Algérie

Nacer Djabi



Nacer Djabi
Que cachent les réformes envisagées dans le monde du travail, comme l'abrogation prochaine de la retraite sans condition, la révision du code du travail et la promulgation de la loi fixant l'âge de départ à la retraite à 60 ans, à partir de 2017 'Cette question a fait l'objet d'une journée d'étude initiée, hier, par les organisations syndicales autonomes, au siège du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), à Garidi 2 (Kouba), à Alger. Dans son intervention, Nouredine Bouderba, consultant en relations de travail, a situé d'emblée ces réformes dans "l'objectif ultralibéral". Selon lui, les réformes en discussion dateraient "du temps où le prix de pétrole était élevé".Mais, cette fois, pour les faire passer, l'Exécutif et le patronat, via FCE, "se basent sur le vieillissement de la population algérienne, qui est un gros mensonge, sur les ratios mondiaux d'équilibre des systèmes de retraite et l'élévation de l'espérance de vie à 77 ans". Plus encore, l'Etat social, créé à l'Indépendance dans l'esprit de la proclamation du 1er Novembre 1954, est "remis en cause aujourd'hui par le FMI qui demande un changement du contrat social". Un changement à la fois de l'Etat et du statut du travailleur, qui deviendra une "marchandise". Ces réformes, dira-t-il, sont "injustifiées" et annoncent "une remise en cause des acquis des travailleurs", sinon "une ère de régression sans précédent". Pourtant, la vraie question reste, selon lui, celle du "projet de société". Concernant les dernières mesures relatives à la retraite, l'intervenant a estimé qu'elles renvoient à "trois objectifs visés", à savoir : l'élévation de l'âge de départ à la retraite, la réduction du montant de la pension de retraite et l'introduction de la retraite par capitalisation. Plus loin, le spécialiste des affaires sociales a laissé entendre que les arguments avancés par le duo gouvernement-patronat, qui est soutenu par "la direction de l'UGTA qui a marché dans la combine", s'éloignent du développement "centré sur le développement humain". En marge de la rencontre, M. Bouderba nous a confié que "tous ces mensonges sont destinés à attirer l'argent des cotisations des travailleurs vers le marché soi-disant financier, mais en réalité vers les forces de l'argent, non pas pour le développement de l'économie, mais pour leur propre enrichissement". De son côté, le sociologue Nacer Djabi a constaté que notre pays se trouve dans "une étape de percée et d'offensive du libéralisme et du néolibéralisme". Mais, il avouera que face à "l'acharnement néolibéral", à "ceux qui nous gouvernent qui ne connaissent pas le monde du travail ou qui sont contre lui", les forces de gauche et les forces démocratiques, y compris les partis politiques et la pensée économique, ainsi que ceux qui défendent le monde du travail, "sont faibles". "Aujourd'hui, les forces qui pèsent sur le rapport de forces ne sont pas favorables au monde du travail", a-t-il soutenu, déplorant "la vision rentière" du patronat, l'absence de dialogue, le silence du Parlement et le retrait de la presse. En outre, il fera part de ses doutes, quant au retour en force des investissements étrangers (IDE). Pour M. Djabi, le problème de la retraite n'est pas "un problème démographique, mais un problème du développement". "L'investisseur étranger ne viendra pas parce que les lois sont antisociales, mais voudra autre chose : pas de corruption, une administration moderne, moins de bureaucratie, un système bancaire performant et une main-d'?uvre qualifiée", expliquera-t-il, en désapprouvant ces attaques contre les travailleurs, qualifiés de "maillon faible".Hafida Ameyar


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