Algérie

Moteurs givrés



Moteurs givrés
Quatre ans après le discours du 15 avril 2011, les promesses de réformes politiques se sont estompées de la même manière que la voix présidentielle. L'Algérie réussissait à se prémunir contre les ondes suspectes du Printemps arabe, mais elle n'a pas pu réaliser son propre printemps démocratique.Aujourd'hui, le projet laborieux de révision constitutionnelle, conçue pour être le remède à tous les maux politiques du pays, suscite davantage d'inquiétudes que de garanties pour l'amorce de perspectives viables. L'opposition politique n'a même plus besoin de décrypter les intentions du pouvoir, ce sont les membres du gouvernement qui s'occupent de livrer la philosophie de la prochaine Loi fondamentale du pays.Avant d'agréer un parti politique, le ministre de l'Intérieur nous apprend que les autorités se donnent le droit et le temps d'étudier non pas le dossier, mais «le programme et l'objectif de la constitution du parti». L'examen de la conformité avec les lois étant en vigueur dans toutes les démocraties, la création d'un parti, dans une vie politique régulière, devrait rester libre, soumise à une simple procédure de déclaration.La fermeture du champ politique demeure vraisemblablement inscrite sur les tablettes du pouvoir en place. Au train où va la régression politique du pays, la perspective d'un retour à la limitation des mandats présidentiels constitue presque un événement, alors que l'alternance au pouvoir est un principe cardinal dans toute réforme politique, car le contraire s'appellerait «dictature».L'occupation du terrain par le ministre des Affaires religieuses, qui s'exprime autant ou plus que celui des Finances, suscite, du reste, quelques interrogations.Dans une vie antérieure disparue des radars, l'Algérie esquissait un débat sur la laïcité ou la séparation de l'Etat et de la religion. A présent, on prend très sérieusement note de déclarations gouvernementales annonçant l'installation prochaine d'une cinquantaine de muftis et autres instances qui diront aux Algériens ce qui est licite et ce qui ne l'est pas. Sans arriver au niveau de certains pays d'outre-mer où l'administration des cultes est incluse au ministère de l'Intérieur, il est possible de réinventer ce débat oublié sur la place de la religion. Quand la théologie, sous toutes ses facettes, est consignée dans les manuels scolaires, il est vain de proposer de surveiller le discours des imams ou de réprimer leurs envolées extrémistes.En Egypte, au lendemain d'un mauvais pas dans le Printemps arabe, c'est le ministre de l'Education qui a créé l'événement, récemment, en annonçant le retrait des programmes scolaires des cours évoquant le djihad, soulignant que leur contenu pouvait suggérer des parallèles avec l'actualité terroriste dans le monde. Dans notre pays, tous les débats cruciaux sont méthodiquement éludés par le pouvoir et, dans certains cas, par l'opposition. Le syndrome de givrage des sondes des moteurs à l'origine du crash d'avion, en juillet dernier, risque de déteindre sur tout le pays.




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