Algérie

«N'ouvrons pas la boîte de Pandore...»



«N'ouvrons pas la boîte de Pandore...»
[La session ordinaire du FLN donne bien des soucis aux cadres du parti]La session ordinaire du FLN donne bien des soucis aux cadres du parti
A deux jours du comité central, l'ancien ministre de l'Habitat et vieux routier de la maison FLN revient dans cet entretien sur la réunion décisive qui verra une confrontation directe entre la direction et les redresseurs. Pour lui, la question de retrait de confiance n'a pas lieu d'être posée, mais le SG va l'aborder avec courage devant le comité central.
L'Expression: Le comité central des 15 et 16 juin s'annonce décisif. Ne craignez-vous pas des affrontements'
Abderrahmane Belayat: Avant cela, je tiens à préciser que nous allons aborder cette réunion périodique et ordinaire sereinement et méthodiquement et avec beaucoup de courage. Comme peuvent le penser certains, il faut prendre des décisions courageuses sur des problèmes abordés par les membres du comité central qui ont préféré étaler les problèmes du parti sur les journaux et les chaînes satellitaires. Il faut savoir une chose, s'il y a une décision importante à prendre, nous sommes tout à fait disposés à le faire. Nous n'avons pas peur de la confrontation ni des comptes.
L'ordre du jour de la réunion est contesté. Les mécontents exigent le vote sur le retrait de confiance comme seul point à débattre.
Il n'y a pas lieu de parler de contestation. L'ordre du jour est proposé par le secrétaire général du parti et il sera soumis à l'adoption du comité central. C'est à partir de là qu'il faut protester. Les frères dont vous parlez veulent remettre en cause la question du secrétaire général, ils sont libres mais elle est contraire au statut du parti. L'article 38 stipule que le SG est élu pour un mandat de cinq ans. Le secrétaire général a été élu lors de la première réunion du comité central avant même la fin des travaux du 9e congrès et personne ne s'est opposé à son élection. De plus, il n'y avait pas d'autres candidats. Le SG n' a pas été élu par le bureau politique. Je crois savoir que les contestataires semblent invoquer l'article 13 du statut du parti qui dit que les instances exécutives peuvent être appelées à rendre des comptes et si le résultat n'est pas satisfaisant, il y a retrait de confiance. Or, il ne faut pas confondre entre le poste et les instances. Le SG est protégé par le statut pour éviter justement des contestations qui ne sont pas favorables au statut et peuvent être des considérations de personnes. Juridiquement et selon les statuts, le retrait de confiance n'a pas lieu d'être. Sur le plan politique, quand les problèmes persistent même s'ils sont en contradiction avec le statut, il appartient au SG d'évoquer ce sujet. Je pense que si le secrétaire général est appelé, il n'a aucune difficulté sur ce domaine, à aborder la question du retrait de confiance devant le comité central avec détermination, transparence et confiance.
Le SG fait preuve de bon sens, de réalisme et de confiance. Le fait qu'une majorité est contre le retrait de confiance au SG, Belkhadem se fera fort d'obtenir l'approbation du comité central en espérant qu'il n' y aura plus ce prétexte pour jeter un voile sur les résultats du parti. Sur tous les griefs reprochés au SG, il n'y a pas de divergence idéologique sur la ligne politique du parti.
En cas où M.Belkhadem ne sera pas reconduit, que va-t-il se passer'
Tout simplement, c'est la boîte de Pandore qui s'ouvre, mais il reste l'espérance comme le dit la mythologie grecque. Au cas où Belkhadem ne sera pas reconduit, c'est tous les démons qui vont s'affronter. Pour moi, je suis optimiste c'est une probabilité très éloignée.
L'exclusion de 16 membres du comité central, de la réunion de vendredi, n'est-elle pas une provocation'
Ce n'est pas une provocation. La provocation c'est de continuer à enfreindre le statut du parti. Je précise qu'il n'y a pas eu d'exclusion. Le statut dit clairement que tout membre qui se présente pour un autre parti s'exclut de lui-même. Quant aux cas des deux membres du comité central convoqués par la commission de discipline, ils n'y ont pas répondu.
Les contestataires qualifient la direction du parti d'association de malfaiteurs, que répondez-vous'
