N'est-ce pas que la maison appartient à ceux qui l'habitent '

Avant de développer notre histoire sur cette belle maison qui se trouve à Bou Ismaïl, nous tenons à dire quelques mots sur l'état catastrophique dans lequel se trouve la plage de cette belle agglomération de notre littoral.Après de longues et nombreuses années, la pollution destructrice qui l'a envahie est toujours là, plus meurtrière que jamais. Cette pollution ne sème que mort et puanteur. Et pourtant, les organismes et responsables concernés par cette situation sont nombreux : APC, daïra, wilaya, ministères de l'Environnement, du Tourisme, de la Jeunesse, de l'Intérieur, de la Santé, etc. Notre espoir, aujourd'hui, est que notre texte mette un peu de baume au c'ur des habitants de cette cité du littoral. Nous revenons à notre histoire de maison, heureusement beaucoup plus sympathique et agréable. Cette histoire concerne les Bacri de Bou Ismaïl, ex-Castiglione, comme ils aiment à l'appeler encore aujourd'hui. Ces derniers avaient été tout d'abord impressionnés par l'hospitalité et la gentillesse des habitants de leur ancienne ville. C'est Agnès Djaoui, la réalisatrice, qui est à l'origine de cette histoire.Elle était venue à Alger présenter son dernier film, écrit avec Roland Bacri, son mari, qui en est aussi l'interprète principal. Roland ne l'avait pas accompagnée. Ressentant quelque appréhension à l'idée des retrouvailles avec sa petite cité, son quartier, son école, sa maison, ses amis, il s'était résigné à confier la mission d'éclaireur à sa famille. C'est ainsi que M. et Mme Bacri, père et mère, se sont retrouvés à Alger en compagnie d'Agnès Djaoui. A l'occasion de notre rendez-vous dans l'un de nos restaurants préférés de La Madrague, Mme Bacri, qui revenait de sa visite à Bou Ismaïl, nous a raconté l'histoire qu'elle venait de vivre. Durant tout le récit, son époux, très ému, écoutait sans rien dire. Voilà ce qu'elle nous a dit : «Nous sommes arrivés devant la maison vers 10h. J'ai retrouvé facilement l'adresse. Auparavant, j'avais été impressionnée par la propreté et la beauté des lieux. Les maisons étaient coquettes et possédaient un jardin fleuri. Devant la porte, et après un instant d'hésitation, j'ai fini par appuyer sur la sonnette qui fonctionnait fort bien. Une dame assez âgée, pas autant que moi tout de même, a ouvert la porte, nous a dévisagés et, immédiatement, j'ai compris qu'elle avait tout compris. Elle nous a aussitôt fait entrer et entrepris de nous faire visiter les lieux. Tout était parfait : le jardin, l'escalier rénové, la maison restaurée.En un mot, j'ai retrouvé ma maison encore plus belle. La dame nous a ensuite orientés vers la cuisine qui se trouvait au même endroit. C'est là que j'ai eu le plus grand choc de ma vie : la table, toujours installée à la même place, était recouverte de la même toile cirée à carreaux rouges et blancs. Je l'ai immédiatement reconnue, car elle avait sur son pan gauche un petit trou en forme de c'ur. Bien sûr, j'ai aussitôt éclaté en sanglots. Mon mari aussi.» Ces sanglots, contenus, n'avaient d'ailleurs pas quitté Mme Bacri pendant tout son récit. Après l'avoir écoutée, nous nous sommes dit que Roland Bacri n'hésitera certainement pas, une prochaine fois, à faire le voyage d'Alger et de Bou Ismaïl. Espérons que d'ici là, la pollution de la plage ne sera plus qu'un mauvais souvenir et que les habitants de cette charmante cité auront retrouvé leur joie de vivre. P. S. : C'est avec énormément de peine et de tristesse que nous apprenons la disparition brutale de notre ami Hamid Mitidji, que tous les siens appelaient affectueusement «papa». Cet enfant de Blida a marqué le lycée de Ben Aknoun et son équipe de hand durant les années cinquante, la faculté de droit et son amphi Peltier les années soixante.