Algérie

Mourad Medelci: «L'effet domino, une invention des médias»



Les visites ministérielles entre l'Algérie et le Maroc vont reprendre, annonce, à El Pais, M.Medelci. Les récents mouvements de contestation en Egypte et en Tunisie ne devraient pas provoquer «d'effet domino» en Algérie, a affirmé le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci dans des déclarations citées hier par le quotidien espagnol El Pais.

« L'effet domino est une invention des médias y compris les médias algériens qui sont très libres. Je ne crois pas que cela s'applique à l'Algérie. L'Algérie n'est pas l'Egypte ou la Tunisie», a déclaré le ministre algérien alors qu'il se trouvait vendredi en Espagne. Même si l'appréciation du ministre algérien ne converge pas nécessairement avec celle que fait l'intellectuel Khaled Satour, il y aurait beaucoup à dire sur cette thèse de l'effet dominos. «La contagion, autrement appelée «effet dominos», est diagnostiquée, estime Khaled Satour, comme un phénomène allant de soi alors même qu'aucun antécédent, si l'on exclut la période de décolonisation du siècle dernier, ne permettait légitimement de supposer une si étroite solidarité des destins nationaux de cet ensemble de pays». Bien au contraire, estime encore cet intellectuel, «ce sont constamment des facteurs strictement intérieurs qui ont commandé l'évolution, plus ou moins turbulente, de chaque nation». M.Medelci ne s'attarde pas dans El Pais sur le fond des bouleversements que vivent certains pays arabes actuellement. Mourad Medelci a estimé toutefois que «ce qui se passe aux portes de l'Algérie est inquiétant», en allusion aux manifestations qui ont éclaté dans plusieurs pays arabes, dont la Libye. «Il y a une instabilité. Nous avons vu comment cette mobilisation, grâce à l'internet, peut atteindre de larges proportions», a-t-il souligné.

Pas de manifestation dans la capitale

Mourad Medelci a été interrogé par El Pais au sujet de l'agitation suscitée à Alger par la «Coordination nationale pour le changement et la démocratie». Rappelant la manifestation du 12 février dans le centre d'Alger bloquée par les forces de l'ordre, M. Medelci a estimé qu'il n'y avait ce jour-là «pas plus de 500 personnes».

«Déjà samedi (le 12 février, ndlr), on les a empêchés de défiler, mais ils se sont rassemblés sur la Place du 1er Mai et là, selon des sources policières fiables, il n'y avait pas plus de 500 personnes, auxquelles vous pouvez ajouter quelques passants», a assuré M. Medelci. «Il a été prouvé que les organisateurs sont une minorité», a-t-il dit. Le ministre avait fait une évaluation similaire dans un entretien qu'il avait accordé à la radio française Europe n°1.

Les Algériens peuvent manifester, mais pas à Alger, où ils seront interdits, relève le journal espagnol. Pourquoi les Algériens ne peuvent pas manifester à Alger ? demande El Pais ? «Nous avons de mauvais souvenirs des émeutes de 2001», répond-il. Pour s'exprimer, M. Medelci indique «nous offrons toutes les grandes salles, y compris la Coupole (Alger), avec une capacité de 10.000 personnes».

Reprise des visites d'officiels entre Alger et Rabat

Concernant les réactions américaines par rapport aux manifestations en Algérie, Mourad Medelci a fait remarquer à El Pais que «la police n'a pas porté des armes ou du gaz lacrymogène, et le réseau Internet fonctionne normalement». Quant à la déclaration du ministre espagnol Jiménez sur la nécessité de respecter le droit d'expression, le ministre algérien a estimé en substance que ce n'est pas «un message à l'Algérie» car «il a réitéré les principes que nous partageons».

A propos de la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992, promise par le président Abdelaziz Bouteflika, M. Medelci a refusé de préciser à quelle date cette mesure serait appliquée. «C'est une mesure qui était destinée à lutter contre le terrorisme», «elle sera levée quand elle aura porté tous ses fruits», a-t-il ajouté. M.Medelci se garde de confirmer ce que la presse publique et privée rapporte, s'appuyant sur une déclaration du secrétaire général du parti RND, à savoir qu'il sera levé d'ici la fin du mois.

Evoquant dans les colonnes d'El Pais les relations avec le Maroc, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci a indiqué «ce qui fonctionne aussi bien avec le Maroc est la coopération sur la sécurité». On rappelle que la frontière terrestre est fermée depuis 16 ans. La relation devrait toutefois s'améliorer car le ministre Medelci a révélé que les deux voisins ont accepté de «reprendre les visites ministérielles» avec un programme portant sur l'énergie, l'éducation et l'agriculture, entre autres secteurs.




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