Algérie

MUSIQUE Abdelkrim Dali, un héritage musical toujours vivant



Publié le 01.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

KHALED BOUMEDIENE
Tlemcen s’enorgueillit de sa pléiade d’artistes aux talents incomparables de la musique andalouse, qui chantèrent et enchantèrent, par la grâce de leur génie, de nombreuses générations et emplirent d’admiration le public algérien et étranger. Ils laissèrent à la postérité des sons et des paroles intemporels et inoubliables et un legs très riche pour les jeunes chanteurs et les compositeurs de musique.
Cheikh Abdelkrim Dali (1914-1978), musicien émérite de gharnati et de hawzi, est l’un des représentants de la lignée des maîtres de cette musique traditionnelle qui fit les beaux jours des Algériens. Il consacra sa vie à la création artistique et à la culture algériennes. Par ses travaux et ses créations, il contribua à l’enrichissement et à la sauvegarde du répertoire de la musique andalouse. Ses chansons ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective et ses morceaux emblématiques ont non seulement captivé l’imagination des Algériens mais aussi influencé la scène musicale, marquant chaque période de l’histoire de l’Algérie.
Outre son riche héritage, notamment son diwan de poésie et un répertoire varié d’enregistrements à la radio, à la télévision et des cours à l’institut national de musique, «Abdelkrim Dali a su regrouper les deux grandes écoles de la musique classique algériennes du gharnati et la sanaâ, ainsi que les genres dérivés que sont les hawzi, aroubi, hawfi, maghrabi et madih», affirme un membre de sa famille.
Son orchestre se produisit à toutes les occasions aussi bien lors de mariages ou de simples soirées entre amis. Et d’ajouter : «Sa célèbre chanson, en l’occurrence Mezzino n’har el youm, sahha aîdkoum qui lui a valu une grande popularité, a conquis les cœurs de toutes les familles algériennes. Elle devint, en quelque sorte, un deuxième hymne national qui influença intégralement leur personnalité artistique. Sa belle et profonde voix diffusée à travers les chaînes de la télévision et les ondes de la radio marqua de nombreuses époques et accompagna les familles, dans de nombreux moments de fête de l’Aïd. Elle prend encore aux tripes aujourd’hui grâce à ses paroles sagement pesées et son air mélodique et d’adoration.»
En outre, sa double culture musicale du répertoire de Tlemcen et d’Alger permit au musicien tlemcénien de se distinguer et d'apporter sa touche celtique unique à l'univers musical andalou, qui, d’une certaine façon, lui ouvrit les portes de la célébrité et du succès. Ce mixage de la musique illustre parfaitement la capacité de Abdelkrim Dali à transcender de nouveaux horizons, tout en restant fidèle à sa ville natale tlemcénienne.
Par ailleurs, Abdelkrim Dali diversifia ses chansons dans le hawzi : Ya El Wahed el khaleq laâbed soultani, Ya daw aâyani, Nar welfi chaâlet w’gdet f’knani, Nar houakoum fedlil telhab l’hib et Ya layemni f’liïti. Le gharbi : El kawi, Saâdet el qalb el hani, El aârsa et El Hadjam. Le madih : Besmellah bdit nzemmem, Chants R’hawi, et El Hamdoullillah nelt kesdi w’bleght menaya.
Le père de Abdelkrim était pâtissier et souvent en contact direct avec les grands cheikhs de l’époque tels Abdesslam Bensari, Cheikh Lazaar et d’autres auxquels le jeune Abdelkrim vouait une grande admiration. Son talent fut remarqué par Abdesslam Bensari et c’est avec ce dernier qu’il fit son entrée en public dans le monde de la musique en tant que «drabki», alors qu’il avait à peine 11 ans. Trois années plus tard, Cheikh Omar Bekhchi fut son second maître. Abdelkrim Dali fréquenta ensuite de nouveaux grands cheikhs de Tlemcen, plus particulièrement Cheikh Lazaar Dali-Yahia, la grande Maâlma Yamna, avec qui il apprit à jouer d’autres instruments tels que le tar, le violon, la flûte, la mandole et le luth. Il eut des contacts avec Cheikha Tetma, Meriem Fekkaï, Fadhéla Dziria, Mohamed El Kourd, Mohamed Bensmaïne ainsi que Mahieddine Bachtarzi et Rachid Ksentini. Il rejoindra également l’Opéra d’Alger (TNA, actuellement) qui fut dirigé par Mahieddine Bachtarzi, avant d’enseigner l’andalou à l’école de musique de Hussein-Dey. En 1957, Abdelkrim Dali remplaça au conservatoire Cheikh Mohammed Fekhardji (décédé).
Aujourd’hui, l’emblématique palais de la culture de Tlemcen, qui abrite la majorité des activités culturelles et artistiques, porte magistralement son nom. Idem pour la fondation créée le 22 mai 2008 par les mélomanes, amis, professeurs de musique, amateurs et admirateurs du répertoire du maître Abdelkrim Dali, en vue de veiller attentivement sur son legs personnel et promouvoir la musique classique algérienne.
Cette fondation qui porte son nom organise des rencontres, des cérémonies d’hommage et anime des soirées musicales dédiées à son énorme répertoire, pour faire revivre ses chansons à travers l’interprétation d’artistes contemporains.
Khaled Boumediene




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