Algérie

Musées et TIC en Algérie : la mésalliance



Les avantages qu'offrent les TIC pour faire connaître le patrimoine culturel national sont énormes. Ces technologies sont malheureusement sous-utilisées en Algérie.
Sur les 14 musées listés sur le site Web du ministère de la Culture, seuls trois disposent de plateformes Web, mais aucune d'elles ne permet de visites virtuelles. Les musées algériens, peu et pas du tout connus du grand public, auraient bien pu gagner à être médiatisés grâce à l'outil Internet.
Certains touristes imbibés d'exotisme avouent que l'Algérie est «un musée à ciel ouvert». Heureusement. Car, les musées n'existent presque pas en Algérie. Une trentaine environ. Dans les petites villes, seules Tigzirt et Beni Izguen disposent de musées. La situation est dramatique quand on la compare à celle des pays européens où même les plus petits villages ont des curiosités à offrir aux touristes. Ce mal, d'aucuns l'expliquent par la pauvreté du patrimoine national. «Dans une ville où l'investissement est inexistant, le chômage est endémique, et qui n'a d'histoire que celle de la misère de ses habitants, à quoi peut servir un musée '» s'interroge une étudiante en sociologie. D'autres, plus au fait de l'histoire, pensent que l'intérêt pour les musées doit être sous-tendu par un intérêt pour l'histoire, «ce qui n'est pas le cas chez nous», regrettent-ils. Pour eux, l'argent public est «fâcheusement dilapidé dans des festivals qui ne servent qu'à achever la folklorisation des cultures nationales au lieu d'ouvrir des musées pour socialiser notre patrimoine».
Sur la trentaine de musées existant en Algérie, une bonne partie est concentrée dans la capitale. L'art, l'histoire et l'anthropologie y défilent superbement. Mais, loin du large public national, ils ne profitent qu'aux habitants d'Alger et de ses environs. D'autres pourraient pourtant les visiter… sur Internet. «Les TIC peuvent servir pour rendre visible les quelques musées existant. Mais la politique culturelle du pays est complètement déficitaire dans ce sens», affirme une chercheuse en informatique.
Quelques musées sur le Web
Les TIC auraient pu être un canal efficace pour toucher un public plus large et servir de support pédagogique dans les écoles. Rien. Seuls 6 musées ont des sites web : le musée national des antiquités, l'agence nationale d'archéologie, le musée Cirta de Constantine, le musée de Tipaza, le musée des beaux arts, le musée du Bardo, et le musée national des arts et traditions populaires. Certains ne sont pas fonctionnels, comme celui du Bardo. D'autres musées ne disposent que d'une information sommaire. A peine quelques photos, sans aucune possibilité de visite virtuelle. Le musée d'Art Moderne d'Alger dispose à peine d'une page sur Facebook où des internautes réclament justement : «Where is a web page of Musée d'Art Moderne d'Alger '».
Pourtant, les applications Web ne manquent pas pour rendre accessible virtuellement des lieux à visiter. C'est dire que les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne sont pas considérées comme un atout par les responsables du secteur. «En Algérie, il n'y a pas que les sites des musées qui ne sont pas bien conçus. Même ceux des grandes entreprises, y compris celles du privé», remarque un informaticien. Pourtant, un projet de digitalisation des contenus des musées algériens aurait permis non seulement à des compétences nationales en matière d'informatique (et dans d'autres disciplines) d'exprimer leur savoir-faire, mais aussi de dynamiser le secteur de la culture et de lui donner une vitrine sur Internet. Une visibilité utile pour le tourisme et pour l'éducation nationale. L'exemple de l'application «Mémoires d'Algérie», un «musée vivant», dédié à la guerre d'Algérie, réalisé à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie, par le site Web d'information français OWNI, en collaboration avec le quotidien El Watan, montre bien la grande utilité des TIC pour rendre accessible, en dehors des supports classiques, un pan entier de l'histoire de l'Algérie.


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