Véritable système d'entraide et d'assistance en milieu corporatiste, la cotisation régulière d'argent, même informelle, est devenue en l'espace de quelques temps pratique courante et admise par tous. Le corps de l'enseignement connaît cela de plus près. Dans les faits, le personnel exerçant au niveau d'un même établissement cotise chaque mois à hauteur de 1.000 ou 2.000 dinars, voire parfois jusqu'à 5.000 DA, selon le montant convenu par tous avant le lancement de l'opération. Et chaque mois, l'un des cotisants, tiré au sort ou désigné dès le lancement de l'opération selon un listing, empoche la somme avec quoi il en fera utile usage. Le contrat tacite dans ce cas est moral est que celui qui fait faux bond sera rejeté par le groupe. Benaouda, enseignant dans un CEM avec 23 années d'ancienneté, avoue percevoir 25.000 dinars par mois. La quête, dira-t-il, fait désormais partie des usages courants dans de nombreux établissements scolaires. Cette quête, précise-t-il, tout en la qualifiant de véritable initiative de solidarité, a permis à de nombreux enseignants de boucher des trous ou parer au plus urgent, précise-t-il. Solidarité, effectivement d'une classe moyenne laminée par un pouvoir d'achat sans cesse en deçà de ce que touche un cadre moyen. Bien sûr, reconnaît-il, cela est interdit par la loi car assimilé à une caisse noire surtout pendant la période noire durant laquelle tous les mouvements de fonds incontrôlés étaient suspectés. Une autre dame enseignante abonde dans le même sens en précisant qu'il y a deux sortes de caisse. L'une pour les grosses sommes avec quoi l'on peut acheter un mobilier qui manque ou réaliser un projet en instance et une autre quête de 200 dinars mensuels qui sert à venir en aide pour les cas les plus urgents: maladie, décès et autres imprévus. Le corporatisme du genre joue pour colmater les brèches des différents systèmes mis en place: oeuvres sociales ou système mutualiste qualifié de bureaucratique et de lourd. La quête, par contre, permet de toucher rapidement l'argent sans devoir s'embourber de tracasserie administrative et d'attendre longtemps la livraison de la commande, comme c'est le cas avec les oeuvres sociales. Dans les entreprises publiques ou les administrations, l'usage de la cotisation est chose courante. On cotise chaque mois et chaque mois un cotisant se verra empocher un certain montant pour aller s'acquérir pour les enfants le micro-ordinateur qui manque ou autre dette à rembourser. Pour les heureuses occasions, mariage entre autres, l'heureux élu sera admis d'office sans passer par la file d'attente. 50.000 dinars offerts d'un coup n'est pas une modique somme pour boucher un trou, conclut notre interlocuteur, employé dans une entreprise publique. Notons que les règlements intérieurs interdisent cette pratique et la loi du travail notamment la 90/33 a promulgué, dès 1992, le système mutualiste. Les employés d'une même entité cotisent à hauteur de 1 ou 2 % du salaire de poste. Le travailleur, ainsi, en fin de carrière, percevra une certaine somme d'argent comme par exemple 10 fois son salaire de base qui avoisinera les 30 millions de centimes. La caisse mutualiste offre aussi des crédits sans intérêts pour le logement social, le mariage et la prise en charge partielle des frais médicaux pour lourdes thérapies ou venir en aide aux ayants droit d'un agent décédé. La mutuelle dans l'autre volet le plus intéressant, de l'avis de tous, est la mise en place du système de retraite complémentaire. Un retraité verra ainsi sa retraite qui, selon la loi, ne peut aller au-delà de 80 % de son salaire, complétée à hauteur de 20 %. Ce volet ne concerne que quelques entreprises les plus nanties. En attendant la généralisation de ce système, nos enseignants et autres fonctionnaires continuent de recourir à la cotisation mensuelle qui les fera sentir un peu moins, le poids de leur précarité.
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Posté Le : 07/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : T Lakhal
Source : www.lequotidien-oran.com