Algérie

Mustapha Dahleb : «L'Inter me voulait avec Platini»



Premier joueur majeur du PSG, le meneur de jeu algérien a évolué dix ans à Paris sans jamais éprouver le besoin d'aller voir ailleurs.Quels sont les joueurs les plus forts avec lesquels vous avez joué '
Ça, c'est une question difficile. Mais bon, je garde le souvenir d'un joueur exceptionnel à Sedan, là où j'ai commencé ma carrière. Il s'agit d'Ivica Osim (1972-1975). C'était un international yougoslave incroyable, qui a fait une longue carrière en France et qui, surtout, ne perdait jamais le ballon. J'étais jeune, je débutais, et il m'impressionnait tant il respirait le football. Il m'a un peu pris sous son aile et j'ai eu la chance d'avoir un super professeur pour entrer dans la carrière.
Et au Paris-SG '
À Paris, je vais citer Jean-Pierre Dogliani, notre capitaine, Safet Susic et Carlos Bianchi. Dogliani (1973-1976, décédé en 2003) m'a donné le goût du football, du beau jeu. Il était phénoménal. Susic, lui, a amené le club dans une autre dimension. Quant à Carlos, je dis toujours qu'il était capable de marquer des buts sans même toucher le ballon. Il était tellement subtil dans son placement. Pourtant, il avait un problème de vue. Sa hantise, c'était de jouer l'après-midi avec le soleil. Ça le gênait. Je ne suis pas sûr que ses partenaires s'en soient rendu compte?
L'entraîneur que vous redoutiez le plus '
Louis Dugauguez, à Sedan. Il s'occupait de tout, voulait tout contrôler. Allait dans les bars pour savoir si les joueurs ne buvaient pas trop de bières. Mais dans le travail au quotidien, il était exceptionnel et m'a énormément marqué. Jeune à Sedan, j'allais à l'entraînement à 6h45, avant d'aller au lycée. Heureusement, je n'ai pas souffert du froid dans les Ardennes. Il faut dire que j'y suis arrivé quand j'avais neuf mois. J'ai eu le temps de m'y habituer.
Votre première rencontre avec le Paris-SG '
Cela s'est passé à Reims, sur terrain neutre, entre Paris et Sedan. Deux dirigeants du PSG avaient fait le déplacement, et au moment de prendre le café ils m'ont demandé de prendre la nationalité française pour venir chez eux. Je me suis levé, j'ai dit : «Merci et au revoir», et je suis aussitôt reparti. Cela a duré dix minutes (rires). Mais bon, ils ont quand même gardé le contact avec Sedan et cela s'est fait plus tard.
Pourquoi avoir choisi le PSG et y être resté alors que vous étiez sollicité '
En 1974, j'étais au top de ma forme. Il y avait l'Inter, l'AC Milan, l'Ajax, même Fluminense, au Brésil. Et chaque saison c'était comme ça. Mais à l'époque on avait tous, chez les footeux, l'esprit épicier du coin, alors que maintenant les clubs c'est plutôt la grande distribution. Je me disais : «Bof, pourquoi partir '», alors que je me sentais bien là où j'étais. C'est vrai que l'Inter de Milan me voulait vraiment. C'était en 1979, un an juste avant l'ouverture des frontières (de la Serie A). Les Italiens voulaient prendre Platini en 10 et moi comme ailier gauche. Michel était encore à Nancy. C'est ce qu'ils m'ont dit. J'étais contacté par les plus grands mais, encore une fois, cela ne me disait rien de partir. Dans nos têtes, nous n'étions pas encore professionnels.
Le président qui vous a le plus marqué '
Daniel Hechter. C'est lui qui a insisté pour que je vienne à Paris. C'est lui qui a inventé le club. Mais surtout, il avait un goût immodéré pour le foot et pour le beau jeu. Paris, c'était ça. Le beau jeu. C'est pour ça qu'il avait fait venir Just Fontaine comme entraîneur. C'était un entraîneur qui innovait. On prenait des risques offensifs. On pouvait parfois mener 4 à 0 à Nantes et finir le match à? 4-4. C'était ça le problème à l'époque.
Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée '
Avec le PSG, on s'était rendus à Lyon pour un match de championnat. Là-bas, ils refaisaient le stade pour l'Euro 84 et avaient donc déplacé nos vestiaires à au moins 2 kilomètres (rires), chez les amateurs. Moi je me trouvais dans une petite pièce contiguë, je lisais, et à moment donné je n'entends plus rien. Plus aucun bruit. Tout le monde était parti et ils m'avaient enfermé. Impossible de sortir. Il y avait même des barreaux aux fenêtres. J'ai donc attendu que l'on vienne me chercher. C'est ce qui s'est passé au bout d'un quart d'heure. Mais le match avait commencé. Oui, oui, ils avaient commencé sans moi, à dix. Personne ne s'était rendu compte de mon absence (rires). Mais j'ai marqué? le but du siècle, pour leur montrer que j'étais indispensable. Sur un long centre de la droite, le ballon est passé entre toutes les jambes. Tout le monde l'a regardé et il est entré dans le but (1-1). J'avais travaillé ça seul dans le vestiaire (il éclate de rire).»
In L'Equipe
Sa vie d'ex
Après dix saisons passées à Paris, Mustapha Dahleb a mis un terme à sa carrière à l'âge de 33 ans après une dernière expérience à Nice, alors en Ligue 2. «J'ai arrêté quand je me suis rendu compte que l'arbitre de touche courait plus vite que moi», s'amuse la légende du Parc des Princes, assis à une table de l'une de ses cantines parisiennes Le Cochon à l'oreille. Arrivé sur le lieu du rendez-vous? en métro («personne ne m'a reconnu, la rame était vide»), l'ancien ailier gauche de Sedan et du Paris SG explique s'être par la suite investi dans les articles de sport. «J'ai fait de l'import-export, des affaires dans l'immobilier et surtout j'ai essayé de m'impliquer dans le développement durable dans toute l'Afrique, pas seulement en Algérie.» Malgré des genoux récalcitrants, Mustapha Dahleb voyage beaucoup, de part et d'autre de la Méditerranée, et suit aujourd'hui le foot d'un 'il distrait. «En1986, j'ai effectué une dernière tentative dans ce milieu quand on m'a proposé de devenir le sélectionneur de l'équipe d'Algérie, mais cela a duré deux jours (rires).»
Le foot, désormais, c'est devant la télé, entouré par ses nombreux amis.


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