Algérie

Moussavi et Karoubi lâchés par leurs partisans



Plusieurs personnes, dont un membre du camp réformateur, accusées d'avoir participé à des manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, ont affirmé hier devant un tribunal de Téhéran avoir commis une erreur en prenant part aux protestations. Deux candidats malheureux à l'élection du 12 juin, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi et le réformateur Mehdi Karoubi, refusent toujours de reconnaître la victoire du président Ahmadinejad, invoquant des fraudes. Au banc des accusés, Mohammad Ali Abtahi, ancien vice-président sous le mandat du président réformateur Mohammad Khatami (1998-2005), a affirmé que « la question des fraudes (...) était un mensonge (...) sorti pour provoquer des émeutes », selon l'agence Fars. M. Abtahi figure parmi la centaine de personnes 'dont plusieurs réformateurs' jugées à partir de samedi par ce tribunal révolutionnaire et accusées de troubles à l'ordre public lors des manifestations post-électorales. Celui qui fut conseiller du candidat Karoubi a en outre affirmé que les réformateurs, notamment les leaders de l'opposition, avaient trahi le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. « Je pense que les réformateurs ont mené des actions pour limiter la marge de man'uvre du guide », a-t-il dit. M. Abtahi a parlé d'un « serment » de solidarité passé entre MM. Moussavi, Khatami et l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani. « Moussavi ne connaissait probablement pas le pays, mais Khatami (...) connaissait parfaitement la situation. Il connaissait la puissance du guide, mais il a rejoint Moussavi et ça c'était une trahison », a indiqué M. Abtahi, ajoutant que M. Rafsandjani voulait se venger de sa défaite à la présidentielle de 2005, remportée par M. Ahmadinejad. Dans un communiqué rapporté par l'agence Irna, le conseil de discernement que dirige M. Rafsandjani, a qualifié de « mensonge » la déclaration d'Abtahi sur le présumé pacte. « Rafsandjani n'a soutenu aucun des candidats lors de cette élection et n'a pas eu le moindre rôle dans les incidents », ajoute le communiqué.Je demande pardon au guide'M. Abtahi a encore affirmé avoir commis une « erreur » en participant aux rassemblements, reprochant à M. Karoubi de l'y avoir poussé. Les accusés encourent une peine de cinq ans de prison, selon Fars qui a précisé que s'ils étaient reconnus coupables d'être « mohareb » (ennemi de Dieu), ils risquaient la peine de mort. Jusqu'à 2000 personnes ont été arrêtées et une trentaine d'autres tuées lors des manifestations. Environ 250 manifestants demeurent emprisonnés. Le journaliste irano-canadien, Maziar Bahari, travaillant pour Newsweek, a, lui, demandé pardon au guide suprême lors d'une déclaration à la presse à la sortie de l'audience, selon l'agence Irna. « Inconsciemment, j'ai participé à la révolution de velours » que l'Occident voulait organiser en Iran avec l'aide de ses médias, a-t-il déclaré. « Les médias (étrangers) avaient un rôle de premier plan dans les manifestations pacifiques ou violentes (...) Je demande pardon et grâce au guide suprême pour avoir participé à ces rassemblements ayant porté atteinte à la sécurité nationale », a-t-il ajouté. Le sociologue irano-américain, Kian Tajbaksh, également au banc des accusés, a affirmé qu'un projet de longue date des Etats-Unis visait à changer le régime iranien. « Les vrais responsables (des manifestations) sont des organes gouvernementaux, semi-gouvernementaux et services de renseignements implantés aux Etats-Unis », a-t-il dit, selon l'agence Irna. Vendredi, le gouvernement iranien avait à nouveau désigné les pays occidentaux comme responsables des manifestations. Or, Moussavi a démenti hier tout lien avec l'étranger. « Malgré les accusations de nos adversaires, ce mouvement (...) n'a rien à voir avec les étrangers. C'est un mouvement complètement interne », a déclaré le leader de l'opposition sur son site internet Ghalam News.


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