aux intervenants dans le commerce formel du carburant de se sucrer, leur chiffre d'affaires ayant bondi de 10 à 20 voire 30% pour les plus «actifs». M Lebihi n'a pas, lui aussi, manqué de pointer du doigt les animateurs du circuit contrebandier pour qui l'instabilité politique chez nos voisins libyens et tunisiens s'est avérée être une aubaine. «A
13,7 DA à la pompe, le litre de gasoil algérien est revendu par les contrebandiers à 2 dinars tunisiens soit 120 DA. Le fut de 200 litres revient à 2740 DA à la pompe. Les transactions aux frontières à au moins 3 fois plus. Idem pour l'essence qui y est cédé à quatre fois plus le prix 21,5 DA à la pompe». Avec environ 50% des livraisons journalières de Naftal qui quittent les frontières, l'estimation de son représentant à Souk Ahras, le soin est laissé aux lecteurs pour faire le compte de ce que rapporte aux uns et fait perdre aux autres le trafic de carburants wilaya.


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