Algérie

Moussa Touati à l'ENTV «Anarchie gouvernementale...»


Invité samedi soir de l'émission forum de l'ENTV, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a développé un discours qui tranche avec celui de Belkhadem, Ouyahia et Soltani, tendant à incarner une force politique d'opposition, avec laquelle il faudra à son sens désormais compter. Si sur certaines questions Touati fait preuve de sobriété, voire d'une extrême réserve, sur d'autres il se montre plutôt agressif, en donnant à son intervention des déclinaisons de réquisitoire. C'est particulièrement le cas quand le président du FNA est invité à s'exprimer sur la gestion des affaires du pays par le gouvernement Belkhadem ou encore sur les partis composant l'alliance présidentielle. Moussa Touati n'hésitera pas alors à employer des formules «choc» en parlant de l'actuel exécutif. En effet, pour lui, aujourd'hui «c'est l'anarchie gouvernementale qui gère le pays». L'orateur poussera cette logique encore plus loin en déclarant que les ministres qui ne sont même pas capables de gérer une crise doivent tout simplement déposer leurs démissions. En ce sens, il dira qu'au FNA «on veut que l'Algérie soit un Etat de droit et un Etat égalitaire» pour s'appesantir ensuite sur le traitement de faveur dont bénéficient certains Algériens et pas d'autres. Comme à son habitude, il dénoncera également ceux qui avaient détourné l'argent public à l'étranger en parlant des sommes mirobolantes qui se retrouvent dans les banques suisses. Mais paradoxalement en abordant la question de l'amnistie générale, il estime que la sphère économique doit aussi en bénéficier, selon lui, pour favoriser l'investissement national. Le leader du FNA tentera tout au long de l'émission de prendre ses distances par rapport essentiellement à l'alliance présidentielle qu'il estime avoir été construite sur les bases d'une «conquête de positions» et non dans le souci de servir les intérêts de la population. «Nous ne sommes pas un parti populiste, nous ne sommes pas un parti qui parasite la scène politique», se défend Moussa Touati pour axer son intervention sur les changements qui doivent intervenir en Algérie. Des changements qui doivent profiter aux citoyens et surtout à la jeunesse. Interrogé sur la position du président de la République Abdelaziz Bouteflika, vis-à-vis de la question de la repentance - en ce sens, le premier magistrat du pays avait été le premier à exiger des excuses officielles de la France sur son passé colonial en Algérie pour se murer dans un étrange silence à la faveur de la visite du président français Nicolas Sarkozy en Algérie -, Moussa Touati précisera d'abord que le président de la République est le seul à décider de la politique étrangère de l'Algérie. Non sans souligner que Abdelaziz Bouteflika a peut-être des raisons de n'avoir pas soulevé cette question au cours de la visite du chef d'Etat français qu'il ne voudrait pas rendre publiques. Ces raisons, selon le président du FNA, peuvent être d'ordre économique ou géostratégique. Sur ce point précis, Touati évoque le projet de l'union méditerranéenne. Cependant, devait dire l'invité du forum de l'ENTV, cela ne doit pas empêcher les Algériens d'exiger de la France une repentance des crimes commis en Algérie. Dans cette veine, Touati insistera à dire que la France avait exigé de l'Allemagne des excuses pour les crimes commis par les nazis. «Nous n'accepterons pas que la France présente des excuses à tous les Africains, sauf aux Algériens», devait-il conclure le chapitre de la repentance. Sur son éventuelle candidature aux prochaines présidentielles, le président du FNA restera évasif, mais soulignera que la question reste prématurée, en déclarant qu'il reste 15 mois et en insistant à dire «comment voulez-vous qu'on parle des présidentielles alors que les crises se succèdent aujourd'hui en Algérie». Et d'ajouter que le dernier mot revient au conseil national du parti. «Les congressistes m'ont proposé comme candidat du FNA aux présidentielles, mais cela ne veut pas dire que j'accepte sans en référer au conseil national», précisera Moussa Touati. Quand il fut interpellé sur le fait qu'il voulait obtenir la confiance des citoyens pour la magistrature suprême, alors qu'il n'avait même pas eu la confiance de ses derniers pour une députation, Moussa Touati lancera sur un ton de défi que l'avenir tranchera en soulignant que le militantisme ne s'arrête pas à une échéance électorale. Ce dernier rejettera, par ailleurs, les accusations qui font de lui un président qui gère le parti comme un bien personnel en disant qu'à aucun moment il n'avait transgressé les statuts et le règlement intérieur du parti, et plus particulièrement dans l'organisation du dernier congrès.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)