Algérie

Mourad Medelci à Moscou: Les islamistes, la Syrie et les armes «perdues» de la Libye



Printemps arabe, les courants islamistes au pouvoir en Afrique du Nord, les armes libyennes au Sahel, la situation en Syrie et les relations algéro-russes, algéro-marocaines et algéro-françaises ont été au centre de l'entretien accordé par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, à la télévision russe «Russia Today».

A propos de la position officielle de la diplomatie algérienne, concernant le «Printemps arabe», qualifiée de «tiède» et de proche aux pouvoirs en place, Mourad Medelci a clairement signifié qu'Alger était peu enthousiaste face à des révolutions qui peuvent sortir de leurs frontières d'autant plus que l'Algérie n'a jamais essayé d'exporter son modèle révolutionnaire, a-t-il déclaré, en affirmant qu'elle respecte la volonté populaire et son nouveau gouvernement, en coopérant avec lui, comme ce fut le cas en Tunisie et prochainement en Libye. Ce dernier reste au centre des préoccupations de Moscou et d'Alger, quant à l'armement libyen perdu dans la nature, qui fait réagir le ministre algérien qui préfère, avant tout, responsabiliser le nouveau gouvernement en place à Tripoli qui dit être conscient du danger que représentent ces armes et qui travaille à sa résorption, mais que le danger a dépassé, aujourd'hui les frontières et qu'il menace tous les pays du Sahel et pour préserver la stabilité de cette région, il est impératif d'Å“uvrer dans un cadre de discussions entre Alger et Tripoli d'un côté et entre Alger et les autres pays, comme la Russie, qui ont la volonté d'aider les pays du Sahel, à travers les infrastructures, le renseignement et la formation des cadres pour contrecarrer la fuite des armes.

Il a affirmé que la situation au Sahel s'est aggravée au lendemain des évènements de la Libye et la dispersion de tonnes d'armes sophistiquées dans tous les pays de la région. «La situation au Sahel, déjà préoccupante avec la conjugaison des effets de la pauvreté, du trafic illicite d'armes et celui de drogues, s'est aggravée au lendemain des évènements de la Libye, et la dispersion de tonnes d'armes sophistiquées dans tous les pays de la région», a-t-il déclaré. Quant aux relations entre l'Algérie et la Libye, le chef de la diplomatie algérienne les a qualifiées de «normales», en attendant le renforcement des visites de haut niveau, et en leur proposant de les aider dans cette phase de transition puisque l'Algérie a déjà acquis une certaine expérience dans le domaine de la réconciliation. Concernant la position de l'Algérie quant à la prise de pouvoir des partis islamistes en Afrique du Nord, Mourad Medelci a tenu à préciser que ces partis existaient déjà et que le changement des pouvoirs en place leur a permis de s'imposer et nous l'accueillons favorablement.

Toujours à propos des courants islamistes, mais cette fois au Maroc, il réaffirmera que les relations algéro-marocaines transcendent la conjoncture que traverse la région, soulignant que les deux pays se sont engagés dans une coopération plus large. A une question sur «l'engagement des décideurs des deux pays pour la normalisation des relations et l'ouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc», M. Medelci dira espérer trouver des solutions à tous les problèmes avec le Maroc, par étapes et en fonction de la situation et de la volonté d'amorcer une relance solide et transparente. S'agissant de l'Union du Maghreb arabe (UMA), le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que cette question a toujours été l'espoir de l'Algérie et de tous les Maghrébins sans exception, cependant, a-t-il ajouté, les développements constatés sont insuffisants et dus à «la divergence des politiques économiques et autres». Il a rappelé qu'«à titre d'exemple l'Algérie a fonctionné pendant vingt ans avec un système centralisé où le secteur public avait un quasi-monopole des relations économiques et de la production, alors que le Maroc était ouvert au libéralisme».

A propos des sanctions contre la Syrie, Mourad Medelci a, de nouveau, fait part de la position algérienne sur cette question, en réaffirmant des principes à respecter pour éviter au peuple syrien de pâtir de ces sanctions. «Nous avons travaillé en ce sens, au niveau de la Ligue arabe et dans le cas où Damas refuse de signer la feuille de route arabe, l'Algérie se verra obligée de s'aligner sur les décisions de la Ligue. Il infirmera les informations relayées sur une prétendue initiative algérienne avec des propositions intermédiaires, entre la Syrie et les membres de la Ligue arabe.

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a estimé que les relations entre Alger et Moscou ne peuvent que se renforcer et tirer avantage des fabuleuses potentialités des deux économies et que l'Algérie apprécie hautement le rôle positif et équilibré de la diplomatie russe, en soulignant la vocation de ce pays à prodiguer une action de premier ordre, dans les relations internationales, dans le sens de la légalité internationale, de la stabilité et de la prospérité partagée.




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