Algérie

Musée d'Art Moderne d'Oran : Une quarantaine d'artistes au salon des beaux-arts


Une bonne quarantaine d'artistes peintres participent au Salon national des beaux-arts organisé durant trois jours au Musée d'art moderne d'Oran.
Les niveaux de maîtrise des techniques vont en dents de scie, mais les thématiques privilégiées sont diverses et ce qu'il faut retenir c'est surtout la chance qui est donnée à de nombreux jeunes ou parfois moins jeunes talents qui ne bénéficient pas jusque-là d'une certaine visibilité médiatique de présenter leurs travaux au public.
La majorité des artistes sont d'Oran, mais d'autres viennent d'autres wilayas comme Ouargla, Tissemsilt ou Saïda. Des natures mortes, des portraits, des paysages, des dessins, des monochromes, des ?uvres abstraites, des techniques mixtes, des huiles sur toile ont été proposés au public. La ville d'Oran, son front de mer, son vieux quartier Sidi El Houari, ou même son centre-ville de la période coloniale sont bien représentés dans cette exposition qui, par contre, ne met pas assez en valeur son cachet méditerranéen. En effet, seuls de rares tableaux sont consacrés à la mer.
Les paysages de l'arrière-pays et les symboles de la tradition continuent à inspirer des peintres, même si certains d'entre eux tendent à s'en écarter ne serait-ce qu'en proposant d'autres points de vue. C'est le cas de la représentation dans une toile de deux cavaliers de la fantasia mais montrés de dos et avec une technique pointilliste voilant l'image comme s'il s'agissait d'exprimer une pratique qui tend à s'en aller.
Plus ironique sans doute est, pour rester dans ce même registre, ce diptyque qui montre d'un côté un cavalier de la pure tradition et de l'autre un personnage sur un âne, un animal tout aussi utile et dont l'usage ne cesse de se perpétuer, y compris dans les centres urbains. Le rapport à la tradition se lit aussi dans les sous-verres de cette artiste qui utilise de vrais tissus pour tenter de sublimer la femme «naylie».
Une des ?uvres évoque par ailleurs un des tableaux de Nasredine Dinet, ce peintre orientaliste qui a sublimé en son temps les paysages et les personnages des portes du désert. Les peintres contemporains influencent aussi les jeunes artistes, comme dans cette toile qui semble rendre hommage à Leila Ferhat.
Parfois on reconnaît les contours d'un Miro et, sur un autre registre, un triptyque semble être inspiré de la technique des jets de peinture de Jackson Pollock. La polychromie est dans certains ?uvres poussée à l'extrême, comme dans ces tableaux où sont accentuées les rides d'une vieille femme ou les circonvolutions d'un pachyderme.
A l'opposé des tableaux qui s'inspirent de la technique des miniatures classiques, certains tentent d'innover et c'est le cas de cet artiste qui a eu l'idée, à travers la représentation d'une foule compacte sur fond sombre, de déborder sur le cadre du tableau conférant ainsi à son travail un cachet particulier comme s'il s'agissait d'un fléau qui semble vouloir envahir même le mur de la salle d'exposition.
En contrepartie, comme pour signifier que les préoccupations environnementales font également partie intégrale des soucis des artistes, bon nombre d'entre eux célèbrent Dame nature par des représentations florales, d'arbres, etc. Les formations académiques influent également le travail des artistes et c'est le cas particulier de ces travaux qui s'apparentent aux schémas en gris-noir des modélistes stylistes avec des silhouettes féminines élancées et où le souci de la mode est mis en avant. Des monochromes en bleu, il y en a également comme pour signifier une note d'espoir face à certains tableaux rares mais particulièrement sombres et inquiétants. D'autres toiles proposent un abstrait lyrique d'une rare beauté pouvant réellement être classés dans la catégorie «art moderne».
C'est un effet mirage au milieu d'un désert d'autres d'un classicisme parfois ennuyeux. Des travaux de peintres confirmés sur la place d'Oran semblent encadrer cette exposition. Il s'agit de Mekki Abderrahmane, directeur de l'école des beaux-arts d'Oran, fidèle à un style mariant signes et couleurs, du «calligraphe» Kour Nouredine, ou de Mahmoud Taleb et sa technique particulière de bas-reliefs sur toile.
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