Algérie

Moussa Touati, président du FNA, au Soir d?Algérie



« Deux mandats suffisent amplement pour un président » Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, s?est montré persuadé, hier, dans un entretien accordé au Soir d?Algérie, qu?il y a eu une « fraude excessive » lors des dernières élections locales. « Oui, je le confirme. Il y a eu fraude. Une fraude excessive même. D?abord, il y a eu plusieurs inscriptions d?un même électeur, nous avons en notre possession plusieurs cartes de vote d?une même personne. Cette pratique a été observée dans plusieurs wilayas, surtout à Alger où le nombre de votants a été faible. (?) Mais le plus grave, c?est ce qui s?est passé à Sidi Bel Abbès où 22 000 procurations de vote ont été avalisées alors qu?il existe une note qui l?interdit », a-t-il dit. Le leader du FNA a estimé, par ailleurs, que « les partis traditionnels d?opposition ont échoué à délivrer un message d?espoir ». « Leurs discours sont alarmistes et véhiculent la sinistrose. Le peuple n?a pas besoin de ce genre de discours, il veut que les partis apportent les solutions à ses problèmes et qu?ils soient à l?écoute de ses préoccupations », a-t-il soutenu. Au sujet de la question des alliances, Moussa Touati considère que « l?alliance présidentielle n?existe pas car il n?y pas, à proprement dire, un programme que ce triptyque veut défendre auprès de la population ». Et d?ajouter : « Il y a surtout une alliance pour le partage des postes et des privilèges. Rien de concret dans le fond. Si les représentants d?un des trois partis quittaient le gouvernement, il ne resterait plus rien qui les unisse. Je veux dire qu?ils n?ont pas d?ancrage. Leur union est restée au niveau du sommet. » En outre, M. Touati a dénoncé « la présence de 120 cadres supérieurs ayant une double nationalité, y compris des ministres à la tête de départements de souveraineté ». « Tout le monde les connaît ! Ce sont des cadres et des ministres qui ont la double nationalité. Leurs noms ont été affichés après les attentats du 11 septembre qui ont ciblé les Etat-Unis, sur un site internet, suspendu il y a un an. Mais la question doit être posée au président de la République. Pourquoi sommes-nous dirigés par ces personnes ? N?y a-t-il pas dans notre pays des Algériens capables et compétents ? », a-t-il argué. S?agissant de la polémique qui a entouré la visite du président français, Nicolas Sarkozy, qui a reçu les harkis aussitôt rentré dans son pays et des déclarations du ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, le leader du FNA a souligné que le ministre des Moudjahidine s?est exprimé en qualité de citoyen, de moudjahid et non en qualité de ministre qui défend la famille révolutionnaire. « On attendait que d?autres organisations se prononcent à sa place pour des raisons protocolaires. Mais force est de constater que le président français est venu avec l?intention de nous imposer la vision des nostalgiques et des négationnistes sans se soucier du fait qu?il peut de la sorte froisser l?orgueil et la dignité des Algériens. Je trouve que Mohamed Chérif Abbas a été courageux. Je le soutiens et je suis de tout c?ur avec lui. Quant au fait que le président reçoive les harkis juste après son retour en France pour les honorer, je qualifie ce comportement d?insulte envers les dirigeants algériens. (?) En vérité, il est venu pour empocher les 5 milliards d?euros, d?ailleurs, il a été lui-même surpris de ce butin sans contrepartie. L?Algérie n?a rien gagné dans cette affaire », a-t-il regretté. Concernant le souhait du FLN de voir le président Bouteflika briguer un 3e mandat, le responsable du FNA a soutenu le principe qu?« on ne change pas le texte fondamental pour satisfaire une personne ou quelques personnes ». Pour lui, « ces organisations (l?UGTA, l?UNPA, l?UNJA?) s?agitent pour des raisons évidentes, il y va de leur survie ». « Le Président a effectivement la prérogative de changer la Constitution, mais je peux parler de ma propre expérience du temps de Liamine Zeroual. A l?époque où j?étais à la tête de l?Onec, avant que celle-ci ne soit parasitée par le FLN, nous pensions que deux mandats étaient nécessaires mais la révision ne répondait pas à un besoin personnel, c?était la République qui était en péril et nous avions proposé la création du Sénat pour faire face au péril islamiste. Maintenant, un troisième mandat n?est pas justifié. Dix ans pour un président, c?est suffisant », a expliqué M. Touati.


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