MOTS POUR MAUX

Réputée pour la beauté de ses plages, de ses forêts, mais aussi pour la fertilité de ses terres, la wilaya de Mostaganem risque de perdre à jamais sa vocation agricole. En effet, une dangereuse spéculation foncière s'est abattue sur la région et une grande frénésie s'est emparée des propriétaires de terres agricoles. Beaucoup d'agriculteurs n'ont pas hésité à céder leurs terres à des intermédiaires qui, à leur tour, les proposent à la vente. Le phénomène, qui ne touchait, à son début qu'une partie infime des terrains agricoles, s'est progressivement accentué pour atteindre aujourd'hui des proportions alarmantes. Une situation qui donne froid dans le dos. Tout au long de la RN 11, où l'activité agricole y est florissante, donnent déjà un aperçu du massacre agricole que subit la région. Des superficies agricoles hautement fertiles, sont fractionnées et transformées en maisonnettes et villas. Un décor regrettable. Des constructions illicites ont pris désormais la place des exploitations agricoles productrices d'une grande variété de légumes et arboriculture. Le manque de terrains est de plus en plus ressenti. Il n'est pas impossible de voir d'ici quelque temps le peu de terres, résistant à ce phénomène tombé entre les mains des barons du foncier. Beaucoup d'agriculteurs n'ont pas hésité à ranger leurs pioches et à vendre ou louer leur terre à des prix intéressants pour changer carrément d'activité. Selon certaines indiscrétions, les transactions foncières se font par contrat de location de cinq ans, contre la somme de 100 millions de centimes par an pour un hectare. Combien sont-ils à avoir succombé à la tentation du gain facile ' Aucun recensement fiable n'est disponible pour l'heure. Il en est de même pour la superficie des terres concernées par ce business des temps modernes. En effet, qu'il s'agisse d'exploitations collectives (EAC) ou individuelles (EAI), de terrains privés ou domaniaux, le détournement des terres de leur vocation n'épargne aucun type d'activité agricole.