Algérie

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Cheikh El Hasnaoui, de son vrai Mohamed Khelouat, est né il y a cent cinq ans, le 23 juillet 1910, à Taâzibt, chez les Ihasnaouène, à quelques kilomètres de Tizi Ouzou. Son père, connu sous le nom de Si Amar ou Mouh, un pêcheur des côtes algéroises de trente-cinq ans, venait à peine de se poser dans ce hameau avec son épouse et mère du cheikh, la dénommée Saâdia Lazib bent Ahmed, une fille d'Alger originaire de Biskra. Quatre ans après la naissance d'El Hasnaoui, le père s'engage dans l'armée française et part faire la guerre en Europe. Il ne reverra pas sa femme qui sera emportée par la maladie en 1916 alors qu'il se trouvait encore dans les tranchées du front de l'est de la France. Orphelin à six ans, totalement désemparé, El Hasnaoui embarque pour son premier exil. Il part à Alger chercher du réconfort chez les Qzadri, une autre branche de sa famille.Il erre à La Casbah et vit d'expédients jusqu'au retour de son père, démobilisé, rentré blessé de la grande guerre. Dès lors, il reprend la route du village. Selon la volonté du père, il intègre successivement les zaouias de Bouassem puis celle d'Akal Averkane avant de les quitter six ans plus tard, vers l'âge de douze ans, après avoir expliqué à son maître qu'il avait l'âme d'un troubadour et qu'il avait envie de vivre pleinement sa vie d'artiste.Le voici, encore une fois, à La Casbah. On est au début des années vingt. Le chaâbi, chant populaire algérois naissant, occupe déjà tout l'espace musical dans la vieille cité et El Hasnaoui, qui s'était découvert une vocation pour le chant alors qu'il se trouvait encore à Taâzibt, plonge dedans corps et âme. Dès qu'il quittait les gargotes où il faisait le commis pour survivre, il allait se frotter aux grands maîtres du chaâbi qui écumaient les cafés de la Basse Casbah ou de Bab Jdid. Il consolide son apprentissage de l'art musical et fait montre d'un réel talent.Déterminé à s'accomplir en tant que chanteur et musicien, écœuré, par ailleurs, par la misère qui sévit dans les quartiers musulmans de la grande ville, le cheikh en gestation décide de faire le grand écart. Il traverse la Méditerranée après avoir fait un dernier crochet par son village natal, en 1938. A Paris, les premières années, il se donne à corps perdu au chant et à la création. Après avoir édité quelques vinyls à compte d'auteur, il est remarqué par Mohamed Iguerbouchène et Mohamed El Kamal, alors responsables à Radio Paris. Pendant deux décennies, il s'adonne à son art, il chante dans tout ce que compte Paris comme cafés et cabarets orientaux. Il enregistre quelque soixante-dix titres, déposés à la Sacem. Après un passage par le service du travail obligatoire, sous l'occupation allemande, il reprend son activité d'artiste à la libération avant d'y mettre fin durant la guerre d'Algérie. Pendant toute cette période, il se serait interdit de chanter et aurait vécu semi-reclus dans sa maison d'Antony, dans les Hauts-de-Seine, qu'il venait de construire de ses propres mains.A la fin des années soixante, Cheikh El Hasnaoui met fin à sa carrière. Il déménage à Nice en 1985, avec son épouse Denise Marguerite Denis qu'il a épousée en juillet 1948. Une quinzaine d'années plus tard, ses vieux démons le reprennent, il veut encore partir. Loin cette fois. Il tente la Martinique, en 1985. Peu séduit, il rentre à Nice six mois plus tard avant de se résoudre à transformer l'essai en 1989 en s'exilant définitivement à Saint Pierre de la Réunion, dans l'océan indien. Il y vivra une retraite paisible avant de s'éteindre le 6 juillet 2002 sans jamais avoir revu Taâzibt, son village natal, ni Alger ou Paris, ses villes d'adoption. Seuls trois compatriotes métropolitains ont eu la chance de le rencontrer aux antipodes, quelque temps avant sa mort : deux chanteurs, Abdelli et Beihdja Rahal, et un ethno-musicologue, auteur de sa biographie, Mehenna Mahfoufi. Un square porte son nom à Saint Pierre de la Réunion où il est enterré aux côtés de sa fidèle épouse, Denise qui a fini par le rejoindre.




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