Algérie

Moumen Khalifa de nouveau à la barre



Un nouveau procès s'est ouvert hier pour Moumen Khalifa, l'ancien golden boy qui a vu sa vie, sa fortune et son ascension vertigineuse réduites à néant en un temps record.Abla Cherif - Alger (Le Soir) - Les faits qui ont conduit à sa chute ont commencé en 2013, époque à laquelle il se trouve déjà poursuivi pour corruption, pots-de-vin, association de malfaiteurs, destruction de documents officiels...», et où les autorités britanniques décident surtout d'accepter la demande d'extradition introduite par l'Algérie.
Moumen Khalifa est donc extradé, mais il ne sera jugé que deux ans plus tard au tribunal criminel de Blida qui le condamne à une peine de dix-huit ans de prison assortie d'une amende d'un million de DA. Décision est également prise de confisquer tous ses biens immobiliers. Le jugement du mis en cause, propriétaire de la fameuse Khalifa Bank, a un grand écho puisqu'il accuse, face au juge, l'ancien Président Abdelaziz Bouteflika et certains de ses ministres d'être à l'origine de ses déboires. Le procès prend fin dans ces conditions et Moumen Khalifa décide de faire cassation. Comme tous, il ignore, à ce moment, qu'un grand changement interviendra cinq ans plus tard et qu'il sera de nouveau appelé à comparaître devant ce même tribunal mais avec une composante modifiée.
Ce nouveau jugement a été, en effet, organisé suite au verdict rendu, en septembre dernier, par la Cour suprême qui a jugé nécessaire de reprogrammer un nouveau procès. L'instance en question invite en outre le tribunal à donner suite aux nouveaux éléments contenus dans les propos des inculpés. Tout l'enjeu véritable de ce nouveau procès réside d'ailleurs dans ce fait puisque cette étape pourra donner lieu à des inculpations parmi les rangs des anciens ministres cités par le principal inculpé où les témoins qui seront eux auditionnés ce mardi, a annoncé hier la juge du tribunal criminel de Blida.
Moumen Khalifa accuse une nouvelle fois Abdelaziz Bouteflika et certains de ses ministres
Comme il fallait s'y attendre, Abdelmoumen Khalifa a commencé par nier tous les faits qui lui sont reprochés avant de répondre aux questions qui lui ont été posées. «Lorsque j'ai été arrêté, dit-il, j'ai laissé 90 milliards de DA dans ma banque, elle pouvait par conséquent continuer à fonctionner plus que convenablement mais tout a été entrepris pour que le groupe Khalifa s'effondre, tout a été mis en œuvre pour qu'il soit détruit et j'en arrive à cette situation».
Moumen Khalifa accuse l'ancien ministre des Finances Mohamed Djellab et Abdelaziz Bouteflika de tous les maux qui lui sont arrivés. Le mis en cause répète à ce moment ce qu'il a déjà avancé lors du premier procès qui s'est tenu cinq ans plus tôt. Il ajoute : «Tout l'argent que je possédais se trouvait en Algérie au moment où je me suis rendu à l'étranger. Tout cet argent a disparu, il a été volé, il faut savoir où a disparu cet argent ' Qui est derrière cette affaire '»
Le ministère public, représenté en la personne du procureur de la République, enchaîne en lui posant à son tour une nouvelle question : «Vous dites que Khalifa Bank était pourvue d'une grosse somme à cette époque mais des éléments de l'enquête indiquent qu'elle souffrait d'un déficit de 109 milliards.» Il lui demande aussi s'il avait fui à ce moment le pays. Réponse du prévenu : «Je n'ai jamais fui l'Algérie, je m'étais déplacé à l'étranger dans le cadre de mes affaires. Je me suis rendu aux Etats-Unis pour des raisons professionnelles, à mon retour, l'avion a fait escale à l'aéroport de Londres et là, j'ai été intercepté par des agents britanniques qui m'ont interrogé et interdit de poursuivre mon voyage.» Le prévenu accuse à nouveau Abdelaziz Bouteflika et ses ministres d'être à l'origine de tous ses ennuis avec la justice. «Mais aujourd'hui, poursuit-il, il y a une Algérie nouvelle, nous ne sommes plus dans les mêmes conditions qu'auparavant et je suis très optimiste.»
Le procureur l'écoute puis le questionne à nouveau : «Pourquoi demandiez-vous de l'argent en espèces à votre banque.» Khalifa nie, mais le représentant du ministère public poursuit sur la même lancée : «Vous niez mais l'un de vos gardes du corps, Réda Abdelwaheb, était chargé de vous acheminer des sommes en espèces de Khalifa Bank (...) et vous avez d'autre part accordé une importante somme de 900 millions de centimes à l'une de vos employées chargées des cartes magnétiques...
Réponse aux deux questions : «Je n'avais pas de gardes du corps, il s'agit d'un fonctionnaire ordinaire auquel je donnais des chèques pour qu'il effectue des retraits, quand à l'employée, elle avait demandé un crédit, c'est une procédure légale et ordinaire qui s'est déroulée.» Nouvelle question du procureur : «Des anciens ministres et hauts responsables vous ont-ils demandé d'employer leurs enfants, leurs proches ou de leur accorder des avantages '» Moumen Khalifa nie avoir été destinataire de telles demandes comme il nie en général toutes les accusations retenues à son encontre.
Ses accusations envers l'ancien président de la République reviennent comme un leitmotiv. La réouverture de son dossier lui donne un espoir nouveau, très visible à travers ses déclarations. Le procès lui s'étalera visiblement sur plusieurs jours. La présidente du tribunal a en effet annoncé que l'audition des témoins aura lieu durant la journée de mardi. Onze personnes devront en tout être auditionnées. Parmi elles, l'ancien ministre du Travail Abou Djerra Soltani.
A. C.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)