Mouloud Lounaouci, doctorant en sociolinguistique et membre fondateur du MCB, à propos de l'officialisation de tamazight

"Il faut d'abord dire une chose : le statut de langue nationale pour tamazight a été acquis après des pressions des militants de la cause amazighe. C'est l'aboutissement d'un long combat qui a démarré au milieu du siècle dernier avec les militants du mouvement national indépendantiste. Ce statut a été acquis, il faut le préciser, après 119 morts en Kabylie. Pour avoir ce statut donc, nous avons payé le prix du sang. Il faut ajouter que l'Algérie a été, à maintes reprises, interpellée par des institutions para-onusiennes dans la mesure où les minorités linguistiques en Algérie ne jouissent pas de leurs droits. Toutefois, même acquis, ce statut n'est que symbolique. Concrètement, il n'y a rien eu de nouveau. Les quelques structures qui existent en matière d'amazighité ne jouissent pas des mêmes droits que les institutions de langue arabe. Il est clair donc que le statut de langue officielle soit l'élément central de la revendication parce que ce statut précisément permet d'avoir une politique linguistique égalitaire. En fait, il permettra à tamazight, au même titre que l'arabe, de devenir omniprésente et omnipotente. C'est la raison pour laquelle le pouvoir actuel opte pour des mesures dilatoires. Aussi, une deuxième langue officielle impliquerait de facto la fin d'un Etat centralisateur. Il est vrai que nous restons, du point de vue de l'organisation de l'Etat, une photocopie de l'organisation administrative de la France, notre ex-colonisateur. Ce statut suppose donc une refonte de l'organisation de l'Etat qui passerait nécessairement par un Etat-régions. Le pouvoir ne peut pas se le permettre parce qu'il mettrait fin à tous ses privilèges matériels et symboliques."NomAdresse email