Algérie


Mythes
«Le caractère le plus profond du mythe, c'est le pouvoir qu'il prend sur nous, généralement à notre insu.» Denis de RougemontDans une longue lettre ouverte à Benjamin Stora, Abdeslam Abdenour, écrivain et militant bien connu de la cause amazighe, a contesté à l'historien sa vision du Mouvement national algérien et, surtout, la paternité qu'il accorde à Messali Hadj sur ce dernier, tout en marginalisant dans le même temps le rôle, dit-il, premier et fondamental des militants originaires de Kabylie. Cela me rappelle un fait saillant: le grand militant des causes justes, Abdelhamid Benzine avait préparé durant les dernières années de sa vie active, une série de conférences. La plus originale traitait du rôle très modeste de Messali Hadj dans les premières années de l'Etoile nord-africaine. Mais les vieux mythes ont la peau dure: l'époque héroïque du baâthisme triomphant nous avait abreuvé, jadis sous le règne du socialisme spécifique, d'ouvrages littéraires et de conférences intéressantes ou soporifiques.C'est selon l'orateur du moment. Toutes ces manifestations culturelles, littéraires ou artistiques voulaient nous convaincre de l'immense apport civilisationnel du Moyen-Orient au Maghreb.Il serait intéressant de noter que la religion a été le principal vecteur de la langue arabe qui, à son tour, a introduit dans cette région dominée jusque-là par la civilisation gréco-romaine, une dynamique de productions littéraires, scientifiques et artistiques qui ont, à leur tour, produit sur le Moyen-Orient des effets historiques manifestes. Si les dirigeants ou les docteurs du Maghreb instruits des héritages grecs et arabes ont fait souvent référence aux productions du Moyen-Orient, leur propre production éclairera à son tour cette région propice à la création. Il n'y a qu'à citer Ibn Khaldoun, Maghrébin par excellence, qui demeure un phare sur le plan universel dans l'historiographie et la sociologie.L'Emir Abdelkader brillera à son tour par son génie et sa culture et rendra, dans l'exil qu'il s'est choisi, des services immenses à sa patrie d'adoption. C'est pour cela que depuis, maints nationalistes maghrébins vont chercher leur inspiration dans les points de vue des responsables politiques du Moyen-Orient afin de mener les luttes de Libération nationale qui allèrent s'opérer dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il serait important de citer Messali Hadj, grand admirateur du mouvement des Jeunes Turcs, qui alla chercher son inspiration chez les fondateurs libanais du mouvement baâthiste, malgré le fait qu'il ait reçu une formation de militant dans les rangs serrés de la pugnace CGT où se retrouvaient tous les damnés de la terre humiliés par la politique coloniale française. L'Emir Abdelkrim El Khattabi, l'oublié de l'histoire anticoloniale du Maghreb, qui dut combattre deux armées européennes, se réfugia finalement au Caire où il rendit l'âme.C'est au Caire aussi que trouvèrent refuge les fondateurs du FLN et ceux qui allaient oeuvrer à réunir les moyens matériels pour libérer l'Algérie. L'Egypte de Nasser sera souvent citée comme l'inspiratrice des décisions politiques de Ben Bella.Quoi de plus naturel! Il ne faut pas oublier que Le Caire a été fondé par les Fatimides, ces guerriers issus des tribus Kotama qui retournèrent le flambeau de la foi vers l'Orient d'où il est issu.Quoi de plus naturel aussi que nombre de volontaires algériens soient morts pour la Palestine sur la rive Ouest du canal de Suez. C'est toujours ainsi que se perpétue l'héritage laissé par Sashnaq 1er qui occupa l'Egypte, il y a près de 3 000 ans. C'est pour cela aussi que le message sacré a été transmis en Espagne par Tariq Ibn Zyad. Les vents d'est et d'ouest soufflent en alternance.




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