Repéré par un des villageois de Semaoun, Mouloud Benmammar, un habitant du village de Boualaouan, est sollicité pour réaliser des sculptures ornementales après avoir fait ses preuves dans un patelin voisin.Cet homme de 35 ans savait qu'il était prédestiné à dessiner et à sculpter, mais il a fallu les encouragements des siens pour faire le premier pas dans une aventure artistique et commettre ses premières réalisations.
Abandonnant le lycée, il rejoint le CFPA de Sidi Aïch pour une formation en peinture, lettres et décoration. Sa vocation première n'était pas le bâtiment, mais ses moyens limités ne lui ont pas permis de rejoindre une des écoles des beaux-arts à Alger ou à Tizi Ouzou pour étudier les arts.
Son talent est confirmé par des artistes diplômés des écoles spécialisées lors d'une manifestation culturelle qui a eu lieu au lycée de Sidi Aïch où il a rencontré plein d'artistes qui l'ont aidé à se débarrasser de sa timidité et à prendre confiance en lui.
D'ailleurs, c'est lors de sa formation qu'il découvre ses capacités et son sens artistique inné et qu'il a été encouragé à oser s'introduire dans ce monde délicat de l'art. Son ascension s'est vu freinée par le devoir de subvenir aux besoins de sa famille et s'engager dans le monde du travail. Il regrette néanmoins le fait que l'art dans «notre pays ne nourrit pas son auteur». «C'est pour cela qu'un artiste doit avoir en plus de son activité artistique une source de revenu stable pour manger son pain», dit-il.
L'engouement des associations et des collectifs de jeunes des villages pour les travaux d'embellissement et d'amélioration de leur cadre de vie sollicite l'engagement d'artistes décorateurs. C'est là une opportunité pour Mouloud de faire parler son imagination et ses mains habiles qui obéissent au rythme de son inspiration. «Je le fais gratuitement parfois, pour aider les gens qui me sollicitent», dira l'artiste. «Mais comme cela me prend beaucoup de temps et d'efforts, il n'est pas rare que les villageois me payent ne serait-ce que l'équivalent d'une journée de travail en maçonnerie dans un chantier, cela rend heureux le responsable de famille que je suis».
Mouloud compte faire le nécessaire pour obtenir sa carte de l'ONDA et reprendre son rêve là où il a été stoppé. Pour ce faire, il accepte d'être jugé sur ses ?uvres d'abord par le visiteur lambda qui traverse les villages de Semaoun.
Les conditions difficiles que lui a imposées la vie de montagnard ne lui ont pas donné l'opportunité de découvrir le monde des médias et les salles d'exposition pour s'exprimer, voire s'introduire dans le peloton local des artistes afin d'échanger
les expériences, d'apprendre, et, aussi, de raconter son histoire.
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Posté Le : 19/07/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouredine Douici
Source : www.elwatan.com