Mourad Preure : «La fin du pétrole est un grand mensonge»

Publié le 03.08.2024 dans le Quotidien d’Oran
par El-Houari Dilmi

«Les guerres de l'énergie n'ont jamais cessé, parce que le pétrole et le gaz, le pétrole en particulier, sont produits à des milliers de kilomètres de leurs lieux de consommation », a indiqué, jeudi, Mourad Preure, consultant international en questions énergétiques. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, Mourad Preure a mis en exergue « la dimension géopolitique dans l'industrie pétrolière, en ce sens que les pays producteurs constituent le maillon faible compte tenu de la faiblesse de leur pouvoir décisionnel face aux grandes compagnies internationales », a-t-il souligné. « Nous vivons aujourd'hui une situation assez paradoxale : pendant que des analystes occidentaux nous expliquent que le pétrole est en voie d'extinction, nous constatons que l'acharnement sur les pays producteurs se maintient. Ce paradoxe s'explique par le fait que la substitution des énergies fossiles par l'électrique et l'hydrogène vert reste une illusion, avec, de surcroît, des conséquences désastreuses sur l'environnement », a-t-il affirmé. Déconstruisant le discours propagandiste des pays consommateurs sur la fin des énergies fossiles, l'expert pétrolier a affirmé que la « fin du pétrole prônée par les spécialistes occidentaux était un grand mensonge ». Les stratégies des puissances mondiales visent à déstabiliser les pays riches en ressources énergétiques afin de maintenir leur emprise sur eux, a-t-il ajouté. « Mais l'émancipation des pays du Moyen-Orient comme l'Arabie saoudite de la tutelle américaine, et l'introduction d'autres monnaies comme le yuan chinois et la roupie indienne dans le commerce du pétrole est en soi une véritable révolution », a-t-il affirmé. « La fin de l'ère du pétrole est un grand mensonge, puisque les hydrocarbures, gaz et pétrole, constituent aujourd'hui plus de 50% de la consommation énergétique mondiale, d'où la stratégie des pays occidentaux de contrôler les approvisionnements en énergie mais aussi en matières premières des pays comme la Chine et l'Inde qui constituent aujourd'hui le centre de gravité de la croissance mondiale », a encore expliqué l'expert algérien. «La lutte pour l'accès aux matières premières est de plus en plus agressive, il suffit pour s'en convaincre de voir ce qui se passe dans toute la zone sahélo-sahélienne », a souligné l'invité de la Radio. « Pour les pays occidentaux, la guerre de leadership pour le contrôle de la transition énergétique ne fait que commencer », a-t-il conclu.