Algérie

Mouvement associatif


La plupart des ONG sont inactives Une enquête nationale sur le mouvement associatif en Algérie vient d?être réalisée par le sociologue Omar Derras, chercheur au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), et ce, à l?initiative de la fondation Friedrich Ebert. L?enquête a touché 446 associations réparties sur 24 wilayas, dont 6 du Centre, 5 de l?Est, 3 du Sud et 10 de l?Ouest. L?étude a abouti à une conclusion inédite, voire déroutante : sur les 75 000 associations déclarées et agréées par le ministère de l?Intérieur et des Collectivités locales, seules 1500 associations sont actives au niveau national. En outre, M. Derras, enseignant également à la faculté des sciences sociales à l?université d?Oran, a souligné, hier, lors d?une conférence de presse à la fondation Friedrich Ebert (Alger), que les associations de contestation ou de revendication, de défense des droits de l?homme restent très minoritaires et marginalisées et font l?objet d?un contrôle rapproché par les pouvoirs publics. Ce type d?associations, dont la finalité consiste à devenir une force de propositions, est qualifié par le sociologue d?associations « politiquement sensibles ». Il a cité, par exemple, les associations des droits de l?homme, des droits de la femme, les associations professionnelles, les associations culturelles de défense de la langue amazighe, les associations de préservation du patrimoine, de défense des consommateurs et de lutte contre la corruption. L?enquête, intitulée « Le phénomène associatif en Algérie », a révélé que les associations qui dominent dans l?espace associatif sont très souvent créées directement ou indirectement sur initiative des pouvoirs publics à des fins de collaboration, d?allégeance et de soutien indéfectible au pouvoir. Le sociologue a expliqué, à ce propos, que les responsables associatifs qui sont animés par un excès d?activisme aspirent derrière ce type d?allégeance à une possible carrière politique, ou à un repositionnement statutaire, social ou économique. L?exemple édifiant, note cette enquête qui sera distribuée gracieusement, est la création, à travers le territoire national, des comités de soutien au programme du président de la République, le recyclage des anciennes organisations de masse, les associations à caractère humanitaire et social encadrées par le ministère de l?Emploi et de la Solidarité nationale, ou encore, les clubs sportifs et les maisons de jeunes chapeautés par le ministère de la Jeunesse et des Sports. L?étude a conclu à un fait révélateur des m?urs politiques en vigueur : ces associations sont mobilisables selon des conjonctures politiques et, notamment électorales. M. Derras souligne que cette configuration s?inscrit implicitement dans la stratégie de l?Etat et des pouvoirs publics, dans la mesure où ces derniers veulent conférer au tissu associatif un rôle intégratif, de collaboration et de soutien. Sur un autre plan, les résultats de l?étude indiquent que la totalité des associations enquêtées mettent en exergue la problématique récurrente relative au manque de moyens financiers et de locaux. En effet, 32% de l?ensemble des associations avancent le problème financier et 20% le problème du local. Un taux de participation de 4% Pour ce qui est de l?adhésion, seulement 250 000 adhérents réguliers sont recensés sur les 446 associations. Ce qui donne un taux de participation associative en Algérie de 3 à 4%, tandis qu?il est de 11% au Maroc et de 44% en France. « Le mouvement associatif est très actif au Maroc en raison de la dégradation des conditions de vie et de la pauvreté galopante », illustre le sociologue, ajoutant que la France enregistre chaque année 76 000 nouvelles associations. Par contre, la ville d?Oran, à titre d?exemple, enregistre un taux de mortalité des associations de 80%. L?étude montre, également, que les champs de prédilection et d?intervention de l?espace associatif s?orientent vers trois grands domaines particuliers, à savoir : le secteur social, le secteur culturel et le secteur sportif. Au bout du compte, le sociologue souligne que la vitalité de l?espace associatif est très faible. « Je refuse d?utiliser le terme de mouvement associatif, car cela suppose qu?on a des associations capables de provoquer une transformation sociale », explique-t-il, plaidant pour des petites opérations de proximité (hygiène dans les quartiers, campagne contre le sida, analphabétisme?) pour revitaliser le monde associatif. Le sociologue a, également, appelé les pouvoirs publics et les associations à dépasser le sentiment de méfiance qui mine leur relation mutuelle.
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