Pour une histoire nationale de l’Algérie
Que resterait-il à notre âme si elle perd ses repères de grand peuple?
D’une certaine manière, c’est-à-dire avec sérieux et émotion, Amar Belkhodja, journaliste et chercheur en histoire nous en propose une juste réponse dans son recueil d’articles et de souvenirs personnels, sous le titre: Mouvement national - Des hommes et des repères (*).Grand est le journaliste, quand il est fidèle à sa profession en rapportant avec le souci du vrai et la générosité du témoin, non pas seulement ce qu’il voit et écoute autour de lui aujourd’hui, mais encore ce qu’il a cherché, dans le passé, à découvrir, à étudier et à analyser.L’honneur du journaliste, et du «chercheur libre», comme Amar Belkhodja, est de dire la geste de son pays à ses lecteurs jeunes - ou moins jeunes -, chose que ceux-ci ne trouveraient peut-être pas ailleurs. Oui, «ailleurs», dans les bas-fonds de la société de certains idéalistes au service du néocolonialisme et se disant professionnels de l’histoire de l’Algérie, et j’entends bien, par allusion, également se disant férus de notre littérature, et ainsi ne désespérant pas de se constituer indirectement principaux blocages à notre développement culturel, éducatif et économique.À bien partager l’observation de Amar Belkhodja, à la lecture de son livre, il ne suffit pas de «regarder» en arrière pour mettre en marche l’esprit et le sens du passé; il faut aussi, coûte que coûte, restituer ce passé sous la forme naturellement d’une «actualité», le rappeler, le mettre au premier plan de toutes les préoccupations que l’avenir avive chez nous. À cet effet, il paraît indispensable d’aller aux textes écrits, aux paroles consignées dans la mémoire du peuple. C’est par là que les générations s’éduquent, se forment et réécrivent l’histoire ancienne, par là que s’assimileront les générations suivantes. Le cycle ainsi continue, ainsi l’Histoire d’un peuple grandit le peuple. Sans quoi, indélébile sur nos visages, restera cette grimace d’impuissance esquissée par Amar Belkhodja dans la toute dernière phrase de son livre: «L’amnésie, un mal très dur à supporter.»Il a évidemment raison, inlassablement journaliste du présent, il veut pareillement enquêter, interroger le passé, celui qui fait, comme dit la sagesse populaire, plutôt monter au visage la couleur écarlate de l’honneur, non le rouge de la honte. Car si même la découverte est parfois lourde de déception, la vérité révélée est une valeur, un enseignement toujours enrichissant. Alors si l’on a un tel sentiment, la lecture des articles contenus dans Mouvement national, des hommes et des repères, peut être indiquée comme un remède, parmi les meilleurs, qui nous soulageraient de nos fausses crises actuelles.Ces articles, qui groupent les faits historiques, peuvent présenter des lacunes ou des insuffisances, mais il faut faire un choix entre les faits et les cent façons de les exposer et surtout de les expliquer. Or ça est l’oeuvre de l’historien, nous le savons et Amar Belkhodja aussi. C’est pourquoi, il ne se départit pas de sa passion de journaliste: enquêter, analyser et informer. Tout ce qu’il nous dit est ressuscité: l’Histoire d’hier, la voilà instrument d’éducation, d’éveil pour tous.Muni de documents très divers peu ou prou connus, de ses riches lectures des grands militants nationalistes algériens et de celles des amis de l’Algérie, et faisant le point des choses vues, Belkhodja l’Algérien, qui, m’a-t-il confié dans un billet fraternel, tient à son «Bel» comme moi je tiens à mon «apostrophe», nous met sous les yeux quelques «leçons» de notre Histoire. Le souvenir inscrit dans le présent devient, j’ose le dire, une science positive pour réveiller les consciences, et les consciences, s’obligeant à se connaître elles-mêmes, répondront de leur responsabilité.Il est inutile que j’aille plus loin, les événements, les thèmes, les héros vivants ou morts que Amar Belkhodja aborde dans son Mouvement national - Des hommes et des repères, nous rassurent sur la qualité du coeur et de l’esprit de nos auteurs.Le passé algérien reconstitué par la vérité historique des Algériens n’est jamais une gageure; ici rien ne sera plus jamais oublié, méconnu: Les Moussebiline; L’histoire entre deux sigles PPA et OS; Le football dans les années 1920; Femmes algériennes luttes et souffrances; Messaouda oubliée;...et à découvrir ou à redécouvrir Des hommes (Mohamed-Chérif Sahli, Moubarek El-Mili, Ben Badis, Messali Hadj et la contribution de son épouse Émilie Busquant, Ferhat Abbas, Saâd Dahleb, Frantz Fanon, Roland Miette (un ingénieur agricole d’origine européenne militant au sein de l’UDMA),...et Des repères multiples: L’émigration et le mouvement national; Les Algériens dans la résistance antinazie; Tortures, des cris et des écrits; Guerre et traumatismes psychologiques...Et Juillet de mes vingt ans, en 1992, où il est triste pour l’auteur de constater qu’«On ne jure plus: "Haq dem Echouhada".»(*) MOUVEMENT NATIONALDES HOMMES ET DES REPÈRESde Amar BelkhodjaÉditions Alpha, Alger, 2008, 300 pages.
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Posté Le : 18/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kaddour M´HAMSADJI
Source : www.lexpressiondz.com