C'est une déclaration très grave. Si tel est le cas, nous tombons sous la juridiction du Code pénal. C'est très regrettable et elle est passible de sanction prévue par le statut du parti qui a permis à ces responsables d'occuper des postes au sein des institutions de l'Etat. Est-ce le coup de colère ou alors une déclaration qui tend à justifier de façon indigne et innomée l'échec de leur démarche le jour de la tenue du comité central' Les auteurs de cette déclaration sont aussi membres de cette association «comité central». Depuis quand le parti est-il une association de malfaiteurs' Pour ne pas aller dans cette polémique stérile, c'est lorsqu'on manque d'arguments et que l'échéance arrive, c'est une preuve d'agitation et de manque de sang-froid.
Le président d'honneur du parti est-il au courant de cette situation. Pourquoi n'est-il pas intervenu'
Certainement, il doit être au courant. C'est son parti depuis 1954. Il est au courant, il y a aussi les dispositions de nos statuts, mais le niveau de sa responsabilité ne le pousse pas ou n'exige pas de lui qu'il se mêle des affrontements de procédures parce qu'il est confiant en l'application cohérente des statuts qui permettent de régler cette situation qui, je l'espère, sera passagère. Je crois que le Président assume ses responsabilité dans les grandes réformes qui attendent le pays. Au lieu de s'occuper des petites escarmouches au sein du parti. Le Président est plutôt très attentif à ce qui se passe au niveau des frontières entre autres la Tunisie, la Libye, le Mali et la Syrie. Je peux être sûr que cela ne lui fait pas plaisir. Cela doit le chagriner mais le parcours du Président fait qu'il n'est pas surpris. Il a dû vivre dans sa longue carrière militante ce que provoquent des impatiences, des prétentions, des manipulations. Il sait que le parti a des ressources plus profondes que celles qui exposent les contestations qui sont alimentées par des considérations assez mesquines, éphémères et assez vaines.
M.Harraoubia a été remplacé à la dernière minute par Larbi Ould Khelifa pour présider l'Assemblée populaire nationale sur décision du Président.
Ce sont des supputations. Nous n'avons jamais discuté de cela. La liste d'Alger a été la dernière à être élaborée c'est à la dernière minute que nous avons pensé à une personnalité qui a la densité politique, scientifique, culturelle et la crédibilité nécessaire pour être à la tête de la liste d'Alger. Il y avait beaucoup d'hypothèses sur les noms pressentis à la tête de l'APN. Le choix a été porté sur Ould Khelifa. Pour nous, Ould Khelifa ou Harraoubia, les deux arrangent le FLN puisqu'il est majoritaire.
La désignation de Djemaï à la tête du groupe parlementaire du FLN n'est-elle pas une entorse au statut du parti'
Elle est statutaire. Les postes ne sont pas réservés exclusivement aux militants du parti. Mohammed Djemaï a été élu. Les députés élus sont égaux. Ce député a les critères de la jeunesse, membre du comité central. Maintenant, si vous me parlez du cas d'incompatibilité, il appartient aux responsables de l'APN d'appliquer la loi sur le cas d'incompatibilité.
L'opposition accuse le FLN d'hégémonie sur l'APN, allez-vous les associer à la prise de décision'
Oui, nous allons les associer mais en gardant la logique de la locomotive et le moteur c'est nous. Depuis 1990, nous avons plaidé pour une coopération avec les autres partis.
Envisagez-vous de nouvelles alliances'
Ceux qui veulent travailler avec nous sont les bienvenus. Nous sommes dans le Programme du président de la République, nous sommes un parti majoritaire et nous sommes alliés avec le RND, maintenant si l'Alliance verte ou un autre parti veulent nous rejoindre, ils sont les bienvenus mais ceux qui réclament un régime parlementaire de type de IVe république, nous leur disons non.
Le FLN tient-il à sa revendication, à savoir la présidence du gouvernement'
Quand on a une majorité aussi claire et aussi solide, il est naturel qu'on préside le gouvernement. Le poste n'est pas un poste neutre, c'est dans la nature des choses. Le modèle présidentiel que nous vivons depuis 1962 est que l'opinion du président de la République est d'obédience FLN et quant à la volonté de désigner quelqu'un en dehors du parti ne nous gêne pas puisque le responsable suit les orientations du président de la République et doit tenir compte obligatoirement de l'ampleur de cette majorité. Je pense que nous avons suffisamment de personnes pour ce faire. Nous pouvons même gérer tous les ministères et même ceux de souveraineté, à savoir la Défense, la Justice, les Affaires étrangères, l'Intérieur et les Finances. Le FLN a vocation à assurer pleinement ce challenge.




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