Algérie

Moudjahid à 8 ans !'



Il avait à peine 8 ans, lorsque cet enfant, fils d'un moudjahid, commençait à comprendre la cause algérienne et faisait déjà la différence entre l'armée de l'occupant et les moudjahidine de l'ALN.C'est dans la région de Aïn-Séfra, plus précisément à Moghrar-Tahtani (actuellement Kalaât-Ch-Bouamama), que cet enfant a joué le rôle d'agent de service (sentinelle, planton, messager...), lors des rassemblements des moudjahidine sous le toit de ses parents sous la conduite de son père et de ses oncles moudjahidine qui tenaient des réunions très secrètes avec les moudjahidine qui venaient des environs, notamment des djebels limitrophes (Mzi, Beni-Smir...), pour s'approvisionner et s'enquérir de l'avancement des situations de l'armée française à travers cette contrée du sud-ouest du pays. Ce dernier porte actuellement le pseudo qu'il portait durant la guerre.
II s'agit donc, du moudjahid-fils M. Daïm Mohamed, dit Abdallah, fils du défunt moudjahid Daim Hadj-Djelloul (l'un des notables des graïrs, Ath-Moghrar), qui vient de transmettre une correspondance au président de la République, et ce, en réponse à ceux qui croient que le flambeau serait éteint une fois que les moudjahidine auront disparu. «Nous sommes là, les fils des moudjahidine sont là, et il y a des petits moudjahidine et des fils de chouhada.» Alors très jeune, j'ai vite compris la cause algérienne, en voyant les Français comme des ennemis et des sanguinaires... Quand il y avait l'impossibilité de tenir une réunion, je remettais du courrier aux responsables des moudjahidine à quelques kilomètres de Moghrar, comme j'ai toujours gardé le secret des moudjahidine qui venaient se ravitailler chez nous. Et voilà, qu'un jour, je me rappelle, ma mère était enceinte et prête à accoucher (c'était en octobre 1960, selon la date de naissance de mon frère Brahim), des militaires français sont venus fouiller notre maison, ma mère les a engueulés, l'un d'eux lui dira ceci : «Tu la fermes ! sinon, je te fais accoucher avant terme.» Ces mots sont restés gravés dans ma mémoire et je devrais riposter, me suis-je dit. J'ai pensé alors aux militaires français qui venaient souvent à l'oued du village pour laver leurs camions et leurs uniformes. J'ai essayé d'organiser un groupe de jeunes en allant jouer près de ces militaires.
Nous courions dans tous les sens et, de temps à autre, je m'approchais de l'ennemi, et hop, je m'empare d'une arme d'un militaire et je m'en débarrasse dans les palmiers, sans que personne sache ; une arme que je devrais plus tard remettre aux moudjahidine, mais quelques heures après, l'alerte fut donnée, ils nous ont vite ramassés, mais après qu'ils nous eurent matraqués, l'un des jeunes a fini par cracher le morceau en leur avouant qui était derrière ce vol d'arme.
Les jeunes ont été libérés, et après que l'arme eut été récupérée, mon père fut convoqué en urgence au bataillon, et il a dû être jugé, si ce n'était son invalidité, faisant semblant qu'il ne savait rien, et qu'il n'y était pour rien. J'ai été alors libéré plus tard mais avec une mise en garde sévère adressée à mon père.» (Les jeunes témoins sont encore en vie).
B. Henine


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