Le mouvement sportif national (MSN) n'est-il pas concerné par le mouvement populaire qui secoue le pays depuis plus d'un mois et qui réclame une rupture totale avec le système et ses hommes et appelle à la naissance de la IIe République ' C'est à croire, vu le silence et le mutisme assourdissant qu'observent des dirigeants et responsables du MSN vis-à-vis des revendications légitimes du peuple algérien.Rares sont les personnalités sportives qui se sont publiquement exprimées sur le sujet. Les figures emblématiques ? ou supposées ? du sport algérien sont dans l'expectative, observent de loin et voient venir au lieu de s'exprimer et de faire connaître leur position vis-à-vis du tsunami qui finira par faire tomber l'ordre établi et le système mafieux qui a colonisé l'Algérie depuis plus d'un demi-siècle.
A l'opposé, la base de la pyramide ? à savoir les athlètes qui sont des citoyens avant d'être des sportifs ? s'est exprimée en rejoignant le mouvement citoyen qu'elle soutient à travers sa présence lors de toutes les marches organisées à travers toutes les villes d'Algérie. Des milliers de sportifs défilent dans la rue, réclament la rupture totale avec le système, dénoncent la violation de la Constitution par le président Abdelaziz Bouteflika. Les sportifs sont en symbiose avec les supporters qui ont été les premiers à initier la contestation pacifique dans les stades par des chants à travers lesquels ils dénonçaient le pouvoir.
Le mouvement citoyen scande dans la rue des revendications sur des refrains de chansons repris en ch?ur, depuis des années, par des milliers de supporters dans les travées des stades d'Algérie. La jeunesse, passionnée de football, a fait des stades une tribune pour exprimer ses revendications, crier sa colère, dénoncer la malvie.
Le pouvoir a laissé faire, croyant par là contenir la jeunesse et circonscrire sa colère au seul espace des stades. Fatale erreur. Le message des supporters s'est conforté, a dépassé les clivages entre clubs et régions pour déboucher sur la lame de fond qui secoue l'Algérie depuis des semaines. La rue et les citoyens ont remplacé les tribunes et les supporters pour prolonger la contestation et la faire aboutir au départ du système. L'histoire retiendra que les responsables au sein du mouvement sportif national et les dirigeants d'associations sportives n'ont pas accompagné le mouvement par des positions clairement déclarées et affichées devant l'opinion publique.
Ces «responsables» sont en déphasage total avec leur environnement et ses acteurs. Cela ne fait que confirmer la fameuse déclaration du célèbre joueur brésilien Socrates : «C'est les pauvres qui remplissent les stades et c'est les riches qui en profitent.» La formule sied parfaitement à l'exemple algérien. Les supporters sont l'âme des clubs, ils partagent toutes les revendications citoyennes et les dirigeants pointent aux abonnés absents comme s'ils ne sont pas concernés par ce qui se passe. Le sport, comme tous les autres secteurs, ne peut pas faire l'économie d'une grande lessive pour débarrasser le mouvement sportif national de toutes les impuretés qui lui collent à la peau. Le divorce entre la base et le sommet est définitivement consommé. Tous les secteurs confondus ont rejoint le mouvement? sauf celui du sport, plus exactement ses têtes couronnées.
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Posté Le : 19/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Ouahib
Source : www.elwatan.com