Algérie

Municipales en Turquie : Erdogan et l'AKP mauvais joueurs



Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué, hier, qu'il demandera un nouveau vote à Istanbul. «Nous allons emprunter la voie du recours extraordinaire (?).Nous dirons que nous voulons que l'élection soit refaite à Istanbul», a déclaré un vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP), Ali Ihsan Yavuz. Ces déclarations surviennent quelques heures après le rejet, par le Haut comité électoral (YSK), d'un recours de l'AKP demandant un recomptage de toutes les voix à Istanbul.
Selon les résultats provisoires des élections municipales du 31 mars, l'AKP a remporté les élections à l'échelle nationale mais subi un revers à Istanbul et Ankara, remportées par l'opposition, deux villes sous contrôle de l'AKP et ses prédécesseurs islamistes depuis 25 ans. L'AKP a déposé des recours tout au long de la semaine dernière, notamment pour faire réexaminer les bulletins comptés comme invalides.
En dépit d'un long recomptage partiel dans plusieurs districts d'Istanbul, le principal candidat de l'opposition, Ekrem Imamoglu, maintient une courte avance sur son adversaire de l'AKP, l'ex-Premier ministre, Binali Yildirim.
Candidat du Parti républicain du peuple (CHP), d'obédience social-démocrate, soutenu par d'autres formations hostiles à
Erdogan, il est arrivé en tête à Istanbul avec 25 000 voix d'avance sur son opposant de l'AKP. «Si c'est comme ça, alors faisons des élections tous les deux mois !», a-t-il déclaré. Et de constater : «On a eu sept scrutins en cinq ans, l'économie est en cendres, le pays est polarisé : même les enfants connaissent les noms des partis.»
Il a observé que «l'arbitrage vidéo a validé le but, l'arbitre central l'a accepté, les supporters des deux équipes applaudissent, mais un ou deux joueurs sur le terrain font des difficultés».
De son côté, le CHP a affirmé le même jour qu'Ekrem Imamoglu maintient plus de 14 000 voix d'avance alors le recomptage partiel est presque fini à Istanbul.
Recours
Dimanche, l'AKP a demandé le recomptage de toutes les voix dans 38 des 39 districts d'Istanbul, mais cette demande a été rejetée hier par l'YSK, qui a toutefois autorisé un recomptage des votes de 51 urnes. Pour le dernier district, Büyükçekmece, où l'AKP demande l'annulation de l'élection, la décision n'a pas encore été prise.
Lundi, le président Erdogan a indiqué que le scrutin est entaché d'«irrégularités» massives et commises de manière «organisée». «Il ne s'agit pas d'irrégularités ça et là, presque toute l'affaire est irrégulière», a assuré Erdogan. «Notre parti a établi que des crimes organisés, que des actions ont été perpétrées de manière organisée» lors du scrutin, a-t-il ajouté.
Comme il a laissé planer l'hypothèse d'un nouveau vote à Istanbul, en déclarant qu'«aux Etats-Unis, lorsqu'il y a débat sur 1% du vote, vous voyez qu'ils décident de refaire les élections». «A Istanbul, où il y a plus de 10 millions d'électeurs, personne n'a le droit de proclamer sa victoire avec une différence de 13 ou 14 000 voix», a-t-il ajouté.
Pour Ekrem Imamoglu, l'AKP veut gagner du temps en multipliant les recours pour effacer les traces d'éventuelles malversations commises à la municipalité.


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