Algérie

Mostefa Ben Slimane El Ouznadji (fév 1795 - jan 1798)



Mostefa Ben Slimane El Ouznadji (fév 1795 - jan 1798)
Du nom de sa spécialité "constructeur de poudrières", était déjà d'un âge mûr quand il revêtit le kaftan de bey de l'Est. D'origine turque d'Alger, il avait déjà exercé les mêmes fonctions dans le Titteri pendant vingt ans au cours desquels il s'était distingué en diverses campagnes aussi bien contre les invasions espagnoles aux côtés du dey, que contre les insurrections locales dont celles des Flissa et des Ouled Naïl. Son expérience du commandement, sa connaissance des hommes, sa réputation de guerrier redoutable et d'homme implacable à l'égard de ses adversaires, firent qu'il s'imposa rapidement en inspirant de la crainte pour les uns, et de l'admiration pour les autres.

Il confia la charge de Khalifa à Hadj Mostefa Ingliz, celle de kaïd dar à Redouan Khodja qui l'exerçait déjà avec le précédent ; celle de bach kateb à Hadj Hameïda qui faisait partie de sa suite, celle de agha deïra à Ben Ferikhi.

Il combattit sans pitié toute velléité d'insubordination ou d'indépendance qu'elle fut d'ordre individuelle chez les janissaires ou collective chez les tribus.

Sa première sortie en campagne fut dirigée contre les Nahab Ou Akhmir de la région de La Calle et contre les Zardeza auxquels il enleva des troupeaux importants de bovins et d'ovins. Il s'attaqua ensuite aux Ouled Bou Aoun dans le Sud. Retirés dans le djebel Mestaoua ceux ci lui infligèrent de grosses pertes qui l'obligèrent à quitter la région.

Le bey opéra alors des razzias contre les Ouled Saïd dans les Aurès où il fit arrêter et mit à mort les principaux des Ouled Zerara rendus responsables du malaise local. Il en fit de même aux Ouled Moussa de la tribu des Achachs, près de Batna, auxquels il fit saisir le bétail.

Afin de contenir les populations du Sud et de s'assurer de leur bienveillance, il s'allia au cheikh el Arab Debbah en épousant sa fille Fatima (1).

(1) Après la mort de Mustafa Ouznadji, elle épousa Si Brahim Ben Djellab, de Touggourt. Ce qui valut à ce dernier l'appui de son beau père dans la guerre qu'il mena contre son frère Mohamed prétendant au commandement des Ouled Ghir.

Il s'attaqua ensuite aux turbulentes tribus montagnardes des Bibans et des Babors en y exerçant une répression des plus féroces et des plus sanguinaires. Le bey crut, en les réduisant au dénuement complet, faire peser sur leurs épaules un joug de servitude dont elles ne pourraient plus jamais se dégager ; c'était mal connaître ces populations habituées aux restrictions naturelles. Indépendantes, frondeuses, toujours prêtes au combat, aussi, dès que les troupes beycales quittèrent les lieux, elles reprirent les armes pour s'attaquer à la garnison de Zemmoura et l'obliger à restituer une partie du butin saisi.

De caractère déjà très difficile, ces campagnes pénibles où il ne connut Pas toujours le succès le rendirent plus sombre, plus sanguinaire vis à vis de ses adversaires, et inabordable pour ses propres amis. La terreur qu'il inspirait le faisait craindre de tous, même si certains de ses collaborateurs et amis voyaient en sa poigne de fer le seul moyen d'imposer la discipline et la paix.

Il poursuivit donc son gouvernement avec la même rigueur, la même tyrannie jusqu'au moment où des événements importants survenus dans sa province, précipitèrent sa chute.

Lorsque Hassan Pacha rompit ses relations avec la France et qu'il ne voulut plus, livrer le blé prévu au traité qu'il avait signé avec le Directoire en 1794 pour une valeur de cinq millions de francs, El Ouznadji Bey avait interdit à ses représentants qu'on appelait "les mercantis" tout trafic avec la "Compagnie d'Afrique" établie à El Koll. Mais dès que les négociations entre les deux puissances aboutirent à un arrangement, le blocus avait été levé et le consul de France avait fait reprendre les expéditions de cargaisons de blé vers la France.

Quand une nouvelle crise éclata, peu à près entre les deux puissances, El Ouznadji, croyant répondre aux voeux de son maître, prit l'initiative d'arrêter le trafic, obligeant les Etablissements de La Calle à fermer leurs portes. Considérant cette mesure comme une violation aux accords précédents, le consul de France Jean Bon Saint André qui venait de succéder à Vallière s'en plaignit vivement à Hassan Pacha à la suite de la même démarche de l'ambassadeur de France auprès de la Porte.

El Ouznadji reçut d'abord de vives remontrances de la part du pacha, puis sur recommandations du premier vizir, il fut arrêté le 25 décembre 1797. Après Un séjour de trois jours en prison, il fut étranglé comme de coutume par les chaouchs.

Il fut remplacé par Hadj Mostefa Ben Hosseïn dit Ingliz.


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