Algérie


Jamais Aboudjerra Soltani ne s'est retrouvé dans un état aussi cauchemardesque que celui dans lequel il est après les résultats des dernières législatives au bout desquelles le rêve qu'il a nourri a viré au cauchemar, la «ruse» dont il a usé par le passé pour faire face à des situations inextricables ne lui a été, cette fois-ci, d'aucun secours.
M. Kebci Alger (Le Soir) - Personne parmi le personnel politique national ne voudrait être à la place de Aboudjerra Soltani. Et comment peut-il en être autrement quand l'amertume, la déception sans égal, nées de l'énorme déroute aux dernières législatives sont inversement proportionnelles aux ambitions «hors normes» et excessivement démesurées nourries par le leader du MSP. Plus que les récents rendez-vous électoraux à l'occasion desquels le mouvement cher à feu Nahnah était à chaque fois confiné à la troisième marche du podium, résultats dont il s'est contenté sans trop «rouspéter», plus que le «souci» d'«ombrager» le reste de ses frères-ennemis du camp islamiste, l'«ambition», cette fois-ci, de Soltani est beaucoup plus grande pour se contenter du simple rôle d'éternel second outsider. Conjoncture régionale oblige, empreinte de soulèvements qui ont déboulonné bien des dictateurs que l'on croyait, jusque-là, dotés du pouvoir éternel, le MSP se voyait tout naturellement investi de la mission «algérienne» d'accompagner ce printemps frappé du sceau de la vague verte. Autrement dit, Soltani s'est mis dans la peau du «messie» vert et, pour ce faire, il n'a vraiment pas lésiné sur les mots, encore moins sur les efforts dans la perspective de profiter de cette «brèche» inespérée et concrétiser un idéal que bien de conjonctures précédentes ont avorté. Soltani s'est alors mis à réunir le maximum d'atouts à même de garantir la réussite de cette entreprise, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. En multipliant les voyages à l'étranger, du côté d'Ankara et de Doha, notamment. Deux escales loin d'être anodines puisque la première est l'épicentre du modèle vert, soft, alors que la seconde est le nombril de ce qui est appelé le printemps arabe. Au niveau local, le leader du MSP s'est évertué à réunir la famille islamiste, multipliant dans ce sens, les offres, tout en prenant le soin d‘en paraître le pivot incontournable. Mission qu'il échouera puisqu'il ne la réussira qu'en partie avec le ralliement à sa «cause» d'El Islah et de Nahdha, deux mouvements squelettiques qu'ils sont devenus au fil des purges et désertions qu'ils ont enregistrées, pour créer l'Alliance de l'Algérie verte, une dénomination qui décline on ne peut plus explicitement les visées «vertes» du Cheikh. Les autres membres de la mouvance, le Front de la justice et du développement (FJD) et le Front du changement (FC) ne pouvaient logiquement se joindre à ce projet tant leurs leaders, dont notamment l'ancien lieutenant de Soltani avant de le quitter et voler de ses propres ailes, n'étaient pas en odeur de sainteté avec le promoteur du projet. Eux qui, loin d'être naifs, ont posé un préalable de taille à Soltani : que le MSP quitte le navire gouvernemental sans quoi son divorce de pure «forme» puisque sans aucune portée politique de l'alliance présidentielle n'est que simple manœuvre. Préalable que le leader du MSP a refusé, faisant croire à l'opinion publique, fidèle qu'il est à la duplicité dans le discours et dans les faits, qui a toujours été la marque de fabrique du mouvement, que l'on pouvait s'opposer au pouvoir tout en ayant quatre cadres dans le gouvernail de ce même pouvoir. Et croyant en sa bonne «étoile », conforté qu'il était par des sondages sortis on ne sait d'où, et qui le donnaient comme le grand vainqueur d'un scrutin que l'on a, pour mieux faire passer la «pilule», comme capital, ouvrant, pour le reprendre, les portes d'une «deuxième république» dont il sera le principal artisan, Soltani s'est alors laissé «rêver». Et puisqu'il s'agissait de rêves, autant s'en permettre les plus idylliques en se laissant voir comme le dirigeant suprême de la première force politique, se projetant déjà sur la présidentielle de 2014. Le leader du MSP poussera l'audace jusqu'à évoquer «son» gouvernement et voyait son poulain, Amar Ghoul, le plus en «vue» de ses ministres, comme le président de la future assemblée. Seulement, il fallait compter sans l'après-rêve fait d'une réalité tout autre, totalement opposée à celle nourrie et escomptée. Les résultats des législatives du 10 mai maintiennent le mouvement toujours à la troisième position, derrière, comme de coutume le RND et le FLN, et encore avec une escarcelle d'un député de moins que celle engrangée par le parti tout seul en 2007. Une véritable douche écossaise pour Soltani dont la démarche participationniste et entriste venait d'être sanctionnée et magistralement. Et un de ses pieds mis dans l'opposition et tardivement ne lui a été d'aucun secours, encore moins ses «accointances» avec deux frères. Des accointances qui n'ont fait que compliquer un peu plus son cas vis-à-vis de ses pairs du mouvement qui lui reprochent le fait que ce soit les deux autres mouvements qui ont le plus profité de cette alliance à trois. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, un autre «caillou» se met dans l'engrenage dans lequel Soltani s'est empêtré. Son poulain, qu'il prédestinait à un poste-clé dans l'édifice institutionnel, se révèle être une «épine». A plus forte raison que le manager de l'un des projets du siècle, l'autoroute Est-Ouest et dont se réjouit le mouvement, a tout l'air de perdre la tête devant les sollicitations qu'il recevrait d'en-haut. Et les déclarations du genre : «Je suis avant tout un commis de l'Etat» lancée à la cantonnade par Ghoul, sont bien décodées par Soltani qui se retrouve ainsi, face à ses «calculs» qui se sont avérés de simples chimères et qui risquent de lui coûter le leadership du parti. Plus que cela, c'est le sort même du MSP qui est en jeu avec deux tendances qui s'attaquent, pour le moment, par déclarations interposées, dans l'attente de la session du conseil consultatif du mouvement de cet été qui s'annonce des plus indécis.




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