Algérie

Muh’and U Lh’usin


Muh’and U Lh’usin
Mystique kabyle du XIXe siècle

Né vers 1838 à Aït Ahmed, hameau du village de Taqqa, dans la tribu des Aït Yahia, en Grande Kabylie, Muh’and U Lh’usin mourut en 1901, dans le même hameau. Sa famille qui était pauvre, ne put lui assurer aucune instruction et la seule langue dans laquelle il s’exprima, toute sa vie, fut le kabyle. Comme la plupart des enfants kabyles de son âge, il garda les moutons, mais tout jeune encore, il manifesta des tendances au mysticisme. Devenu grand, il se mit à fréquenter les saints hommes, les illuminés-iderwicen, en kabyle, les derviches - qui allaient de village en village, tenant des propos incohérents et faisant des prophéties. Ces fréquentations n’étaient pas du goût de son père, Muh’ and al ’Arbi, qui avait d’autres ambitions pour lui. Un jour que le jeune homme faisait irruption, avec un groupe de ses amis, Muh’and al ’Arbi s’écria: «0 Muh’and, tu te prends pour un derviche et tu me ramènes des derviches. Il n’ y a rien de bon à tirer de toi, il est préférable de mourir sans postérité plutôt que de t’avoir pour fils !» S’il fut un saint, dans le sens traditionnel d’homme de Dieu, porteur de baraka, la bénédicltion divine, capable même de réaliser des prodiges, Muh’and U Lh’usin - et c’est là son originalité-, rejeta, en matière de pratique religieuse le suivisme aveugle, et à l’observance stricte des rites, il préféra la recherche de la vérité, qui seule donne un sens à la vie et aux œuvres de l’homme. Nous nous voulons pour lui l’accomplissement ! Dans la tradition des mystiques berbères, Si Muh’and U Lhusin s’exprimait souvent en vers, ce qui permettait, dans une société de culture orale, de fixer dans les mémoires, les propos ou les événements remarquables. Muh’and U Lh’usin mourut le 8 octobre 1901 le corps, contrairement à la tradition, fut gardé trois jours durant, pour permettre aux foules, venues de toute la Kabylie, de lui rendre un dernier hommage. Un siècle après sa mort, cheikh Muh’and U Lh’usin est encore vivant dans les mémoires, et un grand nombre de ses dires sont devenus des proverbes. Des poèmes laudatifs ont été composés en son honneur. Taos Amrouche en a repris quelques-uns, notamment dans ses Chants de procession, méditations et danses berbère (1968).
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