Algérie

Naftal abuse de sa situation de monopole



Quel qualificatif donner à une entreprise publique qui abuse de la situation de monopole qu'elle détient sur son propre marché' On ne peut pas parler dans ce cas de bonne gouvernance et encore moins de pratique moderne. Ainsi, dans le registre des comportements anachroniques, Naftal bat tous les records. Distributeur de produits pétroliers, cette entreprise qui exerce seule cette activité sur l'ensemble du territoire national, impose à ses clients corporates, l'usage d'une carte magnétique en lieu et place du carnet de bons. Les dirigeants de cette société nationale entendent certainement «faire du chiffre» en présentant à leur conseil d'administration des résultats en forte hausse en matière d'adhésion à la prouesse technologique qui consiste à dématérialiser le paiement de la prestation.On imagine les rapports auto-flatteurs annonçant des dizaines de milliers de cartes activées. Naftal paraîtra aux yeux du gouvernement, comme l'entreprise publique qui a réussi un saut technologique. Sauf que cette avancée, qui sera portée comme l'une des principales réalisations de l'année dans le bilan de la société, n'en est pas véritablement une. Et pour cause, cette prétendue généralisation de l'usage de la carte magnétique se fait sous la contrainte. Les entreprises publiques et privées disposant d'un parc roulant ont le choix entre la carte et le liquide pour régler leur consommation de carburant.
En proscrivant le carnet de bons, Naftal ne fait rien d'autre que d'obliger les entreprises à payer par avance leur consommation de carburant, mais en même temps, réaliser des dépenses supplémentaires en cash au niveau des stations d'essence du pays ne disposant pas d'appareils adaptés pour les cartes magnétiques. De fait, le budget dédié à la consommation d'essence s'en trouve totalement déstructuré, notamment pour les entreprises et autres administrations publiques disposant d'un grand parc automobile.
Les concepteurs de cette nouvelle démarche ne sont certainement pas sans oublier que l'utilisation de ladite carte ne saurait être généralisée. La raison en est que le nombre de stations dépourvues de lecteurs de carte est très important. De fait, même si les clients de Naftal consentent à l'usage de la carte, ils se voient, le plus souvent, obligés de recourir aux billets de banque pour payer l'essence. Résultats: en voulant démonétiser ses prestations aux pas de charge, Naftal fait gonfler ses recettes en liquide.
L'idéal aurait été de lancer une vraie campagne de communication, tout en travaillant sur la généralisation des lecteurs de cartes à toutes les stations d'essence du pays. Une fois le dispositif mis en place, les entreprises adhéreront par elles-mêmes et les chiffres que présenteront les cadres de la société nationale à leur conseil d'administration reflèteront la réalité.
Le président- directeur général de Naftal, dont l'installation à la tête de l'entreprise est récente, se doit de jeter un oeil sur la situation rocambolesque créée par l'annulation du carnet de bons et son remplacement par la carte magnétique, alors que les équipements permettant l'usage optimal de la nouvelle forme de paiement ne sont pas du tout généralisés. Il y a dans cette démarche illogique, un acte de gestion, pour le moins, inadmissible, en ce sens qu'il pénalise de très nombreuses entreprises publiques et privées. Cette pratique contredit l'esprit et la lettre d'une vision moderne du fonctionnement de l'économie nationale.
Naftal n'aurait jamais agi de la sorte si elle était dans une situation de concurrence sur ce segment du marché. Cette façon «cavalière» de traiter ses clients au seul motif qu'ils ne peuvent pas s'adresser à un autre opérateur, parce qu'inexistant, donne un mauvais signal d'une Algérie qui veut en finir avec les pratiques d'un passé qu'on croyait révolu. Le P-DG de Naftal est directement interpellé. Il n'a pas à être fier d'une dématérialisation des moyens de paiement menée comme une opération commando, soutenue par une décision administrative qui fait des milliers de victimes parmi les entreprises et les administrations publiques.


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