Algérie

MUSIQUE ANDALOUSE DE CORDOBA A TLEMCEN,



DOUZE SIECLE DE MUSIQUE ANDALOUSE…Bercent les sens et l’âme de la ville.
Etrange destinée. En l’an 822, le petit fils d’un Emir rescapé du masacre des OMEYADES par les ABBASSIDES et fondateur du Califat de Cordoba, reçoit à sa cour un prestigieux musicien, jalousé de son maître, chantre incontesté de BAGHDAD ET DE HAROUN ERRACHID. S’entrouvre alors pour ces deux élus un coin du ciel d’où jaillit et les submerge un fragment de l’harmonie céleste.
Ainsi naît la légende de ZIRYAB et de son luth d’argent auquel un ange aurait ajouté aux quatre cordes représentant les éléments naturels, une cinquième, celle de l’âme, en intestin de lionceau, puis faisant bonne mesure, aurait remplacé d’aigle. L’histoire dit que ZIRYAB avait en mémoire dix mille airs de musique et autant des poèmes pour créer ses 24 mouvements, 24 NOUBAS, une pour chaque heure de la journée, et ses 84 modes pour exprimer tous les états d’âmes : ésotérisme, mystéisme, poésie, magie.
Nous voici à Tlemcen, en 1236. la cité accueille 50.000 cordouans musulmans refoulés par la reconquista. Ainsi échoit aux BENI ABDELOUAD, l’héritage de ABOU EL HASSEN ALI IBN ENNAFI, dit ZIRYAB et sa magie.
Magie d’une soirée au palais, avec ses marches, jardins et bruissement des jets d’eau, froufrou des ailes d’oiseaux nichant dans les feuillages, taisant, leurs chants pour apprécier, ravis. Magie d’une source dans le patio de la grande maison familiale à l’occasion d’une noce.
Les invités s’installent, précédant l’arrivée de Moulay El Malik.
La nouba développe alors son prélude, El Mechalia, les instruments se cherchent, et puis fusionnent. Le roi de la soirée fait son entrée et de Touchya, ouverture musicale magistrale développe la ligne mélodique de la nouba, puis successivement s’enchainent, sur un rythme de plus en plus alerte, un adagio majestieux, dédié au roi, le mecedder avec sa partie chantée, un second adagio, le betaihi au mouvement lent, un tempo modéré, le derj, précédé d’une introduction musicale ; une mélodie légère et rapide dont la musique épouse la ligne mélodique vocale, l’inçiraf ; enfin un final dont le tempo alerte incite à la danses, l’inkhilass.
Elle a universellement dominé durant les siècles du faste hispanomauresque, rehaussée le prestige des royaumes de Tlemcen, traversé la période ottomane, résisté à l’occupation française. La musique de ZIRYAB est toujours là, dans les cœurs et dans les âmes des fils de Tlemcen, et Tlemcen lui rend cet amour en conservant cette fleur incomparable sans retouches ni altérations ; pour l’éternité tant l’art est éternel.
Flûtes, tambours et cymbales, luths, cithares, rebebs et violons, exécution sans fioritures ni improvisations instrumentales et vocales, respect de la ligne monophonique, c’est là toute l’école de Tlemcen, héritière de ZIRYAB.
Greffé sur la musique andalouse, le haouizi, musique populaire citadine doit sa notoriété à tous artisans, poètes et musiciens de génie, Bentriki, Bensehla, Ben M’saïb. Eux, et tant d’autres encore, ont chanté et hanteront avec les mots simples de tous les jours, les joies et les peines, l’espoir et le désarroi, l’amour et l’inimitié, la solitude et les retrouvailles, l’exil et le retour, l’ivresse de la jeunesse et la rédemption, et tous, pardessus tout, l’attachement à ‘‘leur cité’’, son eau, son air, la manière de se voiler de ses femmes, que l’on ne trouve nulle part ailleurs qu’à Tlemcen El Alia.



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