Le dialogue s'impose comme seule solution à la crise qui secoue actuellement la planète. Pourquoi'Parce que tout simplement nous n'avons pas le choix. C'est en somme la vision d'aussi bien Mustapha Cherif que d'Henri Tessier. Ce dernier, ancien archevêque d'Alger, lors de la table ronde ayant pour thème «Islam et Occident, regards croisés», animée dans le cadre du Salon international du livre d'Alger, au niveau du Pavillon central de la Safex. Laconique mais percutant, Henri Tessier est allé droit au but en disant qu'entre les musulmans et l'Occident, la première chose à éviter, c'est la confrontation. L'orateur a rappelé que déjà, entre les chrétiens eux-mêmes et entre les musulmans eux-mêmes, il y a deux grands courants. Dans les deux civilisations, il existe une partie constituée de gens ouverts, dotée d'un esprit de tolérance et une autre partie fermée sur elle-même qui ne voit en l'Autre que des défauts. Henri Tessier a précisé que le dialogue ne doit pas seulement se limiter entre l'Occident et le monde musulman, mais il doit aussi avoir lieu entre les musulmans eux-mêmes et entre les Occidentaux eux-mêmes. Il cite à ce titre une phrase illustre de Benoit 16: «La vérité ne peut se développer que dans l'altérité.» Dans ce sillage, l'orateur a indiqué que Occident et monde musulman «nous devons chercher la vérité ensemble», car, ajoute l'intervenant, la vérité n'est possédée par personne. Elle ne peut jaillir que dans la liberté et on ne peut pas l'imposer à l'Autre. Dans le même ordre d'idées et partageant vraisemblablement les mêmes convictions sur cette question avec Henri Tessier, Mustapha Cherif, en penseur éclairé et expérimenté, a rappelé d'emblée que bien qu'il s'agisse d'un vieux sujet, il n'en demeure pas moins que la question du dialogue entre les civilisations est incontestablement le sujet de l'heure. Mustapha Cherif a indiqué que ce sujet doit être analysé en profondeur scientifiquement, objectivement et surtout sans passion. En plus, a ajouté Mustapha Cherif, qui semble maîtriser à fond ce thème sur lequel il a beaucoup travaillé du reste, cette question fait intervenir plusieurs niveaux: comme la culture, la religion, la politique, la stratégie et même l'économie. D'après tous les sondages effectués, les musulmans ont une image plutôt très négative de l'Occident et vice-versa, souligne le conférencier. Or, il se trouve que sur le terrain, la vérité est tout autre puisque les deux cohabitent parfaitement dans tous les versants de la planète. Il faudrait de ce fait déconstruire cette image fausse basée sur des préjugés, ces malentendus et ces accusations réciproques. «Nous devons sortir des sentiments pour essayer de comprendre ce qu'est vraiment l'Autre», suggère Mustapha Cherif. Pour ce dernier, le dialogue est indispensable car il y a un vrai problème de connaissance. Les deux parties ne se connaissent pas réellement. «Il faut mettre en avant un certain nombre de principes partagés qui sont pourtant les fondement des deux parties, comme la tolérance», ajoute Mustapha Cherif. Pour y arriver, selon l'écrivain qui vient de publier un nouvel ouvrage aux éditions Casbah, intitulé «L'alliance des civilisations: Un défi pour l'humanité», il faut passer inévitablement par l'autocritique. Cette dernière s'impose aussi bien à l'Occident qu'au monde musulman car ce n'est pas normal que tout le temps l'un pense que c'est constamment l'autre qui a tort et qui a tous les défauts du monde. La profondeur de la crise civilisationnelle actuelle est une raison supplémentaire pour privilégier le dialogue. «Personne n'a le monopole de la civilisation. Nous devons dialoguer car nous ne devons pas passer notre temps à critiquer stérilement l'Autre», souligne Mustapha Cherif. En affirmant cela, Mustapha Cherif ne se fait pas d'illusions bien entendu.
«Il n'y a pas de monde parfait, mais il y a la perfectibilité qui peut être pratiquée en se corrigeant en permanence.» L'autre clé consiste à combattre les extrémismes quel qu'ils soient, explique l'orateur. Mustapha Chérif insiste en outre sur un fait qui lui semble incontestable: «Aucune identité n'est monolithique.» Mustapha Cherif a conclu sa plaidoirie pour le dialogue: «L'avenir dépend du dialogue des civilisations et des cultures. Il faut semer la culture de la paix. Nul n'a le droit d'imposer ses propres valeurs à l'Autre.»
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Posté Le : 29/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aomar MOHELLEBI
Source : www.lexpressiondz.com