Algérie

Mourir sur l'asphalte



Mourir sur l'asphalte
Ils font joujou avec la mort. Pour la leur, d'aucuns diront que c'est leur problème, même s'il est toujours bête de mourir de manière si? bête. Voire injuste, si tant est qu'il y ait une manière intelligente ou juste de perdre la vie ou de s'installer dans l'enfer du handicap pour le restant de ses jours. Mais les inconscients ne savent jamais qu'ils sont inconscients et ceux qui en souffrent sur leur chemin pensent d'abord à leur propre sécurité avant de penser à ceux qui la mettent tous les jours et sur chaque tronçon de route en danger.Au volant de bolides venus d'une technologie du futur, de voitures plus courantes mais de solide performance et parfois avec des montures très modestes, ils sèment la terreur - le terme n'est pas du tout exagéré - sur les routes. A une vitesse diabolique, ils foncent sans retenue. zigzaguant d'une file à une autre, ils ont une seule pédale au pied qui s'appelle l'accélérateur.Ils n'ont pas une seule pédale, ils ont trois accélérateurs, disent ceux qui veulent nous rappeler qu'on peut rire de tout, y compris du péril sur la vie. Ils ignorent le code de la route et quand quelqu'un en parle, eux en rigolent. Enfin, ils en rigolent quand ils ne réagissent pas autrement. Souvent avec dédain, parfois avec arrogance, quand ce n'est pas carrément avec violence.Ils ont une seule pédale au pied, qu'ils transforment parfois en freins sifflant à perforer les tympans. Ils savent s'arrêter, dans d'infernaux crissements de pneus, se ranger comme ils veulent où ils veulent et descendre en découdre avec l'audacieux conducteur qui a eu le malheur de se plaindre de leur folie ou simplement esquisser un geste d'agacement naturellement provoqué par la peur-panique. Ils descendent et ils ont presque toujours de gros bras, sinon ils ont des gourdins, quand ce n'est pas autre chose de plus sérieux.La bande d'arrêt d'urgence ' A leur décharge, d'autres, moins dangereux dans la conduite et moins vindicatifs, l'empruntent aussi. Normal. Pour quasiment tout le monde, elle est devenue une quatrième voie. Les feux de signalisation ' Ils n'en ont pas. La route est à eux et c'est aux autres de se débrouiller pour ne pas se mettre sur leur passage, d'éviter leur trajectoire maléfique et leur courroux d'enfants gâtés en mal de sensations fortes.Des gâteries qui reviennent cher. Elles ne sont pas les seules responsables du peu glorieux classement de nos routes parmi les meurtrières du monde. On n'arrête pas la folie meurtrière sur l'asphalte mais on peut l'atténuer. Il paraît que les services de sécurité s'y mettent, depuis quelque temps plus qu'avant. Si les résultats étaient brillants, ça se saurait. Pour une fois, on ne conteste pas les statistiques officielles. Non pas parce qu'il y a un regain de crédibilité pour ceux qui les fournissent, mais parce qu'elles sont déjà trop éloquentes comme ça pour en rajouter.A donner froid dans le dos. Aucune mort n'est juste ou intelligente, il y a seulement des morts évitables. D'abord par la dissuasion. Il n'y a pas de dissuasion sans répression légale. Mourir sur la route n'est pas une fatalité. Laisser mourir et parfois tuer, encore moins.Slimane Laouari




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