Mouloud Hamrouche

Alors que l'année 2014 s'engage sur une crise dans le sérail à quelques semaines d'une élection présidentielle des plus controversées de l'histoire du pays, Mouloud Hamrouche rompt le silence pour mettre en garde contre les risques d'une guerre entre les différentes factions du régime.Le 17 février, le chef de file des réformateurs reçoit chez lui deux patrons de journaux et les informe qu'il va réagir à la situation incertaine qui plombe le pays en rendant publique une déclaration. Un événement politique tant l'homme s'est imposé le silence depuis de longues années.Depuis, Mouloud Hamrouche ne cesse de focaliser les regards d'une opinion publique désabusée et d'une classe politique déroutée. Se présentera-t-il ou non à l'élection présidentielle ' Remis sous les feux des projecteurs, Hamrouche suscite l'espoir chez de larges couches de la société et sème le doute dans les rangs des partisans de la reconduction de Bouteflika pour un quatrième mandat.Sa sortie entretient le mystère. C'est dans le style de l'homme. Une dizaines de jours après, Mouloud Hamrouche se sent dans l'obligation de clarifier sa pensée et donne une conférence de presse à Alger. «Je demande pardon à celles et à ceux qui ont cru comprendre que ma précédente déclaration était un acte de candidature. Nous avons une crise à l'intérieur du régime. On ne sait pas comment vont se développer les choses à partir du 18 avril, car cette problématique dépasse la présidentielle», lance-t-il devant un parterre de journalistes et de personnalités politiques.L'ancien chef de gouvernement sous Chadli devient l'animateur principal d'une scène politique nationale floue, enchaînant les sorties médiatiques et politiques. Il réussit à fixer les termes du débat national en se plaçant en dessus de la mêlée. A deux semaines de la présidentielle, il franchit un nouveau pas en demandant à Bouteflika ? déclaré candidat à sa propre succession ? et au généraux-major Toufik et Gaïd Salah de trouver un «nouveau consensus», les invitant avec ses propres mots à «préparer leur départ».Son propos provoque une onde de choc dans le sérail et accélère la «réconciliation» entre les trois hommes pour reconduire le statu quo. Bouteflika reconduit dans une élection aussi absurde qu'incongrue, Mouloud Hamrouche reprend son bâton de pèlerin et part à la rencontre des Algériens pour écouter leurs préoccupations, mais surtout expliquer les raisons de la crise et comment s'en sortir. Il met en avant son leitmotiv : pour un nouveau consensus national. Bouteflika effacé de la scène pour des rasons de maladie, Mouloud Hamrouche, en pleine forme, apparaît comme la figure publique principale du pays. Il est incontestablement la personnalité politique de l'année.