Algérie

Musée des Beaux-Arts d’Alger : Toiles algériennes, patrimoine universel



Musée des Beaux-Arts d’Alger : Toiles algériennes, patrimoine universel
Dans un environnement idyllique, niché entre le complexe Ryadh El Feth
et le Jardin d’Essai d’El Hamma, le Musée national des Beaux-Arts propose à ces visiteurs un voyage à travers six siècles d’histoire d’art universel à la faveur d’un nouveau parcours muséal, dans une bâtisse bientôt centenaire, renfermant l’une des plus importantes collections du continent.

Pas moins de 8 000 œuvres d’art, peintures, sculptures, livres anciens, moulages et autres mobiliers constituent la collection de cet imposant musée de style art-déco conçu sur quatre étages et ouvert, en 1930, par les autorités coloniales françaises en célébration du «Centenaire de la prise d’Alger».
Le musée propose une exposition permanente intitulée «Histoire de l’art universel». Il s’agit d’un nouveau parcours remontant l’histoire de l’art depuis la plus ancienne œuvre de la collection «Le baptême du Christ» (1367) du peintre italien Barnaba Da Modena (1328-1386). Le visiteur découvre par la suite le «Salon carré» où les œuvres de Rembrandt représentent l’école hollandaise à côté de l’Académie royale de peinture, ou encore des peintures de l’Ecole italienne accrochées dans un salon authentique, dont le «Portrait de Alexandre de Medicis» de l’Italien Pontormo, datée du XVIe et restauré en 2010 dans le laboratoire du musée.
De salle en salle, le visiteur voit l’évolution des grandes écoles d’art à travers les œuvres de leurs fondateurs, le classicisme d’Antoine-Jean Gros, l’impressionnisme de Claude Monnet, auteur d’une des œuvres majeures du musée «Les rochers de Belle-Ile» (1886), ou encore les courants des symbolistes et des fauvistes. Le parcours est coupé par une halte sculpture avec entre autres grand noms Auguste Rodin et Charles Despiau avant de continuer le parcours jusqu’à l’Ecole du cubisme et les fameux croquis de Pablo Picasso. L’installation de ce nouveau parcours a été motivée par la volonté de mettre à la disposition du public un parcours «didactique et chronologique, balisé par une nouvelle signalétique». Cependant le musée ne dispose pas de guide ni d’audio guide pour les visiteurs.

«L’épopée», l’exposition retraçant l’histoire d’Alger
Avec la même conception, la salle Bachir-Yelles abrite l’exposition «L’épopée» retraçant l’histoire d’Alger. Cet espace donne accès à la pergola, où sont exposés de nombreuses sculptures -un des atouts majeurs du musée- une grande terrasse avec une vue imprenable sur le Jardin d’Essai et la baie d’Alger. L’oeuvre de l’Italien Barnaba Da Modena, reproduisant des scènes bibliques, représente le plus ancien trésor de cette bâtisse. Daté de 1367, ce tableau est exposé dans une vitrine en verre. Connu pour être l’un des fondateurs du courant impressionniste, Jean-Baptiste Camille Corot propose ces deux toiles intitulées «Paysages d’Ile de France», d’apparences anodines, elles puisent leur particularité dans leur histoire. Le peintre avait exécuté ces dessins sur les murs d’un kiosque, avant que les peintures ne soient transposées sur la toile. Dans le même courant artistique le musée expose fièrement la pièce maîtresse de sa collection, «Les rochers de Belle-Ile» de Claude Monnet, une œuvre majeure de l’impressionnisme.
En plus de cette collection, une bibliothèque riche de plus de 10 000 ouvrages dédiés à l’histoire de l’art, à l’archéologie, aux arts et à l’architecture, est également ouverte à la demande. Inaugurée en 1942, elle conserve son mobilier d’origine. Dans cette bibliothèque, dont le plus ancien ouvrage remonte au XVIIIe, les livres sont rangés dans des meubles hauts comportant des escaliers et des échelles en bois.
Deux géants de la peinture algérienne se partagent un espace d’exposition avec des peintures d’Asie centrale, Mhamed Issiakhem (1928-1985) et le peintre du signe Mohamed Khadda (1930-1991). A eux deux, ils représentent les fondements de la peinture algérienne contemporaine, avec une «éclosion du signe» (…) et une «récupération des bruns, des roux, des ocres et des bleus de sa terre», écrivait Jean Sénac sur les oeuvres de Khadda. «La mendiante» de Mhamed Issiakhem réconcilie le visiteur avec une peinture algérienne profondément ancrée dans la terre, la souffrance, et la mère.

