Algérie

Na Cherifa



Na Cherifa
Na Cherifa, la Diva de la Chanson Kabyle au parcours atypique
Chérifa (en kabyle : Nna Crifa), de son vrai nom Ouardia Bouchemlal, nait le 9 janvier 1926, au village Ath Halla, localité d’Ilmayen, dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj. La diva de la chanson kabyle a marqué de son empreinte la culture algérienne en lui léguant d’inoubliables chefs-d’œuvre, tels que Aya zerzur, Ad nzur lwali et sniwa d ifenǧalen.
Une enfance faite de souffrance
Dès sa tendre enfance, Nna Cherifa goûte à la misère et connaît des difficultés sociales insoutenables. Son père meurt et la laisse orpheline alors qu’elle avait à peine trois ans. Sa mère décide de se remarier et la confie à ses oncles. Celui-ci ne la considéra jamais autrement que comme une pauvre bergère. À l’âge de dix ans, on l’envoie faire paître le troupeau familial, et là elle se découvre un charmant filet vocal et s’éprend de musique traditionnelle. Mais dans la Kabylie de l’époque, si l’on appréciait les chanteurs, on n’aimait pas en avoir chez sa famille.
Le départ vers Alger
En 1943, à l’âge de dix-huit ans, la jeune Ouardia, qui n’a jamais été scolarisée, décide de quitter son village natal pour vivre de sa vocation. Elle rejoint d’abord à Akbou (commune de Bejaïa), après 30 km de marche pieds nus ; et quelque temps plus tard, elle part pour Alger. Dans le train qui la conduit vers la capitale, elle compose Bqa ɛla xir aya Aqbu (Adieu Akbou), le titre qui lancera sa carrière musicale.
Après quatre années passées avec Lla Yamina, Cherifa va habiter au Clos Salembier, rue des Coquelicots. Elle y partagera, durant une dizaine d’années, le domicile du rossignol de la chanson kabyle au destin tragique, Hnifa (originaire d’Ighil M’henni, village de la commune d’Azzefoun, wilaya de Tizi-Ouzou).
Au début, elle se produit surtout à la radio algérienne d’expression kabyle Chaîne II. Grâce à ses prestations remarquables dans l’émission Urar n lxalat, Cherifa s’impose vite comme la maîtresse du chant folklorique kabyle. Ensuite, pendant plusieurs années, elle tourne un peu partout en Algérie et enregistre de nombreux morceaux, certains de sa propre composition, d’autres puisés dans le patrimoine local. Son répertoire compte plus de 800 chansons.
Dans la dèche
Dans les années soixante-dix, au faîte de la célébrité, Cherifa sombre à nouveau dans la misère. Dépouillée par le fisc et privée de droit d’auteur, elle stoppe sa carrière et, pour survivre, elle se retrouve à s’acquitter de tâches ménagères à la télévision algérienne. La chanteuse est à ce moment-là au bord de la dépression. Ce n’est qu’au cours de la décennie suivante que les jeunes la redécouvrent et la placent en tête d’affiche lors de tournées.
Nna Cherfia s’en va
Après une carrière substantielle, Nna Cherifa tire sa révérence, le jeudi 13 mars 2014, à Alger, à l’âge de 88 ans, après une longue maladie.
Malgré ses œuvres intemporelles, la diva de la chanson kabyle n’a eu droit à la reconnaissance que tardivement. Ses chants pénétrants et qui suscitent chez l’auditeur une émotion indicible, leur mère inspiratrice, c’est la douleur, la souffrance… Cherifa incarne dans la mémoire collective l’image d’une virtuose des préludes (acewwiq), des poèmes d’amour (aḥiḥa) et des chants religieux (d’kir). L’enfant des Ath Halla a chanté la vie sous tous ses aspects.
Farid L.
Algérie 360°


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