Algérie

Nacéra Belaza. Chorégraphe intimiste : danse avec les...ombres France-actu : les autres articles



Nacéra Belaza. Chorégraphe intimiste : danse avec les...ombres                                    France-actu : les autres articles
Nacéra Belaza est arrivée en France à l'âge de 5 ans. Comme bagage, le désir ardent de faire de la danse son métier, et ce, malgré l'opposition de ses parents. A Reims, où elle a grandi, elle a commencé à faire ses premiers pas dans le monde artistique, tout en étant attachée aux études. C'est en 1992 qu'elle a opté définitivement pour la danse, malgré un diplôme en lettres modernes en poche. Récit d'une passion.
Paris
De notre correspondant
Danse intimiste, danse avec la lumière et l'espace ou danse contemporaine, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la danse de Nacéra Belaza. Cette jeune Algérienne, arrivée en France à l'âge de 5 ans, a laissé de côté ses brillantes études de littérature moderne pour s'engouffrer dans le monde de l'art et développer un style propre à elle qu'on peut qualifier aisément de «danse d'auteur». Seule ou juste avec sa jeune s'ur, elle pactise sur scène avec la lumière et le public, mais aussi avec son corps, qui est finalement son principal instrument de travail, pour donner naissance à des tableaux de danse rares, empreints de philosophie et de spiritualité, largement différents de ce qu'on a l'habitude de voir.
Mais Nacéra avoue volontiers que ses débuts étaient un peu difficiles. «Au départ, je n'avais pas de repères en matière de danse. Mais avec le temps, j'ai réussi à créer mon propre style. On peut dire donc que je fais de la danse contemporaine. Je crée un univers fait de gestes, de corps, de sons et de lumières. C'est un peu de l'abstraction», explique celle qui utilise tous les éléments disponibles sur scène pour «accoucher» d'une danse qui vient de son for intérieur.
D'ailleurs, pour comprendre le travail de cette artiste, le mieux est de s'aventurer dans son monde intimiste, car avant qu'une danse ne devienne spectacle, elle est d'abord déclinée en pensées, en mots, en réflexions et vient de l'intérieur. «J'ai développé tout un travail avec mon intériorité, confesse-t-elle. On dit que c'est une danse intimiste, un travail de pureté et de questionnement sur ce qui est l'être humain.»
En plus des études de danse, Nacéra est également guidée dans son travail par la foi, car intimement, elle était toujours convaincue que dans la danse, le corps pouvait s'allier avec le spirituel. Pour créer un spectacle, elle fait d'abord une plongée intellectuelle et psychologique dans son être et au sein de la société. De réflexions en réflexions, d'observations à la formulation des idées, ce qui est purement intellectuel au départ prend subrepticement une forme corporelle, gestuelle avant de se transformer en danse. Adulée ailleurs, ignorée dans son propre pays, un long cheminement. Contrairement aux autres danseurs, Nacéra transforme chaque idée en geste. D'ailleurs, avoue-t-elle, il y a des spectateurs qui s'emballent dès l'esquisse du premier geste et d'autres qui resteront toujours réfractaires à ma danse tout le long du spectacle. Un quitte ou double en somme.
Prolixe, Nacéra Belaza a produit quinze spectacles. On peut citer, entre autres, «Paris-Alger» en 2003, «Le cri» en 2008, «Le temps scellé» en 2010, et bien d'autres aussi riches que divers les uns que les autres. Mais c'est dans le pays de son père et de sa mère qu'elle aurait aimé donner libre cours à son imagination et faire bénéficier les danseurs algériens de son talent et de son expertise. Mais comme le dit si bien un proverbe populaire, le pain de la maison est destiné à l'étranger.
Aujourd'hui, Nacéra Belaza tourne dans le monde entier, sauf dans son pays natal, l'Algérie. Mis à part la création, en 2003, du spectacle «Paris-Alger», à l'occasion de l'année de l'Algérie en France, elle n'a reçu aucun soutien du ministère de la Culture. Malgré les courriers adressés à Mme Khalida Toumi et les relances, aucune suite n'a été donnée à un projet qu'elle voulait monter en Algérie sous le titre «Entre les deux rives».Même si Nacéra n'est pas prophète dans son pays, dans de nombreuses autres contrées son travail est apprécié à sa juste valeur.


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