Algérie

Mouvement populaire : rendez-vous avec l'Histoire



Au regard de la forte teneur symbolique du 1er Novembre, les Algériens s'apprêtent à un grand rendez-vous avec l'Histoire. Par bien des aspects, il s'annonce comme un tournant majeur de la "révolution" acte II.S'il faut sans doute se garder des prédictions hâtives, le 37e vendredi, coïncidant avec l'anniversaire du déclenchement de la Révolution, sera probablement le jour de mobilisation le plus important depuis le début du mouvement populaire en février dernier. À voir les multiples appels relayés sur les réseaux sociaux, la mobilisation observée vendredi dernier, conjugués à la symbolique du 1er Novembre, l'on s'attend à ce que des millions d'Algériens descendent demain dans les rues dans toutes les wilayas du pays pour réitérer leur rejet de l'élection et réclamer un changement radical de régime.
Et chacun y va de sa contribution pour faire de ce vendredi une journée historique à graver sur du marbre. Alors que les étudiants, fer de lance du mouvement, ont déjà annoncé la couleur mardi à travers une impressionnante mobilisation, de nombreuses initiatives sont prises pour renforcer la mobilisation, particulièrement Alger sur laquelle les regards du monde entier seront braqués en raison de sa symbolique et de son statut juridico-sécuritaire particulier.
C'est ainsi que de nombreux citoyens ont déjà fait le déplacement vers la capitale depuis certaines villes de l'intérieur, histoire d'éviter les barrages, comme ces jeunes, arrivés d'Ouargla, dont une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux, ou encore ceux venus de Bordj Bou-Arréridj et de Tizi Ouzou à pied. Des appels pour offrir le gîte à des participants sont lancés par des habitants d'Alger et la confédération des syndicats, tandis que certaines assemblées locales ont réquisitionné des bus à l'intention des manifestants désirant se rendre à Alger.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, une manifestation simultanée est prévue à Paris où se concentre l'essentiel de notre diaspora à l'étranger. "Nous, organisations, partis, comités et collectifs de citoyens algériens en France, déclarons, aux côtés de nos compatriotes en Algérie et dans toutes les régions du monde, nous réapproprier le 1er Novembre 1954, en manifestant pacifiquement pour l'avènement d'un Etat démocratique et social", ont lancé dans un communiqué ses initiateurs. Cette effervescence, à la veille du vendredi, confirme le regain de vigueur du mouvement.
Malgré le travail de sape des agents de la "contre-révolution", présents partout et qui essaiment particulièrement les réseaux sociaux, la chape de plomb imposée par le pouvoir sur les médias lourds, les tentatives de division à travers l'histoire du port de l'emblème amazigh, la répression et les arrestations qui ont ciblé de nombreux acteurs politiques et de la société civile, le pari sur l'essoufflement, les entraves multiformes à l'exercice politique et le renforcement des barrages, notamment à l'entrée d'Alger, le mouvement, dont le pacifisme fait école, n'a pas montré jusque-là des signes de fléchissement ou de résignation.
Galvanisé par l'obstination du pouvoir à maintenir l'échéance électorale et son refus d'accéder aux revendications, comme la libération des détenus et le départ des symboles du système, le mouvement se voit, au fil des semaines, renforcé aussi par l'implication de certains corps sociaux à travers les grèves. C'est pourquoi, au regard de la forte teneur symbolique du 1er Novembre, les Algériens, comme beaucoup le proclament déjà sur les réseaux sociaux, s'apprêtent à un grand rendez-vous avec l'Histoire. Par bien des aspects, il s'annonce comme un tournant majeur de la "révolution", acte II.

Karim K.


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