Algérie

MUSTAPHA BOUDINA À PROPOS DU 19 JUIN 1956



«Nous n’avons pas demandé qu’elle soit chômée et payée»
«Il faudrait que le peuple français connaisse la liste de ces criminels et se démarque d’eux», a-t-il, par ailleurs, indiqué. Le président de l’Association des anciens condamnés à mort, Mustapha Boudina, a tenu à apporter, hier, des précisions concernant la réaction du ministre des Moudjahidine sur la date du 19 juin 1956. «Nous n’avons pas demandé à ce que cette journée soit chômée et payée mais nous avons revendiqué l’élargissement de la commémoration à tous les condamnés à mort guillotinés par le colonialisme français à compter de 1840», a souligné M.Boudina, l’invité du forum d’El Moudjahid. «Le ministre n’a pas encore donné son accord pour cette date», a-t-il souligné et de s’interroger: «Pourquoi pas cette date? Il faut nous donner des arguments car pour nous, le 19 juin 1956 est une date historique.»Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas avait déclaré que la demande relative à la commémoration de la journée des chouhada guillotinés par le colonialisme français «sera étudiée au même titre que d’autres journées commémorant des événements marquants de la Révolution».«La date pour se remémorer les exécutions d’Algériens par la guillotine durant la lutte armée ne sera pas forcément le 19-juin», avait-il souligné en excluant que cette commémoration soit une journée «chômée et payée». Il convient de rappeler que le 19 juin 1956 a eu lieu l’exécution d’Ahmed Zabana et de Abdelkader Ferradj à la prison de Serkadji (Alger), les premiers guillotinés de la guerre de Libération.M.Boudina a indiqué que l’objectif de l’association est de faire sortir tous les condamnés à mort de l’oubli. L’association revendique d’élargir la commémoration du 19 juin à tous les condamnés à mort guillotinés par le colonialisme français à compter de 1840. «Depuis notre congrès, en 2004, nous avons décidé de sortir de l’anonymat les condamnés à mort qui ont échappé à la guillotine», a-t-il dit.Pour l’invité du forum d’El Moudjahid, cela demeure une revendication.L’objectif, selon M.Boudina, est de transmettre le message aux nouvelles générations. Selon les chiffres de l’association, le nombre des condamnés à mort ayant survécu dépasserait les 1800.En 2006, ils étaient encore environ 1000 condamnés tandis qu’aujourd’hui ce chiffre est de 700. Plus de 210 condamnés à mort ont été exécutés par les autorités coloniales françaises pendant la guerre de Libération, sur 199 guillotinés on notera 68 à Alger, 58 à Constantine, 51 à Oran et 22 en France.En outre, M.Boudina a indiqué qu’il faudrait continuer à dénoncer et dévoiler les criminels d’hier. «Il faudrait que le peuple français connaisse la liste de ces criminels et se démarque d’eux», a lancé M.Boudina, invité au forum d’El Moudjahid. Pour l’ancien condamné à mort, «la relation entre le peuple algérien et le peuple français se consolidera à l’avenir autant que ce dernier se démarquera de ces criminels et assassins».Par ailleurs, dans son ouvrage Rescapé de la guillotine présenté à l’occasion, Mustapha Boudina rapporte des témoignages vivants et émouvants sur le combat des jeunes Algériens exécutés à la fleur de l’âge par le colonisateur.L’ancien condamné à mort a, entre autres, longuement parlé de son compagnon de cellule Lakhlifi Abderrahmane, arrêté à l’âge de 19 ans pour être exécuté le 30 juillet 1960 dans la prison de Lyon.Lakhlifi qui subira les sévices du couloir de la mort avant de passer à la guillotine avait affronté son destin avec dignité et courage, de l’aveu de l’intervenant.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)