Décidément, les
citoyens de Naâma n'en reviennent pas. Jamais, disent-ils, depuis qu'ils se
souviennent, le prix du kilogramme de viande rouge n'a atteint une cherté
pareille dans une wilaya où toute l'économie locale tourne quasiment autour du
mouton.
Depuis les
dernières chutes de pluie qui ont favorisé la régénération des
parcours steppiques, le prix de la viande rouge a flambé, transmettant ainsi sur son
passage la contagion à
d'autres produits tels le poulet qui a grimpé à 330 DA le kilo et la dinde qui n'est pas
cédée à moins de 400 DA le kilo.
Une petite tournée
à travers les boucheries de Méchéria, le plus important centre urbain de la wilaya, pour s'enquérir de la réalité du marché, la viande d'agneau affiche
honteusement entre 950 DA et 100 DA le kilogramme, celle du veau, très prisée
en cette période de froid, n'est pas cédée à moins de 800 DA le kilo. Quant à la viande de la brebis et du chevreau, elle
est négociable entre 700 DA et 750 DA le kilo.
Bien qu'à l'idée
d'évoquer ces prix jamais enregistrés de mémoire de Naâmi, les petites et
moyennes bourses tremblent et voient ainsi leur avenir compromis.Interrogés sur
les motivations de cette hausse surprenante à plus d'un titre, certains
éleveurs connus de par leur mainmise sur le marché du bétail, avancent moult
raisons, mais celles-ci, selon les professionnels, ne tiennent que sur un bout
de fil.
«On fait dans la récupération, justifie
un éleveur de la région d'El-Kasdir,
parce qu'on a payé un lourd tribut à la cherté de l'aliment du bétail, notamment l'orge
qui a dépassé le seuil des 300 DA/q».
L'intervenant est
relayé par un autre éleveur de la
région de Aïn Benkhelil qui justifie, à son tour, la hausse du prix de la viande par l'importance
de la demande née
de l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés, une demande, explique-t-il, qui
est venue à un moment où l'offre a été affaiblie par la conjoncture de
l'Aïd El Adha. «Le peu de cheptel qui a été épargné, dira notre interlocuteur, a
fait l'objet d'une spéculation sans précédent».
Néanmoins, les
consommateurs ne sont pas près de l'entendre de cette oreille et considèrent
que les justifications des éleveurs sont loin d'être fondées et ne répondent à
aucune logique économique, arguant le fait que l'Etat n'a jamais abandonné ses
éleveurs pendant les périodes de disette, en ce sens que les programmes de
soutien à l'activité pastorale mis à leur disposition se comptent par dizaines.
Ali, un membre
actif d'une association pour la
défense du consommateur, rétorque sans gêne : «Les éleveurs
sont des ingrats, ils ne pensent qu'à leurs intérêts, oubliant les efforts
consentis par l'Etat en leur faveur, se traduisant par une multitude de
programmes de soutien, tels celui de l'aliment du bétail ou encore celui de la vaccination du
cheptel sans évoquer les actions inscrites en leur faveur dans le cadre du FNRDA
et de lutte contre la
désertification et auxquels s'ajoutent les différents fonds
d'indemnisation inhérents aux calamités et catastrophes naturelles». «Aujourd'hui,
renchérit notre interlocuteur, alors que ces éleveurs sont bien lotis à la faveur de la pluviométrie et la régénération des
parcours, ils continuent dans leur façon de faire, imposant des prix qui
dépassent tout entendement».
Dahmane, un homme
du secteur ne s'est pas retenu de s'exprimer à son tour en disant : «Le
désengagement de l'Etat en matière de contrôle du marché du bétail a laissé la voie libre à toutes les
formes de spéculation sur la
viande. Je pense qu'il est vraiment temps pour l'Etat de
revenir sur la scène,
sinon pourquoi soutenir ces pasteurs s'ils ne jouent pas leur rôle économique
de façon à ramener le prix de la
viande à la
portée du consommateur».
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Posté Le : 22/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : M S Laradji
Source : www.lequotidien-oran.com