Laboratoire de conservation et de restauration
Installé près de la galerie des bronzes, dans les coulisses du Musée national des Beaux-Arts, le laboratoire veille à la préservation d’une collection de 8 000 œuvres, au contrôle de l’environnement des espaces d’expositions et apporte un appui certain aux travaux de recherche et d’authentification. Avec quatre conservateurs, trois archéologues et un ingénieur de laboratoire, le musée assure sur place un travail allant de la préservation préventive, à la restauration des pièces muséales en passant par des programmes d’authentification, de recherche et de publication.
Des vases en céramique asiatique, des pièces de dinanderie de la période ottomane, des toiles et du mobilier italien du XVIIIe ont été ainsi restaurés dans ce laboratoire intégré au musée avant de rejoindre les salles d’exposition. L’équipe a également restauré des œuvres comme «Le porteur d’eau» du peintre français orientaliste Hippolyte Lazreges, ainsi que des peintures italiennes restées longtemps anonymes et authentifiées grâce au travail de cette même équipe.
La toile «Chemin du Qaddous», de Sintes Joseph, datée de 1911, est actuellement en restauration après l’apparition de craquelures dues au vieillissement. Pour ce genre d’opération, l’équipe utilise des produits d’entretien préparés sur place. Les produits commerciaux étant bannis, ce sont les produits naturels, comme la colle de poisson, de nerf, d’os, la cire d’abeille ou les résines naturelles, qui sont favorisés.
Cet espace du musée, dont l’accès aux visiteurs est accordé sur demande, comporte également une chambre noire où l’équipe procède au diagnostic des pièces à l’aide de caméras infrarouges et de lampes à UV, avant d’établir le protocole de restauration. Le travail de désinfection du bois représente également une grande partie de la restauration, en plus des contrôles périodiques. En outre, le laboratoire dispose de deux tables de rentoilage. Le procédé permet de réparer, de renforcer les toiles endommagées ou fragilisées en ajoutant, par aspiration, de la toile d’origine, identique à celle utilisée par le peintre.
Malgré les différentes formations de mise à niveau au profit de son équipe, le laboratoire accuse un manque d’équipements techniques, notamment des appareillages d’analyse et d’expertise «plus performants» et «équipements informatisés de contrôle d’humidité de température»

Le «Cabinet des estampes», des trésors sur papier
Le Musée des Beaux-Arts renferme en son sein un autre petit musée, véritable écrin pour la mémoire artistique algérienne, en l’occurrence le «Cabinet des estampes». Baptisé également salle Mohamed-Racim, il renferme 1 500 œuvres sur papier (esquisses, documents, manuscrits…) qui font l’objet d’un effort de conservation particulier dans le laboratoire du musée. Dans le «Cabinet des estampes» trône l’œuvre majeure de la miniature algérienne, «L’histoire de l’Islam», signée des mains d’un des plus grands noms de la miniature mondiale Mohamed Racim, alors que dans la galerie des bronzes, une imposante sculpture, dédiée au héros de la mythologie grecque, Héraclès, happe tous les regards. Réalisée par Antoine Bourdelle (1861-1929) dans les années 1910, «Héraclès Archer» s’inspire d’un des douze travaux d’Héraclès et a été installée avant de finaliser la construction des murs.
D’autres salles sont également réservées au courant orientaliste et proposent des œuvres de peintres de renom à l’instar de Eugène Delacroix, de Hippolyte Lazerges ou encore les dernières acquisitions du musée signées Etienne Dinet. Le musée, offre également aux visiteurs, en plus de la terrasse, des espaces de détente dans une végétation luxuriante et invite ses hôtes à continuer ce parcours en regagnant la grotte Cervantès et le Jardin d’Essai au pied de ce haut lieu de la culture.(Source APS)


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