Algérie

Mustapha Khiati. Président de la Forem



« Il y a un véritable laxisme en matière de lutte »  Où se situe le problème dans la lutte contre l?intoxication alimentaire en Algérie ?  Il y a plusieurs niveaux. Le premier est un problème d?éducation, parce que le problème de l?intoxication alimentaire est un problème social qui touche toute la société. Donc, on ne peut pas dire que c?est tel ou tel autre ministère qui est responsable. Nous avons constaté que le plus grand nombre d?intoxications enregistré s?est produit durant les fêtes traditionnelles et familiales. Les gens ne respectent pas les normes dans les modes de préparation. Il faut absolument respecter la chaîne de froid. Il faut savoir que lorsque l?on sort un produit du réfrigérateur, il faut l?utiliser immédiatement et ne pas l?exposer à une source de chaleur. En deuxième lieu, il y a un manque de textes législatifs. Avoir un registre du commerce et ouvrir un commerce est un droit pour chaque citoyen, mais il faut qu?il y ait une conditionnalité d?ouverture. C?est-à-dire que la direction du registre du commerce doit proposer un cahier des charges définissant toutes les conditions d?ouverture des commerces. Est-ce qu?il est permis, par exemple, d?ouvrir dans une cité résidentielle 40 pizzerias ? Ce n?est pas possible. Il faut revenir aux enquêtes qui avaient existé durant l?époque coloniale et qui donnent la possibilité aux riverains d?émettre leur avis avant d?octroyer une autorisation d?ouverture d?un commerce. Je pense que ces deux éléments doivent être pris en considération, parce que aujourd?hui nous sommes arrivés à un taux d?intoxication qui n?est plus tolérable. Les sources officielles parlent de 5000 intoxications par an. En plus, l?enquête faite la semaine dernière montre que moins de 30% des personnes intoxiquées consultent un médecin privé ou un hôpital. Cela veut dire que ces chiffres-là doivent être multipliés par trois ou quatre. Donc, si on dit qu?il y a 15 000 à 20 000 intoxications par an, ce n?est pas exagéré. L?enquête a montré également que 15% des personnes prennent des arrêts de travail. Il y a donc une incidence financière réelle.  Justement, est-ce qu?on peut connaître les dépenses annuelles dues au problème d?intoxications ?  Les coûts sont considérables. S?il y a 20 000 cas d?intoxication par an, le coût tournera autour de 500 millions à 1 milliard de dinars. Ces chiffres concernent l?hospitalisation des malades, l?achat des médicaments et les arrêts de travail, ce qui est énorme pour un pays comme l?Algérie. Comme on n?a pas de chiffres exacts, les coûts peuvent être plus conséquents.  Les chiffres communiqués officiellement montrent que le pays n?a réalisé aucune avancée en matière de lutte contre ce phénomène. Qu?est-ce qu?il faut faire exactement et quels sont les organismes auxquels incombe la responsabilité de renforcer cette lutte ?  Tout le monde doit être responsable. On ne peut pas responsabiliser uniquement le ministère du Commerce, celui de la Santé ou le bureau d?hygiène de la commune qui dépend du ministère de l?Intérieur. En fait, il faut donner plus de pouvoirs aux associations de consommateurs pour qu?elles soient l??il vigilant de la société. Or, aujourd?hui, il y a une insuffisance en la matière. En outre, il y a un manque de sensibilisation. C?est vrai qu?on ne parle de ce problème que durant la période estivale, mais il existe à longueur d?année. Il y a une anarchie dans l?ouverture des commerces et c?est anormal. Je pense qu?il y a un véritable laxisme. Normalement, quand il y a un cas d?intoxication, il faut ester en justice le responsable qui est le P/APC. Toutes les victimes d?intoxication doivent se constituer en association pour poursuivre en justice les P/APC qui assument la responsabilité de l?ouverture des centres de vente et de tous les dépassements qui vont avoir lieu, parce qu?ils ont l?autorité d?officier civil leur permettant d?interdire le commerce des produits de consommation sur les trottoirs.


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